Les Chemins de poussière, tome 3 - Étoile rebelle

Saba a pris la tête d'une guérilla pour vaincre DeMalo au projet délirant, le Nouvel Eden. Il veut créer un monde pur, réservé aux jeunes et aux bien-portants. Infiltré dans la garde du tyran, Jack la renseigne secrètement. Mais le combat est inégal, met en danger ceux que Saba aime. C'est alors que DeMalo lui propose un marché...

Pourquoi ce livre ? Tout a commencé grâce à l’ABC Imaginaire 2018. J’avais besoin d’un nom d’auteur commençant par un Y. Eh oui, raison assez futile... Trois ans plus tard, j’ai eu le plaisir d’achever cette saga qui, selon moi, n’a fait que s’améliorer.

Étoiles rebelles reprend évidemment là où on a laissé. Les personnages sont dans une position vulnérable. Si peu nombreux, ils ont bien du mal à tenir tête à DeMalo, l’ennemi qui se désigne comme une sorte de prophète, celui qui conduira les survivants - les plus forts - vers une terre verte. Position vulnérable donc, rendue plus fragile encore avec une protagoniste, l’Ange de la Mort, fragile sur le plan psychologique. Cela entraîne des fissures dans un groupe pourtant soudé jusqu’à maintenant, à un point où on se demande qui va tuer qui.

Je dois dire que je me suis fait proprement balader dans ce dernier opus. Je ne savais pas du tout où nous emmenait l’autrice, si bien que chaque péripétie, chaque rebondissement fut une surprise en soi. De plus, Moira Young parvient à immiscer le doute dans nos esprits au même titre que celui que de son héroïne, Saba. Eh oui, même un tyran qui sait manier les mots peut se faire passer pour le plus humble des héros et des sauveurs. Les mots choisis avec soin donnaient simplement envie d’écouter et de suivre l’ennemi, ce qui permet de se mettre aisément dans la peau de Saba. Il faut dire que les promesses de DeMalo résonnaient de conviction et semblaient ainsi sincère, dommage que sa volonté de marier de force Saba gâche la nuance du personnage, qui aurait permis un renouvellement total du profil.

La fin manque peut-être d’explosion, cependant la surprise et les adieux déchirants permettent aisément de rattraper le coche. De plus, en dehors de ce final, la violence est omniprésente, que ce soit envers les Tontons, le gang ennemi si je puis dire, ou au sein de la bande de révoltés. Et puis j’ai trouvé que le choix de résolution sonnait bien et était originale, contrairement aux autres dystopie young adult.

Les personnages sont également très complexes. En accord avec l’univers, leur tempérament bouillonne et fait preuve d’’impulsivités, partout, tout le temps. Cela les rend bien entendu imprévisibles, ce qui pimente l’intrigue puisque l’on ne sait jamais dans quoi on met les pieds, comment on va se sortir d’une telle situation.

Ce que j’ai aimé par-dessus tout dans cette saga (même s’il me semble que cela m’avait gêné dans le premier tome), c’est que la forme donne de la puissance au contenu.Dialogue, pensée ou simple narration, aucun signe typographique (comme un tiret cadratin, des guillemets ou l’usage de l’italique) ne trahit ce qu’on lit. Il devient alors difficile de discerner ce qu’on lit dans de chaos ambiant, on sent qu’il n’y a plus aucun repère dans ce monde par rapport à ce que nous avons façonné, normé, et je trouve cette idée grandiose.

Je ne m’attendais pas à cela. Je pensais lire quelque chose de très commun et de parfaitement barbant. Il faut savoir reconnaître ses torts. Malgré un début de saga assez commun dans son premier tome, je me suis régalée avec la suite et ai appris à faire avec l’absence totale de normes typographiques. La fin ne manque pas d’originalité et les personnages se développent au fil des tomes avec une maturité et une violence qui retranscrivent bien l’hostilité de l’univers. Une bonne saga.

14/20

Les autres titres de la saga :
1. Saba, Ange de la Mort
2. Sombre Éden
3. Étoiles rebelles
- saga terminée -