29 mars 2019

Les extraordinaires et fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé, tome 1 - Rue farfadet




Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères, des maris jaloux, des épouses trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux... Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames...
Jusqu'au jour où lors d'un banale enquête de routine il se trouve mêlé à une machination dépassant l'entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l'affaire par l'un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ?



Pourquoi ce livre ? Parce que je l’avais repéré dès sa sortie, sa couverture m’a tout de suite fait deviner une ambiance steampunk et c’est un de mes genres préférés, ces derniers temps - même si je me suis rendu compte, après coup, qu'on n'était pas dans ce genre-là finalement. J’ai tardé à l’acheter, il a traîné longtemps dans ma PAL, mais il apparaît enfin sur le blog !

Rue farfadet relate l’histoire cocasse d’un détective privé, Sylvo Sylvain, pas comme les autres. Bordélique, soiffard, il tombe malheureusement dans la détresse et l’affliction le soir venu, alors que la nappe de ténèbres invite la danse de souvenirs peu agréables.
Le détective suit les pas d’un nain infidèle. Payée par une femme blessée dans son orgueil, il est engagé pour apporter la preuve de l’adultère… et se trouvera au mauvais endroit au mauvais moment, quand un sylphe explose dans l’auberge où il espionne.
De là, l’intrigue peine à décoller, mais pour une bonne raison. L’auteur, patient, présente son univers, ses personnages, avec une lenteur exaspérante mais qui permet néanmoins de se situer aisément. Cette présentation offre également l’occasion de pimenter le récit avec des rebondissements alléchants sur la fin. Car, je vous rassure, l’intrigue ne se borne pas à une vulgaire histoire de ménages mais va gagner une ampleur phénoménale dans les cents dernières pages - pour un livre qui en compte près de trois cents.
Si un des rebondissements finaux ne m’a guère convaincue, prévisible qu’il était, j’avoue avoir aimé le rythme qui s’intensifie au rythme des quelques révélations. A l’image de Pixel on ne percute pas de suite l’urgence de la situation l’implicite dans certains propos. Toutefois, une fois le mystère décanté, on n’a plus qu’à rester scotché.

J’ai beaucoup aimé que l’univers soit la Terre revisitée. J’entends par là que nous retrouvons de rues, des lieux, des bâtiments célèbres de notre Paris. Toutefois les noms évoluent afin de les détourner, les harmoniser avec l’univers dans lequel grouillent des créatures de toutes sortes. Certaines nouvelles appellations prêtent à sourire et on s’amuse à deviner quel monument se cache derrière un nom.

J’ai parlé de créatures, j’ai été surprise de découvrir des orcs, des trolls, des gobelins. La surprise fut d'autant plus belle que les créatures n’ont pas forcément un tempérament de truands, brigands, méchants. Ils sont commerçants et autres métiers de roturiers, c’est donc plaisant de découvrir que l’auteur a fait fi des conventions en montrant ses races sous un angle nouveau.

En dernier bon procédé que j’ai apprécié figure l’usage des articles de journaux. La perception de l’intrigue a lieu au travers de Sylvo. Quand celui-ci est coincé et qu’il donne le relais à Pixel, son associé miniature, le détective n’est pas là et ne peut donc témoigner des faits. L’auteur use alors d’articles de journaux pour donner la parole à Pixel et raconter le déroulement des choses. C’est un processus novateur, qui apporte un plus dans l’immersion.

Les personnages sont poignants. Les principaux, Sylvo l’elfe et Pixel le lutin, ont tous deux vécu des revirements de statut catastrophique et ont appris à vivre avec, malgré les remords et les souvenirs. Pourtant, s’il leur arrive de se plaindre, ils ne tombent pour autant jamais dans le pathos, permettant ainsi de les apprécier à leur juste valeur.
Je n’ai pas aimé, en revanche, le personnage d’Éléonore, qui en fait toujours trop dans l’expression de son amour pour l’elfe détective. Je trouvais que ça sonnait faux, surtout sans jamais l’avoir connu auparavant… Les coups de foudre existent, mais dans une telle intrigue, on y croit moyen… C’est donc dommage car elle a ajouté de la facilité à cette intrigue, qui n’est déjà pas bien complexe.
Les autres personnage sont multitudes, j’ai parfois rencontré des difficultés à les situer, notamment quand on les croise une fois et qu’ils sont nommés par la suite. Mais pas de panique, cela m’est arrivé que rarement au cours de ma lecture.

Le style de l’auteur est assez agréable. Vif et vivant, Sylvo se confie à nous comme si nous étions amis de longue date - et pour un elfe, c’est quelque chose ! La plume se lit donc toute seule et m’a entraîné du début à la fin sans aucune difficulté.



Voilà un premier tome délicieux par certains aspects, mauvais surprise par d’autres. Les personnages sont forts et attachants, ils expriment leurs émotions sans barrière, de sorte à les rendre vivants. D’autant plus vivants que l’auteur déroule son intrigue à travers la parole de Sylvo, ce qui permet de se familiariser plus souvent à lui. C’est dans l’intrigue que ça pêche, pour moi il y a un déséquilibre entre la langueur du début et le rythme cravaché de la fin… Une lecture sympathique qui a le don de détendre et de ne penser à rien, mais j’espère une amélioration par la suite.



15/20




Les autres titres de la saga :
1. Rue farfadet
2. Avant le déluge
3. Confessions d'un elfe fumeur de lotus
4. De bois et de ruines
- saga terminée -


2 commentaires:

  1. J'avais adoré cette série !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. j'espère que les prochains tomes seront constants dans la qualité ! Mais oui, le premier tome annonce de belles couleurs =)

      Supprimer