29 juin 2020

Les Chevaliers du Tintamarre




Silas, Morue et Rossignol rêvent d’aventures et de grands faits d’armes tout en vidant chope de bière sur chope de bière à la taverne du Grand Tintamarre, qu’ils peuvent à peine se payer.

Lorsque la fantasque et très inégalitaire cité de Morguepierre, entassée sur les pentes d’un volcan, devient le théâtre d’enlèvements de jeunes orphelines et voit des marie-morganes s’échouer sur ses plages, les trois compères se retrouvent adoubés par un vieux baron défroqué et chargés de mener l’enquête. Les voilà lancés sur les traces d’un étrange spadassinge, d’un nain bossu et d’un terrible gargueulard, bien décidés à leur mettre des bâtons dans les roues… et des pains dans la tronche.



Pourquoi ce livre ? Attirée par la couverture, ce sont surtout les supers bons échos et l’aval de mon libraire préféré qui m’ont fait acheter ce livre. Moins d’un mois plus tard, il était lu - je ne sais pas ce qui m’arrive en ce moment, mais les dernières entrées en PAL ne sont pas prévues pour rester longtemps !

Les Chevaliers du Tintamarre porte en partie bien son titre. En partie seulement, car le trio d’adoubés est vraiment trop rocambolesque, loufoque, totalement ridicule et superbement débile pour accepter leur statut de chevaliers. En revanche, qu’ils soient liés au Tintamarre est évident, pour tout le bruit et les paroles dans le vide qu’ils profèrent. Ne pensez pas que je me suis gaussée d’eux avec un plaisir non dissimulée… Enfin, si, pensez-le, car j’ai franchement joui de toute cette merdaille. Les événements s’enchaînent bien et on sourit, rit souvent devant la bêtise des personnages principaux et des gens qu’ils sont amenés à rencontrer, surpris ou attendris devant tant de stupidité. Je me suis sentie dans la peau de ces personnages secondaires, à rire du trio et à m’attacher à eux, au point de serrer les fesses à un ou deux moments.
Si tout se passe dans une ambiance loufoque, l’intrigue est tout de même ficelée. Deux enquêtes se forment, l’une sur des femmes enlevées, l’autre sur les marie-morgane qui viennent s’échouer sur la plage. J’ai été surprise par la résolution de l’enquête et la manière dont tout se résolve, c’était hautement improbable tout en restant dans la cohérence.

Petit livre de moins de trois cent pages à la mise en page aérée et soignée, il se lit parfaitement bien, porté que nous sommes par les personnages au charisme d’une crevette mais tellement charmants et à cette intrigue légère mais non pas moins crédible.

La plume y est pour quelque chose également, avec cette gouaille qui colle si bien aux personnages principaux. Dans le vulgaire sans tomber dans l’obscène, Raphaël Bardas offre le parfait équilibre entre le burlesque et le sérieux de l’enquête. Je me suis régalée de de ce style et j’en aurai bien repris une lampée, tellement ce fut un moment de détente parfait.

Le point fort du récit est bien entendu les personnages principaux. Rossignol, Morue, Silas, tant de noms qui correspondent parfaitement à leur caractère physique ou à leurs aptitudes. Si Morue m’a fait rire plus que les autres pour ses expressions, faciles à visualiser, et sa manière de s’exprimer, je n’ai ressenti aucune préférence pour l’un des trois, ces derniers se complétant par l’intelligence, la force, le raisonnement. Enfin, ils jouent de pas mal de chance également, mais c’est ce qui donne le rythme à l’enquête tout en les rendant attachants à souhait.
J’ai eu quelques surprises pour d’autres personnages comme Alessa, Rodrigue ou Johan - je me suis rendue compte que je m’étais attachée à sa gueulardise quand il était trop tard !

Je terminerai en disant que ce récit se prête tout à fait à une adaptation théâtrale. En effet, il y a beaucoup de dialogues, quelques descriptions, pas mal d’actions et de rebondissements du rythme et quatre parties. Et puis les protagonistes ont des expressions tellement appuyés que limite ce sont des didascalies pour de futurs acteurs. Je m’emballe sûrement - tristement - mais ce serait tellement drôle de voir un jour cette histoire adaptée, au grand écran ou sur les planches (un peu à la manière d’un Kaamelott, si j’ose dire).



Ce roman est la preuve incarnée que le loufoque, la drôlerie peut fonctionner parfaitement avec la crédibilité d’une enquête policière. La fantasy est discrète et s’inscrit uniquement dans les créatures qui peuplent la ville (ogres, trolls, lutins, alfes et j’en passe). Un bon univers, une intrigue fracassante et des personnages attachants par leur bêtise, c’est surtout pour eux que je me souviendrai de ce livre. Je le relirai avec plaisir, et j’ai maintenant hâte d’avoir d’autres histoires de cet auteur à me mettre sous la dent !



17/20





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire