8 oct. 2019

Les Petites Fées de New York




« Le récit des Petites Fées de New York démarre avec Morag et Heather, deux petites fées hautes de cinquante centimètres, portant épée, kilt vert et cheveux mal teints, qui volettent par la fenêtre du pire violoniste de New York, un type antisocial et obèse nommé Dinnie, et vomissent sur sa moquette. Qui sont-elles et comment sont-elles arrivées à New York, et en quoi tout cela concerne-t-il l’adorable Kerry, qui vit dans l’immeuble d’en face, est atteinte de la maladie de Crohn et confectionne un alphabet des fleurs, et en quoi tout cela concerne-t-il les autres fées (de toutes nationalités) de New York, sans oublier les pauvres fées opprimées de Grande-Bretagne, voilà le sujet du livre. Il contient une guerre, ainsi qu’une mise en scène fort inhabituelle du Songe d’une Nuit d’Été de Shakespeare, et des solos de guitare de Johnny Thunders des New York Dolls. Que peut-on demander de plus à un livre ? »
Neil Gaiman



Pourquoi ce livre ? Y'a un an de cela, après avoir entassé une pile de pavés dans mes bras, j'ai demandé à mon libraire des livres plus fins et plus légers. Après L'Automate de Nuremberg, il m'a convaincue par Les Petites Fées de New York.

Les petites Fées, c'est avant tout Morag et Heather, expulsées de leur patrie en Écosse pour avoir commis des actes injurieux. C'est aussi des Fées Anglaises, dont deux de sang royal, qui ont fui une civilisation changeante, industrialisante et par conséquent étouffante. Les petites Fées, ce sont tous ces gangs, italiens, noirs, chinois, qui retracent l'histoire de l'humanité en miniature.
Et, au milieu de tout cela, deux humains qui n'ont rien demandé et qui vont devoir apprendre à cohabiter avec deux rebelles celtico-punk.

Dans un contexte absurde passablement drôle au point de sourire, souvent, et rire, parfois, le livre est également une énorme critique de la société. Les Italiens sont des mafieux, les Noirs des truands et les Chinois des antiquaires qui ouvrent les portes aux esprits… derrière cet aspect déluresque, on n'oublie pas que chaque dictature s'est construite sur les bases d'une oppression sur le peuple, forme de résistance avant la suffocation définitive.

J'ai ressenti une profonde antipathie pour Dinnie, ce branleur (et je pèse mes mots) qui passe son temps à râler et à critiquer le monde.
Kerry est bien plus agréable à suivre, bien que son extravagance aura parfois eu le don de me faire soupirer.
Les deux Fées principales sont extrêmement drôles, touchantes par certains aspects, agaçantes de l'autre, quand les situations méritaient plus de sérieux. C'est là toute la magie de l'absurde.

Absurde, deuxième fois que j'emploie ce mot. Mais c'est le seul qui vient en tête quand le voyage abracadabrantesque d'une fleur séchée, réunie par une collectionneuse, est l'objet d'une partie de l'intrigue. Tout s'entremêle donc, à l'image de cette chronique, avec un sentiment de cafouillis plaisant. On se laisse balader, on s'abandonne à ce style gruaud et rare, pour réfléchir à la société.

La plume est folle, au point où je devinais presque l'écriture erratique de l'auteur, conférant à l'ensemble l'impression de partir dans tous les sens.



Certains ont coincé sur cette oeuvre, mais pas moi. Si l'introduction de Neil Gaiman m'a fait bien plus rire que le livre en lui-même, Les Petites Fées de New York est un concentré d'absurdité explosive qui n'est pas sans me rappeler Le Club des punks contre l'apocalypse zombies. Les personnages ne sont pas attachants, mais là n'est pas le but. Du divertissement au profit de la réflexion cinglante, mon libraire a cerné mes attentes avec brio. Martin Millar est trop peu connu dans notre pays, et c'est un mal. C'est un autre Neil Gaiman, il a ainsi sa place dans vos étagères. Adeptes de l'absurde et des critiques sur la société, foncez. En attendant, j'ai savouré et je suis heureuse de l'avoir acheté !



15/20




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire