28 févr. 2020

Cuits à point




Gauthier Guillet et Anna Cargali parcourent la France pour résoudre des mystères qui relèvent plus souvent d'arnaques que de véritables phénomènes surnaturels. Mais leur nouvelle affaire est d'un tout autre calibre : pourquoi la ville de Londres subit-elle une véritable canicule alors qu'on est en plein hiver et que le reste de l'Angleterre ploie sous la neige ? Se pourrait-il que cette fois des forces inexpliquées soient vraiment en jeu ?



Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? Il est toujours difficile de choisir quand vient les propositions de service presse d’ActuSF. J’ai eu la sensation d’être gourmande pour le mois de février, mais les titres et leur résumé étaient tentants ! Ici, c’est l’atmosphère steampunk et la cocasserie du titre qui m’ont convaincu d’embarquer dans l’aventure.

Cuits à point se situe au cœur de la révolution industrielle, quand les grandes villes se parent de nouvelles technologies que la campagne ne fait encore qu’imaginer. Le début nous propulse tout en douceur dans le duo d’enquêteurs de Gauthier et Anna, mal assortis et piquants. Une affaire des plus courtes et simples va nous permettre de prendre la mesure du duo et de leur métier, comme une mise en bouche avant le réel travail, la mission qui va faire prendre un tournant nouveau à leur vie.
Tous deux de fervents praticiens de la raison, la remise en question va être difficile et je dois dire que, si ce n’est pas un défaut en soi, l’intrigue principale va en pâtir. En effet, les conflits entre concurrents se révèlent, le ton monte et les gueguerres incessantes malgré l’urgence de la situation m’ont vite fait lever les yeux au ciel. Londres est aussi chaude que la braise, ce qui serait paradisiaque si cela n’arrivait pas en plein hiver… Et nos deux personnages se ferment aux hypothèses les plus farfelues, quand celles-ci sonnent pourtant justes.

J’ai trouvé que l’ensemble manquait d’action. Oui, nous suivons une intrigue, rythmée voire effréné, pourtant en dehors de quelques scènes marquantes on ne peut pas dire qu’il se déroule grand chose, que nous voyageons beaucoup ou que nous craignons énormément les conséquences que certaines prises en compte pourraient avoir sur la capitale et ses habitants. En réalité, j’ai trouvé que ce tome était davantage destiné à un public adolescent ou jeune adulte. L’histoire n’a rien de complexe et les personnages ont développé ce caractère semi attachants semi bourrés de défauts qui les rendent vivants. De plus, c’est très court à lire, les pages se tournent aisément et le style d’écriture va droit au but, sans s’attarder sur les détails qui façonnent le quotidien des Londoniens ou de nos enquêteurs - par exemple.
Dans les bons points en revanche, j’ai relevé le conflit entre la rationalité et la passion, entre la science et le mythe. Si la parole donnée à ce débat n’apporte rien d’original, j’ai néanmoins aimé le retrouver ici,à une époque où le sujet était bien évidemment au cœur des échanges, pimentant de fait l’ensemble d’une touche de réalité.

La fin est très brusque, manque de développement mais j’ai bien aimé l’intervention du dernier personnage. Nous ne sommes pas dans un deus ex machina mais pas loin (surtout quand on sait ô combien les Londoniens adorent cette personnalité).

Les personnages, bien qu’adultes à une exception près, sont tous plus ou moins basiques et manquent eux aussi de développement. J’aurais aimé en savoir plus sur leur passé, leurs motivations, et voir davantage de maturité transparaître dans leurs faits et gestes. En revanche l’exception, en la personne d’une jeune nièce, confirme la règle en faisant preuve d’une sagesse et de capacités qui la place bien au-dessus des adultes. Ce détail est un indicateur supplémentaire de la légèreté de l’ensemble, qui pousse le livre vers un public moins exigeant ou plus jeune, comme je le disais précédemment, puisqu’un adolescent saurait aisément se mettre à la place de cette héroïne discrète.
J’ai bien aimé le personnage d’Anna pour sa bonhomie et sa témérité, même si les manières dont elle fait preuve à plusieurs reprises m’ont agacée. En revanche, j’ai franchement eu du mal à apprécier Gauthier, dont le portrait prend clairement un angle antipathique.
J’ai une pensée spéciale pour les créatures qui jonchent le récit. J’aurais aimé en voir davantage, mais celles qui apparaissent m’ont satisfait. Quant à la cause de ce réchauffement climatique inattendu, je l’ai également appréciée même si les traits anthropomorphes ou canins qu’on lui prête n’étaient pas à mon goût.

Comme je le disais, la plume d'Elodie Serrano est fort simple et très directe, elle nous permet de dévorer aisément le livre sans qu’on se rende compte que les pages tournent. Quelques heures suffisent pour venir à bout de ce petit specimen à l’accent léger !



Je m’attendais à mieux et je pense que ma plus grande déception porte sur le ton du livre, qui possède une sonorité et des détails trop jeunesse à mon goût. L’ensemble manque de profondeur, de complexité, on voyage très peu dans cette ambiance steampunk et les adultes impliqués dans l’histoire laissent planer le doute quant à leurs capacités de réflexion, au contraire de l’enfant qui, elle, fait preuve d’une grande sagesse. Toutefois la plume très directe et le rythme efficace en font un excellent divertissement qui se parcourt en moins de trois heures. Pas sûre qu’un adulte exigeant y trouve son compte, mais à mettre entre toutes les mains qui rêvent d’une histoire fluide et entraînante.



13/20





2 commentaires:

  1. J'ai bien aimé pour ma part, j'ai trouvé que c'était une lecture légère en effet, mais amusante :)

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    1. Le divertissant veut aussi dire amusant. C'est surtout que ça m'a semblé très rapide et donc un peu creux.

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