

Aux origines des célèbres ateliers d’écriture Clarion, Damon Knight dit lui-même qu’avant de se lancer comme professeur il ne savait pas si l’écriture pouvait s’enseigner. Ce nouveau guide démontre avec brio que les techniques du récit s’analysent, se démontent et se remontent, comme un artisan pourrait le faire à propos de son art.
Des façons de développer son talent, aller de l’idée à l’histoire, la commencer, la contrôler et enfin la terminer, voici les savoir-faire qu’offre Damon Knight dans son essai. Accessible à toutes et tous, "Devenir artisan de ses histoires" dévoile un parcours ludique et éducatif qui vous confrontera à vos motivations, vos envies, vos habitudes, tout en vous proposant des outils et des méthodes clairs et précis.

Pourquoi ce livre ? Un an et demi, déjà, que j’ai lu le premier chapitre, écrit par le très célèbre Lionel Davoust. J’avais beaucoup aimé ce premier “ébauche” pour guider l’auteur dans son parcours. Néanmoins je lui reprochais de ne pas suffisamment creuser les conseils et concepts. Il me tardait donc de poursuivre la lecture des essais de cette collection promue par Argyll (notamment pour me motiver pour reprendre l’écriture…).
Devenir artisan de ses histoires me laisse perplexe, avec plusieurs reproches et quelques bons points à signaler.
D’un côté, j’ai noté plus de petites astuces, de mémos, de conseils dans les pratiques d’écriture pour mieux progresser, que pour le premier volume. Armé de son expérience des ateliers Clarion (aux Etats-Unis), Damon Knight sait parfaitement quoi dire ou quoi faire pour débloquer toute sorte de situation/blocage, pour dépasser toute contrainte ou obstacle dans l’exercice d’écriture.
Cependant, j’ai été mal à l’aise à plusieurs reprises… Pour moi, Damon Knight juge qu’on ne peut pas se considérer comme un auteur si ce dernier ne cherche pas à être publié. La raison repose sur le fait que si on écrit uniquement pour soi ou pour son cercle restreint (amis, famille), on ne cherche pas à se dépasser, on ne cherche pas à s’améliorer et à renforcer son récit en écrivant quelque chose de moins confortable pour soi. Je suis moyennement convaincue par ce point de vue mais, après tout, je ne me sens pas concernée car, que j’écrive ou non, ça ne sera jamais à but d’être publiée.
Les conseils et exercices sont donnés afin de contacter un éditeur professionnel - il faut remettre dans le contexte que cet essai a été rédigé dans les années 80 donc on oublie le marché de l’autoédition. Damon Knight s’inspire de sa propre expérience et use de bon nombre de ses œuvres. De fait, à un moment, j’ai eu le sentiment que cet essai était l’occasion pour lui de se mettre en avant, comme si l’écrivain avait mal jaugé le statut quo entre sa production et son rapport à ses confrères. C’est très dur d’exprimer mon ressenti sur cette question, désolée…
Parfois, le ton de l’essayiste m’a paru ambivalent. Hautain par-ci, bienveillant par-là, en fonction de ce qu’il racontait.
Hautain, notamment dans les moments qui traitent de la question du statut de l’auteur, comme évoqué ci-dessus, ou, autre exemple, les récits qui sont écrits sans objectif ou sans “intérêt”. En quoi un texte qui n’a aucun but serait un mauvais texte ou ne devrait pas être considéré comme une œuvre ?!
Bienveillant, car Damon Knight a connu également quelques écueils, comme la plupart des auteurs professionnels, et sait comment les subir au mieux. Sans aller dans le paternalisme, les conseils et la gentillesse avec laquelle il les partage dénotent et j’ai pris conscience que c’est la majeure partie des notes que j’ai prises.
Dans tout ceci, j’ai adoré les exercices qu’il donne, les exemples qu’il offre au travers d’un travail commenté d’une de ses nouvelles. Ce qui est bien dans tout ceci, c’est que le découpage des chapitres et des sous-parties permet de savoir dans quoi on met les pieds. Ainsi, si un chapitre vous intéresse moins voire pas du tout (en tout cas pour le moment), il est aisé de le sauter - qui sait, pour y revenir plus tard quand vous vous sentirez plus concerné par ce qui y est traité ?
Dernière petite mention qui m'a agacée pendant toute ma lecture : la traductrice a pris le parti de féminiser "auteur", et seulement ce mot. Ainsi lira-t-on perpétuellement "autrice" et "lecteur". Ca n'apporte rien et ce choix n'est même pas expliqué...

Ma note est moyenne, surtout à cause de l’ambivalence des tons et du fait que Damon Knight cite un peu trop ses œuvres à mon goût. Pourtant l’essayiste exerce un vrai travail pour nous aider sur la manière d’entamer, de développer ou de terminer une histoire, en évitant les écueils propres à ce travail. Même les conseils sur l’environnement et les habitudes d’écriture sont proposés ici. C’est très complet, cependant c’est à lire surtout si vous visez une publication à terme. De mon côté, j’ai volontiers noté de bonnes idées mais je ne me sentais pas totalement concernée par l’ensemble.
12/20
Devenir artisan de ses histoires de Damon Knight, Argyll, 227 p.
Traduit par Alexane Bougeard-Bébin, Couverture par Xavier Collette
Les autres titres de la saga :
1. Rêver, construire, terminer ses histoires
2. Devenir artisan de ses histoires
3. La Charpente du récit
4. Travailler, écrire au sein d'un cercle littéraire
- saga en cours -
1. Rêver, construire, terminer ses histoires
2. Devenir artisan de ses histoires
3. La Charpente du récit
4. Travailler, écrire au sein d'un cercle littéraire
- saga en cours -
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