28 mars 2019

Shangri-La




Ce qu'il reste de l'humanité vit à bord d'une station spatiale dirigée par une multinationale à laquelle est voué un véritable culte. Les hommes mettent en place un programme pour coloniser Shangri-La, la région la plus hospitalière de Titan, afin de réécrire la genèse à leur manière.



Pourquoi ce livre ? Parce que Ratkiller l’a dans sa PAL, l’unique roman illustré qui tient compagnie à Transperceneige, qu’il m’a dit d’y aller les yeux fermés - pas trop quand même, vous comprendrez pourquoi après - et que, comme l’autre oeuvre citée, je lui fais confiance parce qu’il commence à bien connaître mes goûts.

Tenez-le pour dit, ce roman graphique est une bombe ! Pour la petite anecdote, j’espérais le lire vendredi après-midi. Sauf que Ratkiller a terminé plus tôt sa journée, si bien que nous sommes partis en week-end bien avant l’heure prévue… Je suis malade en voiture. Peu importe, j’ai poursuivi ma lecture, insatiable de curiosité que j’étais !

Shangri-La, c’est l’histoire d’une humanité bouleversée. La Terre devenue invivable, ils vivent en communauté sur un vaisseau, dans l’espoir de pouvoir y retourner un jour. En attendant, leur quotidien est contrôlé par la compagnie Tianzhu : leur salaire, leur consommation, les informations, tout est proposé ou donné par cette entreprise.
Si ce premier point est malaisant, je peux vous assurer que vous allez en recevoir d’autres, des poings. Car oui, ce roman graphique est une suite inattendue de claques, d’horreur inhumaine, et pourtant… Nous sommes ainsi, même si nos informations ne le montrent pas réellement. Les animaux présents dans l’intrigue en sont le parfait exemple.
Bref, les grands thèmes révoltants apparaissent tous à un moment ou à un autre. Et dans un climat où des mouvements contestataires naissent chaque semaine et perdurent dans le temps, l’horreur marque davantage. Je peux vous assurer que j’ai versé ma larme, et plus d’une fois, en lisant ce roman - et pourtant, je suis plutôt insensible en lisant un livre, contrairement aux films.

Les personnages sont fous, peut-être trop prévisibles à mon goût, mais ils desservent tous l’intrigue avec une telle clarté qu’on ne peut réellement leur en vouloir. Certains personnages m’ont bien plus marquée que d’autres, comme le chien John auquel on ne pouvait deviner le sort et le mystère qu’il s’est efforcé d’éclaircir autour de sa race. Il fut l’un de ceux qui m’a fait pleurer, parce qu’il m’a rappelé qu’on a cherché à l’anthropomorphiser alors que ce n’est qu’une “bête”, un animal avec des émotions pures mais aucun moyen pour les brider. Une claque…

La révélation autour du conseil en fut une également. Je ne peux vous en dire plus, ce serait simplement vous gâcher tout l’intérêt de l’oeuvre. Je vous dirais simplement que je ne l’avais pas vu venir, que je me suis sentie stupide et écœurée par tant d’évidence…

En parlant de la fin, celle-ci se déroule en deux temps. D’un côté, nous avons le devenir de la colonie : survit-elle ? Sombre-t-elle dans la folie et le sang ? Allez savoir, il faut lire pour le comprendre… Puis une autre fin voit le jour, délivre son message… que je n’ai pas compris. Je suis dégoûtée d’être passée à côté, car je pense qu’il est primordial dans ce récit, notamment vu sa place dans ce dernier. J’ai peur d’oser l’espoir, quand le message promettrait au contraire l’inverse. Cela m’énerve de ne pas avoir compris, car ce roman aurait dû rafler le coup de cœur. Alors que là, toute la tension retombe dans un soufflet médiocre, échappant au graal de peu.

Les dessins sont magnifiques. Déjà, chaque lieu possède sa couleur, ainsi les planches ne proposent que très peu de variations de tons. C’est génial, cela permet de nous situer d’un simple coup d’oeil. Et puis les décors de l’univers sont tout simplement sublimes. Le dessinateur alterne entre traits précis et traits brouillons, comme pour souligner avec évidence ce qui a son importance, ce qui en a moins. Habituellement, je n’apprécie pas tellement ces variations mais ici cela rend tellement bien avec le conflit, le sujet, l’actualité… J’ai adoré. Et, j’insiste, les dessins montrant l’espace, les planètes, sont sublimes, un régal similaire à des photos. De quoi passer quelques minutes à admirer le moindre détail.



Je suis ravie et frustrée. Ravie, car ce roman graphique est magique, tant dans ses personnages, son intrigue percutante et coup de poing, son actualité valable des années, ses critiques disséminées çà et là… Frustrée d’être passée à côté de la fin, d’être passée à côté de, peut-être, le meilleur dans cette intrigue. Il n’en reste pas moins que dans les dessins comme dans le contenu, c’est magique. On pleure, un peu, beaucoup, on s’énerve, on tape du poing, on gémit de douleur, on reste pas insensible. Sublime.



18/20




2 commentaires:

  1. Une BD intéressante, bien qu'un peu froide, et oui, une fin obscure !

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    1. Froide, mais c'est justement l'effet voulu, une représentation glaçante de notre société. Je ne suis pas choquée par cet aspect :)

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