La jeune Shai a été arrêtée alors qu’elle tentait de voler le Sceptre de Lune de l’Empereur. Mais au lieu d’être exécutée, ses geôliers concluent avec elle un marché : l’Empereur, resté inconscient après une tentative d’assassinat ratée, a besoin d’une nouvelle âme. Or, Shai est une jeune Forgeuse, une étrangère qui possède la capacité magique de modifier le passé d’un objet, et donc d’altérer le présent. Le destin de l’Empire repose sur une tâche impossible : comment forger le simulacre d’une âme qui serait meilleur que l’âme elle-même ? Shai doit agir vite si elle veut échapper au complot néfaste de ceux qui l’ont capturée.
Pourquoi ce livre ? Sur ce blog ou pour les initiés à la Fantasy, on ne présente plus cet auteur qui s’illustre un peu partout dans l’imaginaire et qui cartonne pour ses personnages forts et son imagination toujours plus inventif.
Pour changer des gros pavés qui composent la plupart de ses sagas, L’Âme de l’empereur n’atteint même pas les deux cent pages, ce qui peut frustrer un lectorat assidu pour ce sentiment d’être trop vite avalé. Vite gobé, mais pas vite oublié. Récit entre politique et magie, Brandon Sanderson réussit une fois de plus à nous transporter dans cet univers exotique, aux couleurs de la culture asiatique, aux côtés d’un personnage impulsif et caractériel, Shai. Jeune femme dotée d’un don issu d’un long apprentissage qui la place dans un milieu de faussaires, ce sera pourtant la seule à sauver l’empire et son empereur. Le compte à rebours, au défilé des chapitres, est lancé.
C’est court, direct, accrocheur. Ca se lit littéralement tout seul, porté par les rencontres de Shai entre les divers conseillers de l’empereur, conseillés qui ont tous – ou presque – un intérêt à la manipuler. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent et quand la magie peut permettre de prendre insidieusement le contrôle d’un individu, d’aucuns en perdent leur conscience. Malgré la faible épaisseur du livre, on perçoit nettement tous les enjeux politique et, bien entendu, tous les enjeux qu’un échec causeraient à Shai. De fait cela crée une petite tension, renforcée par son instinct de survie qui la pousse à fuir. Jusqu’au bout on se demande si elle va réussir ses deux entreprises : rendre l’empereur à son empire et survivre.
La tension grimpe crescendo, enfle jusqu’à la fin. Celle-ci me frustre légèrement, car Shai utilise un de ses fameux outils, un tampon, sans qu’on sache si elle recouvre sa Liberté, la vraie, ou si elle se cache uniquement pour mieux reprendre ses méfaits plus tard. Ce fut malgré tout une fin émouvante, notamment par le choix du conseiller le plus proche de l’empereur, par sa décision qui le confère au rang de protecteur.
Le système de magie est une fois de plus original, même s’il m’a rappelé à bien des reprises une des formes d’art exploitée dans Les Archives de Roshar. Rien que pour la magie des spiritampes, je vous conseille la lecture de ce one shot, qui permet une belle entrée dans l’esprit de l’auteur sans s’attaquer d’emblée à un pavé.
Les personnages ne sont pas nombreux et apparaissent comme dans une pièce de théâtre, où un chapitre serait en réalité un acte ou une scène. En effet, si on suit pas à pas les progrès de Shai dans la quête qui lui est donnée, on retrouve plusieurs fois certains conseillers, mais également une caste ennemie qui utilise la magie du sang, et de simples soldats que Shai manipule pour gagner leur sympathie. Le tempo est donné et le chef d’orchestre joue excellent bien de la baguette pour qu’on s’attache à l’héroïne mais aussi à certains autres personnages, même ceux qui n’apparaissent que dans les dialogues, ou qu’à la toute fin.
La traduction est laissée aux bons soins de Mélanie Fazi, si bien que c’est toujours aussi fluide et accessible, avec une note poétique qui rend cette légèreté si entraînante. Toujours un plaisir à lire donc, entre divertissement et originalité.
Une lecture frustrante par sa maigreur ! Brandon Sanderson nous donne les clés pour réclamer tellement plus de sa magie, tellement plus de son héroïne, tellement plus de cet univers, et des différents peuples qui le composent, qui semblait vaste. Pourtant, l’auteur réussit le pari de nous émouvoir en si peu de mots grâce à une fin étonnante et des dialogues forts. C’est une excellente porte d’entrée pour apprécier le style de l’auteur comme ses idées, ses univers comme sa magie. Je le recommande à 100 % pour tout type de lecteurs (sauf des trop jeunes) !
17/20
Lire un livre de Brandon Sanderson est toujours une valeur Sûre, j'aime beaucoup cet auteur et bien sûr ta chronique !!
RépondreSupprimerMerci ! =)
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