6 mars 2019

Les Chemins de poussière, tome 2 - Sombre Éden




Elle est appelée l'Ange de la Mort. Elle a renversé un tyran sanguinaire, mais la victoire a un prix. Hantée par les fantômes du passé, poursuivie par ceux qui ont juré sa perte, Saba a besoin de Jack, son amour perdu.



Pourquoi ce livre ? Je garde un assez bon souvenir du premier tome (je fus très surprise de voir que je ne lui avais mis finalement que 12 !), qui traite des inégalités sociales et des problèmes climatiques de façon brillantes, même si c’est en tâche de fond de l’intrigue, tout en gardant ce ton jeunesse mature plaisant. Et puis le nom de l’auteur arrange bien pour caser un petit Y dans l’ABC Imaginaire 2019. Oui, cet argument se vaut à lui seul !

Ce second tome est dans la droite lignée de son prédécesseur. Saba est entouré de son frère Lugh, de sa sœur de cœur Emmi et du rescapé Tommo. Le début est une remise en contexte parfaite, où chaque élément du premier volume revient avec une facilité appréciable. On redécouvre les aspérités de l’univers, la dureté de la loi du plus fort, ça nous révulse et nous fait réagir. On peut y aller, on est bien dedans !
Le début est très porté sur la psychologie. Séparée de Jack, Saba ne sait pas quoi faire, pensant régulièrement à lui. Elle sait qu’elle doit se battre pour ceux qui comptent sur elle, mais elle se sent si faible loin de celui qui réchauffe son sang. Ce début est long, il n’y a que peu d’action, si ce n’est se qui déroule en parallèle de Saba. Car on voit également ce que fait Jack le temps d’une ou deux parties, qu’on comprenne le revirement de situation. Molly, la jolie tenancière qui apprend la mort de son fiancé Ike, est violée et emportée par les Tontons, le nouveau fléau sur les terres du Nouvel Eden. Jack, lui, est embrigadé dans ce nouveau mouvement, trahissant de fait son amour pour Saba, trahissant le respect de Maev des Aigles Libres, que Jack attaquera.
De l’action, on en découvre dans ce livre. Toutefois, elle se délecte davantage dans les paroles de rapporteurs que dans la narration réelle. C’est assez perturbant car on avance bel et bien dans cet univers hostile, même si finalement peu de choses ont réellement lieu au présent.
Ce n’est qu’à la toute fin que les choses se décantent, quand Saba croit avoir décrypté le message laissé par son amant à Maev. Les choses basculent, les tension enflent et explosent. La dernière partie libère ce flot de rage et de colère, c’est libérateur tant pour les personnages que pour le lecteur.

J’avoue avoir été déçue par le triangle amoureux qui se profile ici. J’admets que Saba peut désirer une vengeance personnelle en apprenant la trahison de Jack à son égard. J’admets que dans une faiblesse de cœur, elle ait besoin de réconfort - et son frère n’est pas forcément là pour lui prodiguer son soutien. Le personnage avec qui elle commet cet impair m’agace tout autant. Enfin, je l’apprécie par certains aspects, notamment sa douceur. Mais il fait également froid dans le dos, quand on apprend ce qu’il divulgue à sa nouvelle amante… Bref, je sais que la saga date de quelques années maintenant, que c’était la période des grandes histoires d’amour en jeunesse, mais j’aurai aimé davantage de “sérieux” dans ce récit psychologique.

Les personnages sont fidèles à eux mêmes. Saba et Lugh sont sous tension tout au long de la lecture. Par jalousie ou par crainte de voir sa sœur souffrir, ce dernier ne cautionne pas les actes de Saba. Cela génère des problèmes qui engendrent des conséquences désastreuses. Je vous avoue que ses piques ont gagné ma lassitude, j’avais hâte que ça se termine. Autrement Emmi est toujours aussi mignonne. Malgré son âge, elle fait preuve d’un certain courage, même si ça ressemble davantage à de la hardiesse infantile, autrement dit de l’inconscience, que d’une véritable noblesse. Quant à Tommo, ce personnage est d’une complexité sans fin. En effet, il est sourd, parle par conséquent d’une étrange manière, ce qui soulève des difficultés pour se cacher par exemple. Ses réactions sont troublantes, pour bon nombre de personnages, pour nous également. Je pense l’avoir mieux apprécié que dans le premier tome. Et la toute fin promet de grands revirements à son sujet.

La plume est toujours aussi perturbante. J’avais complètement oublié sa dureté, sa sécheresse, à l”image de l’univers. Elle rend parfaitement compte de l’hostilité des décors, des personnages. Mais la mise en forme est particulièrement âpre à parcourir, certains dialogues ne sont soulignés par aucune marque typographique (guillemets chevrons ou tirets cadratins), j’ai parfois compris que c’était un dialogue après la lecture de la phrase, ce que je trouve dommage. Mais, comme je l’ai dit, c’est si harmonieux avec le reste que je ne peux pas critiquer en mal ce choix.



Si je n’y croyais pas, ce second tome a finalement réussi à faire mieux que le premier. Les personnages sont approfondis, font preuve d’une personnalité propre, d’envies et de regrets. Les différends entre Saba et Lugh m’ont fatiguée, je trouvais que c’était un surplus inutile. Il en va de même pour le triangle amoureux, qui pour moi n’a jamais concordé au caractère de l’héroïne. En dehors de ça, j’ai apprécié le rythme et la fin, qui dévoile déjà un gros plan de l’intrigue du tome final.



14/20




Les autres titres de la saga :
1. Saba, Ange de la mort
2. Sombre Éden
3. Étoile rebelle
- saga terminée -


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