Irmine et Helbrand, deux
frères assassins descendant d'un ancien peuple guerrier, vivent dans les ombres
de la plus grande cité du royaume de Palerkan. Alors qu'ils se croient à l'abri
des persécutions dont ont souffert leurs ancêtres, leur passé sanglant les
rattrape, sous les traits d'un borgne qui semble nourrir pour eux de sombres
projets. Et tandis que la guerre menace d'embraser le monde, que les puissants
tissent de noires alliances, ils vont devoir choisir un camp. Leur martyre ne
fait que commencer...
A force d’en parler avec ma copinaute
livradictienne Thinkandsay, l’idée d’une lecture commune à germer et elle a
accepté, pour notre plus grand plaisir ! Restreintes à deux chapitres par
jour, nous avons eu la chance de savourer notre lecture. Sauf peut-être à la
fin, où c’était juste insoutenable d’attendre. Mais je vais vous conter
tout cela plus en détails !
Le
premier chapitre commence en suscitant pas mal de questions. Nous découvrons un
des personnages principaux, Irmine, en mission qui n’aura aucun lien avec la
suite des événements. Mais cela permet une entrée fracassante dans l’univers de
Martyrs avec la description des décors (qu’on aura sur une grosse partie du
livre) ou encore des Arsekers, ces assassins dotés de longue vie. Dés ces
premières pages, on se demande dans quel foutoir (on sent que ça va en être un)
ce personnage va être projeté, d’autant plus qu’Irmine rencontre un fantôme lui
ressemblant, ce qui le plonge dans une sourde inquiétude.
Le
début est toutefois complexe à appréhender pour quelqu’un qui n’est pas initié
à la Fantasy. En effet, chaque chapitre nous présente nouveaux personnages
évoluant dans des lieux et milieux différents et certains peuvent être perdus
lors de cette lecture (ce qui ne fut pas mon cas).
L’intrigue
est longue à venir, il faut le reconnaître. L’auteur avance lentement mais
sûrement ses pions, permettant ainsi au lecteur de prendre le temps de
s’attacher aux personnages, de prendre le ton et la couleur de chacun et de se
familiariser avec la géographie complexe et l’ambiance des différents lieux.
Progressivement,
l’action intervient, semant le doute dans les esprits, prémices d’un complot
que le début ne laissait pas présager. L’intrigue se fait alors plus intense,
il devient difficile de lâcher le livre tellement que les rebondissements
s’entremêlent et que les personnages sont plongés dans des émotions fortes.
Amour, colère, trahison, à la cour rien n’est laissé au hasard ou délaissé.
Je
ne vous parle même pas de la fin, qui est tout simplement génial. Comme je le
disais en introduction, il est impossible de lâcher devant cet enchaînement…
que dis-je, ce déchaînement des différentes forces de frappes. On craint, on
crie, on pleure, mais il est impossible de rester indifférent devant une telle
chute !
Comme
dans tout roman de Fantasy qui se respecte, les personnages foisonnent. Ce que
j’ai adoré parmi les personnages qui nous sont présentés, c’est qu’aucun d’eux
n’a une conscience immaculée ou au contraire trop sombre. Ils ont tous une
ambiguïté entre le bien et le mal, et cet concerne même les chefs des deux
grands parties adverses. C’est vraiment le signe d’une grande Fantasy car
Olivier Peru a réellement su faire la part des choses dans les personnalités et
c’est vraiment un délice à découvrir.
Comme
je le disais, on découvre en premier lieu, cadet d’une famille d’Arseker.
Renfrogné et taciturne, c’est probablement le personnage qui évoluera le plus
dans cette histoire, en raison d’une rencontre bouleversante. Lui qui semblait
éloigné de tout au début de ce tome, le voilà impliqué, prêt à en découvre
contre les ennemis de la couronne.
A
ses côtés veille Helbrand. Plus ouvert à la discussion que son frère, il se
caractère par une bonne mine qui fait craquer les femmes et séduise même les
hommes. En tant qu’aîné de la famille Lancefall, Helbrand se sent responsable
d’Irmine, ce qui le rend dangereux. Surpris par les changements que subit son
cadet, il fera néanmoins tout pour que son bonheur perdure et… je vous laisse
découvrir la fin, niark niark ! Je peux néanmoins vous dire que sa
complexité et les péripéties qu’il rencontrera feront de lui, et très
rapidement, mon personnage préféré.
Le
roi Karmalys a tout de la figure ambivalente. Perçu comme un roi tyrannique,
les moments d’intimité auxquels le lecteur sera témoin le tourneront sous un
nouveau jour, avec cette simple volonté de préserver son peuple des affres de
la guerre comme tout bon roi, chef d’état, etc, devrait le faire. Décrit comme
un monstre, les péripéties ne vont pas seulement toucher son royaume, elles
vont également le changer de l’intérieur.
