À l’occasion des vingt ans de Lilja’s Library, l’un des sites de référence sur l’œuvre de Stephen King, son responsable, Hans-Åke Lilja, a fait appel à la fine fleur de la littérature fantastique mondiale pour composer cette anthologie. Du King lui-même – avec un texte inédit en français – à Jack Ketchum, en passant par Clive Barker, John Ajvide Lindqvist ou Ramsey Campbell, vous trouverez dans ces pages de quoi alimenter quelques belles nuits cauchemardesques…
Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !
Pourquoi ce livre ? Cela fait déjà quelques années que je me suis lancée dans la découverte des recueils de nouvelles, le plus souvent sur un collectif d'auteurs autour d'un thème et non pas autour d'un auteur. Alors quand il s'agit de Stephen King, c'est compliqué de résister, même si l'horreur ne m'attire pas au premier regard.
Comme l'indique la quatrième de couverture, c'est à l'occasion des vingt ans du site Lilja's Library que s'est construit ce recueil. Le site répertorie, assez modestement selon son créateur, l'actualité autour de Stephen King. De fait, quoi de mieux pour l'honorer que de laisser l'auteur ouvrir le bal de ce recueil ?
Le Compresseur bleu est loin d'être horrifique, du moins de l'horreur comme on l'entend aujourd'hui, avec son lot de jump scare et une ambiance pesante et glauque. L'horreur réside avant tout dans la description d'un personnage et sa fin. Cette œuvre ne me marquera probablement pas dans la durée mais je reconnais avoir apprécié les trois niveaux de lecture, entre auteur, narrateur et nouvelle mise en abime. (12/20)
Le Réseau de Jack Ketchum et P. D. Cacek m'a plus ou moins laissée de marbre. Oui, j'ai ressenti un certain malaise à découvrir cette relation virtuelle prendre un envol un peu trop empressé, en l'espace de quelques jours. On devine la jeunesse de l'un, la faiblesse psychologique de l'autre trop aisément, si bien que la fin n'apporte aucune véritable surprise. La nouvelle manque également d'originalité, traitant d'un sujet d'actualité sans le renouveler. Je ressors donc déçue. (12/20)
J'ai beaucoup aimé Le Roman de l'Holocauste de Stewart O'Nan pour ce qu'il est : un accès à la popularité d'un auteur pour un roman qui embellit une vérité violente. L'auteur reste anonyme tout du long, on comprend seulement qu'il a participé à cet tristesse historique et qu'il souffre de ce décalage entre la vie pimpante et rythmée du succès et de sa monotonie quotidienne dans son foyer britannique. Et contre toute attente, il préfère le second. J'ai grandement apprécié le traitement du sujet, même si je considère que l'auteur aurait pu creuser davantage l'écart entre les deux "mondes". (15/20)
J'ai adoré la nouvelle de Bev Vincent. Aeliana est une ode à la félinité, féminité, maternité. Je m'attendais sincèrement à de l'horreur étant donné la nature de cette "fillette" et j'ai assisté à la naissance d'une relation entre deux femmes que tout oppose. La fin est très dure, j'ai senti mon attachement pour chacune des deux. Une belle histoire qui mériterait plus de développement. (17/20)
J'ai souvent entendu parler de Clive Barker comme un bon auteur de fantastique et horreur mais je n'ai jamais eu l'occasion de m'y frotter auparavant. C'est maintenant chose faite avec Charabia et Theresa, un duo aussi surprenant qu'attachant. Surprenant pour ce qu'ils étaient, attachant pour ce qu'ils deviennent. Là encore, l'horreur réside davantage dans les actes du personnage principal, Raymond, que dans l'ambiance sordide. J'ai ressenti un certain malaise, toutefois je suis ressortie satisfaite de ce que Dieu choisit de reconnaître son erreur plutôt que de canoniser un tel mortel. En plus de ça, le duo éponyme offre un parfait équilibre entre Bien et Mal. Une bonne surprise, qui me donne envie d'explorer la bibliographie de l'auteur. (17/20)
