30 mars 2020

Entre troll et ogre




"Entre troll et ogre" est une métaphore sociale tout autant qu'une quête d'humanité. Les ogres - disciplinés, rationnels, cruels- dirigent la société dont les trolls - incultes, bagarreurs, hypersensibles - sont la plèbe docile. L'histoire est celle d'Arsouille un vieux troll désabusé, faible et perclus d'arthrite, qui s'inquiète pour son petit-fils bientôt obligé d'entrer au collège et d'y affronter les ogres et sa Grande Poussée Dentaire. Un soir, Arsouille reçoit une lettre pleine d'amour signée de son jumeau qu'il n'a pas vu depuis 50 ans. Sauf que ce frère est un ogre et que les ogres n'écrivent pas aux trolls... Roman original, drôle et émouvant, il s'incrit dans la lignée de la collection Bad Wolf dirigée par Audrey Alwett.



Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? Ce livre a fait parler de lui en bien à sa sortie en grand format, en 2018, du moins sur les blogs sur lesquels j’ai mes habitudes. Je l’avais donc noté, pourtant je ne me suis jamais arrêtée pour l’acheter, ayant toujours des lectures plus pressées. Je fus donc très heureuse de le voir proposé en service presse !

Entre troll et ogre relate l’histoire d’une société divisée en trois races : les trolls, les ogres et les humains, dans un ordre d’intelligence croissante. Seulement les humains sont au bord de la disparition, amenant ladite société au bord de la déliquescence. Au milieu de tout ça, insouciant des problèmes mais conscient de la violence des échanges interespèces, le vieux troll Arsouille se débrouille pour survivre et protéger sa bru et son petit-fils. Mais quand il reçoit une lettre de son jumeau devenu ogre, donc plus intelligent, le doute l’habitude et la curiosité va le conduire sur le chemin des emmerde (si je puis dire).
Ce roman est des plus original et délirant. Délirant par son contenu, proche de l’absurde. Je ne dis pas qu’on rit, tout au plus j’ai souri à certains passages. Ce n’est pas un absurde comme on l’entend dans The big Lebowski, mais cela reste un univers décalé. Délirant par son style. En fait, j’ai eu le sentiment de lire quelque chose prononcé à l’oral, brut de décoffrage dans un langage familier sans être violent. J’ai déjà lu des livres dans ce genre de vocabulaire, ça m’a notamment fait penser aux Pilleurs d’âmes de Laurent Whale. Toutefois, j’ai trouvé qu’à un moment c’était trop et j’aurai bien voulu que le livre soit moins épais d’une bonne cinquantaine de pages, car le style est tout de même assez lourd et par conséquent complexe à suivre, à la longue.
L’intrigue s’en remet au hasard pour avancer, je dois dire que j’ai aimé être surprise à chaque nouvelle péripétie car on ne sait vraiment pas vers quoi on aboutissait avant la fin.

Si les personnages ne sont pas foule, je dois dire que j’étais totalement perdue au début par tous les noms. En réalité, les trolls et ogres ont deux noms : leur nom humain, cette humanité qu’ils perdent en entrant au collège, juste avant la Grande Poussée Dentaire. Je ne me suis pas forcément attachée aux personnages, car ils sont vraiment caractériels et très différents de ce que j’apprécie habituellement. Sans me laisser indifférente pour autant, ils ne m’ont pas semblé antipathiques non plus et j’avoue que la bande de Gambille m’a soutiré quelques sourires, ce qui est déjà bien !

Je ne le fais pas souvent en ce moment, mais je voulais m’arrêter sur la couverture qui représente selon moi très bien l’univers du livre. La violence des échanges que la gentillesse de certains viennent rafraîchir et calmer, tout cela transparaît parfaitement dans cette grenade plantée dans une tasse de thé fissurée ou émaillée.



Le chronique est plutôt courte mais c’est parce qu’il faut lire le livre pour comprendre dans quoi on met les pieds. Sans être rafraîchissant en raison d’une plume lourde et familière sans tomber dans la vulgarité, je peux quand même dire que je retiendrai de ce livre ce ton délirant et l’originalité du récit, qui donne le sentiment qu’on s’en remet totalement au hasard.



13/20





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