Tout
comme pour la famille Lancefall, ce roi est veillé par sa sœur Akinessa
surnommée la Main Douce. En effet, elle a renié sa vie de princesse, et par
conséquent le mariage qui aurait du être sien, pour rester aux côtés de son
frère. Même auprès du peuple, elle est appréciée grâce aux nombreux
déplacements qu’elle fait pour aller à leur rencontre et les aider.
Auprès
des autres personnages qui nous apparaissant comme des gentils se placent
Kassis, une princesse enfermée par un traité qui l’empêche de quitter les murs
de son château et qui rêve par conséquent de liberté, et l’Intendant Guyarson
du même château, qui veille sur les affaires d’Alerssen, la dernière cité libre
du royaume. Tous deux font preuve de bonté et de gentillesse à l’égard des
autres et c’est sans conteste les personnages qui font le plus preuve
d’altruisme.
Je
ne peux pas dire que le personne que je vais évoquer estle
« méchant » de l’histoire puisqu’ils ont tous leur part noir mais
c’est tout de même par sa faute qu’est lancé la guerre donc on peut quand même
le considérer un tantinet comme tel. Je parle bien sûr de Cavall, ce paysan
surnommé l’Ogre de l’Ouest, venu obtenir vengeance et réparation pour la mort
de sa première épouse, celle-ci ayant succombé suite à de multiples blessures
et viols des soldats du Palerkan. On met du temps à comprendre la raison de sa
déclaration de guerre, si bien qu’on l’accepte vraiment comme un ennemi, mais
la raison, noble et courageuse, le place finalement comme un homme à part
entière, qui sait aimer et défendre ce qui lui est ou fut cher.
Peut-on vraiment alors dire qu’il est
un serviteur du mal ? Quand je vous disais que les personnages étaient
tous ambivalents…
La
plume d’Olivier Peru est magnifique. Forte, intransigeante, poétique, j’avais
l’impression de suivre l’histoire d’un barde échoué là par hasard. Expérience
étrange et surtout marquante que je ne regrette pas d‘avoir fait !
En conclusion, une très belle
découverte que j’ai trop tardé à sortir de ma PAL ! Olivier Péru nous
plonge dans une aventure lente et enivrante où les personnages ont tous une
personnalité qui leur est propre, dotée chacune d’une part d’ombre. L’intrigue
en elle-même, légèrement longue à venir, se prête à merveille aux complots et
rebondissements de dernière minute. La fin est tout simplement horrible,
sadique, magique. Un indéniable coup de cœur que je recommande à tous les
amoureux de la Fantasy.
Encore merci à
Thinkandsay qui a accepté de vivre l’aventure avec moi ! =)
Quelle merveilleuse chronique !!
RépondreSupprimerCe roman figure parmi mes gros gros coups de cœur, tout confondu. Les décors, la plume, les personnages, tout m'a emportée au delà de mes attentes ♥ Et comme toi, je trouve en les personnages une telle profondeur, un tel équilibre entre bien et mal, que ça rend le récit et les interactions encore plus passionnante. Il est presque impossible de discerner "un méchant", ni même un "gentil".
Merci :$
SupprimerContente de voir que tu penses comme moi :) Et comme toi, c'est l'impossibilité de discerner un "ennemi sous tous les angles" qui m'a le plus plu =)
Tout au long de ma lecture, je trouvais un peu conventionnel cet univers qu'on voit très/trop souvent et même en ayant vu venir la fin, je dois dire que ce roman se tient très bien.
RépondreSupprimerC'est drôle car finalement le début de ton commentaire donne la sensation de ne pas aimer plus que cela, mais ta conclusion donne plutôt de l'espoir ;-) Croisons les doigts que le troisième tome sorte un jour !
SupprimerJe crois que ce que j'attends le plus de mes lectures, c'est de me surprendre. Je suis pas un expert du genre mais je vois toujours des histoires de rois, de châteaux, de trahison, souvent avec des cartes/map et des luttes de pouvoir, et je ne peux m'empêcher de trouver ça tellement commun. Avec Peru, c'est commun si ce n'est ses personnages plus ambigüe que la moyenne et cet ajout de la notion temporelle. Du coups, c'est très positif.
SupprimerJe comprends ce que tu veux dire. Dans un sens, j'étais tellement embarquée avec ses personnages et ce qu'ils vivent que j'ai occulté le reste, parce que ça me suffisait.
SupprimerDans la Fantasy qui change, y'a la série des Salauds gentilshommes, une bande de jeunes voleurs. C'est rythmé et tendu, et on sort du cadre des châteaux et quête d'identité, bref les topoï de la fantasy en général.
Je vais me noter la saga de Scott Lynch dont tu parles. Histoire de voir ce que ça donne.
SupprimerJ'espère qu'elle te plaira autant qu'à moi ;)
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