La fin de toutes choses de Brian Keene est une nouvelle très touchante, déprimante aussi. Quand un homme perd son enfant, puis sa femme, et qu'il est coincé entre les fantômes et les souvenirs, on entre dans un carcan vicieux, où l'homme envisage toutes les façons de mourir possibles sans en venir au suicide. C'est sombre sans être glauque. J'ai beaucoup aimé en tout cas, cette thématique très forte pour un parent est bien traitée - si je puis dire. (15/20)
La Danse du cimetière de Richard Chizmar m'a laissé totalement de marbre. Oui, j'ai compris tout ce qu'impliquaient les paroles d'Elliott, le protagoniste, mais c'est trop court malheureusement pour ressentir un quelconque sentiment, en bien ou en mal. Même son dernier geste ne m'a pas convaincue… Je reconnais simplement que c'est bien décrit. (08/20)
Moi qui m'attendais à de l'horreur dans ce recueil, j'ai été servie avec L'Attraction des Flammes de Kevin Quigley. Pour le coup, j'y ai vu une grosse référence à Ça de Stephen King, avec cette ambiance dans la maison hantée d'une fête foraine. Un peu déçue que l'horreur repose uniquement sur ces papillons, c'est plus que suffisant pour donner cette sensation de suffoquer. Un peu long en termes de pages, ça s'essouffle vers la fin mais celle-ci rehausse le niveau d'horreur, d'une toute autre manière. Plutôt une bonne découverte. (14/20)
Le Compagnon de Ramsey Campbell m'a laissée totalement indifférente du fait que ça se passe dans le même endroit que la précédente, à savoir une maison fantôme d'une fête foraine. En dehors de la fin, qui m'a mise mal à l'aise, je suis restée totalement externe à cette histoire… (09/20)
J'ai beaucoup aimé Le Cœur révélateur d'Edgar Allan Poe sans savoir pourquoi, d'autant plus que je n'ai pas le sentiment de l'avoir comprise. Le personnage est-il fou ou non ? Son comportement me fait dire que non mais son élocution sur la fin tendrait à prouver le contraire. Bref, j'aime toujours autant cet auteur ! (15/20)
L'Amour d'une mère de Brian James Freeman interroge ce qu'on est soi-même capable de faire pour l'amour de la génitrice. Extrêmement malaisant mais bien écrit ! (14/20)
Pour finir sur une excellente note, Le Manuel du Gardien de John Ajvide Lindqvist est parfait. J’ai adoré le développement, j’ai adoré les personnages, leur relation, ce que cela coûte. Hommage à Stephen King mais aussi à H. P. Lovecraft, l’horreur est glaçante. Mieux encore, l’intrigue évolue parfaitement, nous plongeant dans une ambiance des plus noires. Et la fin clôt parfaitement la nouvelle, avec un revirement inattendu et une belle leçon en guise de point définitif. Bref, j’ai eu un coup de cœur pour cette nouvelle ! (20/20)
Et si vous voulez aller plus loin dans la réflexion de chaque nouvelle, avec l’objectif de l’auteur, le recueil s’arme d’une postface avec une double page dédiée à chaque auteur et son œuvre. C’est un concept intelligent pour approfondir la lecture !
Des nouvelles inégales, comme souvent dans un recueil, pourtant je garderai en mémoire la plupart d’entre elles pour le malaise occasionné ou l’horreur glaçante. D’ailleurs, je ressors satisfaite de constater que les auteurs ont rendu à Stephen King sans tomber obligatoirement dans l’horreur, restant souvent sur le thème du fantastique. Bref, un bon divertissement si vous êtes en quête de frissons.
14/20
Merci beaucoup pour vos commentaires. Je suis ravi d'apprendre que vous avez apprécié Aeliana. Plusieurs personnes ont suggéré qu'il devrait être étendu à un travail plus long. Je ferai peut-être ça un jour.
RépondreSupprimerEh bien je rejoins les autres personnes et je me ferai un plaisir de découvrir un univers plus étendu ! :)
SupprimerToutes ne m'ont pas plu d'égale manière mais je garde un sentiment très positif de ce recueil !
RépondreSupprimerCe sera la même chose pour moi ;)
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