8 juil. 2024

Rois du monde, tome 2 - Chasse royale, partie 3 : Curée chaude




À peine évadé, Bellovèse se précipite vers le Gué d'Avara, espérant reprendre les armes.
La situation qu'il découvre est dramatique. Tout le royaume biturige est bouleversé par la guerre : ses terres sont occupées par l'ennemi, sa famille a disparu, les campagnes sont ravagées par les bandes rebelles, une énorme armée assiège la forteresse royale. Impossible de savoir si le haut roi a succombé ; toute la Celtique est en train de sombrer dans le chaos. Qu'à cela ne tienne : Bellovèse a choisi son camp. Avec une poignée d'hommes et une enfant, il se jette dans la tourmente. Il est temps, pour lui, de faire parler la colère et de reconquérir l'honneur de sa lignée.



Pourquoi ce livre ? J’ai attendu trois ans pour le lire une fois acheté, cinq ans après la lecture du précédent opus… alors que j’adore cet auteur, c’est toujours une grande joie de retrouver son imaginaire et sa plume.

Sans surprise, ce quatrième opus - qui clôt Chasse royale, le deuxième tome de Rois du monde - est un grand coup de cœur. Là où les avis laissés sur Livraddict évoquent quelques longueurs avant un final en apothéose, je n’ai ressenti que les aléas de la guerre, la lassitude des combats et de la fuite, si je puis dire, avant un dernier souffle épique pour savoir qui du fils ou du père est digne de régner. Oui, certains passages sont plus lents que d’autres, alors que Bellovèse s’impose une nouvelle quête pour sauver ce qui peut encore l’être du royaume. C’est aussi l’occasion de visualiser à quel point une guerre, qui se joue avec de grands guerriers uniquement, porte de lourdes conséquences sur l’ensemble du territoire, avec des villages pillés et des champs ruinés, brûlés. L’auteur a tracé un tableau réaliste des campagnes saccagées, ainsi a-t-il réussi le tour de force de ne jamais nous éloigner de son valeureux héros sans en oublier la vraisemblance de l’époque.

Je suis bien contente que cette dernière partie du second tome soit précédée d’un rappel des événements passés. J’ai beau adoré l’univers et les personnages fascinants qui y évoluent, c’est compliqué de reprendre la lecture d’une œuvre d’une telle envergure ! Je craignais d’être perdue et, si ce fut le cas avec l’évocation de certains événements passés (notamment l’attaque de Prittuse), ce rappel m’a permis de me confronter à cette lecture avec plus de sérénité.

Mon édition compte un peu plus de sept cents pages. Les deux premières centaines sont passionnantes, ensuite Bellovèse s’impose une quête qui prend énormément de temps, avant les cents dernières pages qui connaissent une tension au plus haut.
J’ai adoré cette fin. On passe par une multitude de sentiments, avec l’espoir et le désespoir successifs au cœur de tout, dépendamment de l’arrivée d’alliés et des accrochages, des pertes toujours plus douloureux. Je ne m’attendais pas à une telle fin des combats. Et que dire de la toute dernière page ?! J’ai suffoqué de surprise, j’ai crié mes grands morts, je suis restée stupéfaite d’un tel revirement ! A la toute dernière page ! Pas de doute, Jean-Philippe Jaworski a une fois de plus joué avec son lectorat (et il a eu le toupet d’écrire une autre trilogie avant de reprendre le troisième opus de Rois du monde, ahah !). Maintenant je suis impatiente d’avoir la suite…

En guise de petite confession, je ne me souvenais plus du tout de Sacrila, la demi-sœur de Bellovèse et Ségovèse (mais comme c’est lié à Prittuse, rien d’étonnant). Beaucoup d’étonnement et de mystères autour de ce personnage, j’ai adoré la façon dont elle s’affranchit des coutumes, de son âge, par sa langue bien pendue et la suite qu’elle donne à ses idées. C’est un personnage fascinant qu’il me tarde de retrouver !
Evidemment, Bellovèse est au cœur de tout, je suis néanmoins satisfaite de constater que Ségovèse n’est pas oublié, malgré leur opposition manifeste. Le caractère de ce dernier change du tout au tout à plus d’un titre au cours de cette partie, le rendant très sanguin. Leur désaccord m’a fendu le cœur et j’ai craint pour la vie de l’un comme de l’autre.
Bellovèse incarne toujours le noble gaillard béni des dieux. ll s’en sort dans des situations extrêmes, même les autres guerriers qui le côtoient le targuent d’être protégé par les dieux. Cela laisse le champ libre aux exploits guerriers et aux victoires plus humbles. Certaines scènes furent malgré lui très touchantes, je pense notamment à celle où Sumarios est évoqué. C’est pour quoi les révélations autour de ce dernier sont d’autant plus retentissantes et douloureuses, j’imagine… Bellovèse est entouré de Drucco, Mapillos, Larios, tant de noms fidèles à lui et à ses principes. Pour eux aussi j’ai eu peur lors de la dernière bataille.
Tant d’autres personnages se côtoient, se bousculent, guerroient dans ce tome. C’est l’occasion de témoigner des échauffourées, des langues bien pendues, un peu comme des boxeurs qui s’apprêtent à s’affronter. Personnellement j’adore ces échanges mordants.

Le style est toujours un bonheur à lire, à la fois relevé et fluide. Pas de doute que j’enrichis mon lexique en lisant du Jaworski, et en même temps si on ne connaît pas un terme, cela ne nous empêche pas de comprendre la phrase (un peu comme si je lisais en anglais, finalement).



Jean-Philippe Jaworski est pour moi une valeur sûre en matière de fantasy francophone. Dans un moment personnel difficile, j’avais besoin de retrouver un univers “doudou” (peut-on vraiment affirmer cela quand le sang gicle plutôt deux fois qu’une ?)... si bien que j’ai dévoré ce tome en cinq jours. Tout est excellent, du rythme inégal aux échanges sulfureux entre personnages, du conflit père-fils jusqu’aux révélations fracassantes sur Bellovèse et sa famille. La dernière page est une claque à elle seule. Pas de doute que l’attente jusqu’au prochain tome va être très longue…



20/20


Les autres titres de la saga :
1. Même pas mort
2. Chasse royale, partie 1 - De meute à mort
3. Chasse royale, partie 2 - Les grands arrières
4. Chasse royale, partie 3 - Curée chaude
- saga en cours -


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