Le roi-dragon exerce sa tyrannie sur le Japon. Un jour, Ichirô, apprend que le souverain a tué ses parents. Assoiffé de vengeance, le jeune samouraï errant décide de défier le Shogun sorcier. Hatanaka, son père adoptif et samouraï d'élite va le préparer à l'impossible. Ichirô part pour une longue quête, au cours de laquelle il sera rejoint par des compagnons de route, voleur, paysan ou ninja. Il devra les accepter dans leurs différences, réunir leurs forces et leurs caractères... et se découvrir à son tour.
Je tiens à remercier la TeamLivraddict et les éditions Folio SF pour ce partenariat sympathique.
Si la couverture fut ce qui m’a tapé dans l’œil en premier, le résumé et l’univers qu’il présentait m’ont convaincu de me lancer et je fus très heureuse de voir le livre dans ma BAL.
e fus un peu plus surprise par l’épaisseur du livre, je m’attendais à une histoire plus développée mais après tout il est suivi d’un second tome donc, je ne voulais pas m’attarder sur ce détail.
Le prologue nous plonge dans l’époque féodale du Japon, où les samouraïs existaient encore, se mettant au service d’un riche seigneur pour lui octroyer sa protection. Véhiculant (en principe) des valeurs morales et guerrières, respectant le bushido, ce cadre général est une rareté dans le monde de l’imaginaire et j’ai su apprécier sa valeur, au même titre que le vocabulaire que Jean-Luc Bizien pour donner plus de crédit à son histoire. Si cela permet d’engager l’érudition de l’auteur, cela confère également plus de poids à l’intelligence de ce récit.
Néanmoins ce fameux prologue nous en dit trop. Certes, ce qui nous est révélé est à l’origine de l’histoire, de ce vœux de vengeance, il a donc sa place au tout début du livre. Pourtant, je trouve qu’une certaine tension aurait été plus développée si la cause avait été lentement distillée au fil du récit par l’intermède de flashback bien placés. Ce fut une première déception, qui n’a toutefois pas eu de conséquence sur mon appréciation de l’ensemble.
Le livre met en mouvement la quête initiatique d’Ichirô, épaulé de son yamabushi Hatanaka, où l’alliage entre vengeance et valeurs morales se conjuguent et parfois s’opposent. Essuyant des revers, la mort rôde dans cet univers mais les deux héros ne semblent guère vouloir ployer face aux forces qui veulent leur fin. Jusqu’à la fin où tout explose, où les doutes sont permis, où l’inconcevable intervient…
Je dois dire que ce roman met en scène de nombreuses facilités d’intrigue qui m’ont légèrement agacé. Cela concerne notamment la formation du petit groupe d’Ichirô. Si l’arrivée inopinée de Buta est encore concevable et crédible, les cas de Onô, Aiko et Jotaro tiennent du miracle.
C’est là qu’on m’a pointé du doigt que ce livre était classé Jeunesse et j’ai un peu mieux compris le pourquoi du comment. Pour un adolescent, cela passerait sans problème. Pour quelqu’un de plus mature, on apprécie l’ensemble tout en grimaçant.
En revanche, la fin perd toute crédibilité. Comment Hatanaka, qui a servi les parents d’Ichirô pouvait-il ne pas lui avoir dit ce qui le concernait directement ? C’est à croire que le vieux yamabushi a oublié pendant toutes ces années, et là, paf ! Tout lui revient… Désolée mais je n’y crois pas, c’est trop gros ! (Je ne peux en dire sur le problème en lui-même car je vous spolierai tout mais si vous le lisez à l’avenir, vous comprendrez !)
Il n’empêche, j’ai grandement apprécié l’opposition ninja-samouraï et la façon dont l’auteur traite cette partie permet d’appréhender la vision de chacun d’eux vis-à-vis de l’autre, ce qui est ma foi très intéressant, et enrichissant.
En revanche, les personnages sont très attachants et dire le contraire serait impensable.
Ichirô, outre sa force d’esprit et sa volonté de fer, dégage une candeur et un vœu d’innocence qui le rendent attachant. Lui qui a croisé la mort à de nombreuses reprises, il refuse de la donner lui-même, préférant utiliser d’autres techniques, comme le kappô.
Hatanaka interprète quant à lui le vieux sage qui a déjà tout vu, tout fait, qui n’a plus qu’à enseigner son savoir et la maîtrise de ses coups. S’il incarne le vieux sage parfois rabougri, son calme cache également une puissante fureur et une haine qu’il vaut mieux éviter de réveiller.
Buta représente le bouffon du groupe. S’il est capable de porter un grand poids sur de longues distances, ce qui lui vaut le surnom de « mulet », il est peu intelligent, il est très faible et il est surtout peureux, fuyant ou se cachant à la première apparition du mal, ce qui lui vaut le mépris de plusieurs membres du groupe.
Quant aux trois autres membres, je préfère ne rien dire, que vous ayez encore des choses à découvrir !
En ce qui concerne les personnages, mon seul regret sera pour le daymio, cette figure maléfique dont le visage restera camouflé jusqu’à la fin. Si on entr’aperçoit ses choix à de multiples reprises, l’auteur lui confère un voile de brume qui nous empêche de discerner ses traits et motivations, un mystère que je devine être élucidé dans la suite. Ca titille !
La plume est simple, efficace. Sans fluidité ni lourdeur, elle va à l’essentiel, décrivant très peu, narrant beaucoup. Si elle peut décevoir les plus matures de ses lecteurs, les jeunes seront forcément enchantés par une telle découverte.
Ce premier tome pose les bases d’une quête vengeresse sympathique sans aller jusqu’au génialissime. Malgré des héros attachants pour la plupart et des valeurs féodales nippones intéressantes, les facilités de l’intrigue viennent gâcher le plaisir et j’aurai apprécié plus de maturité, même si l’œuvre se destine à la jeunesse. Ce fut une bonne lecture que je ne regrette en aucun cas, mais découvrir la suite n’est pas une priorité.
13/20
Merci pour ton avis tout en sincérité. Ce titre m'attirait beaucoup car j'avais deviné l'univers original et bien construit qui se cachait mais les limites que tu mets en évidence me font penser que j'ai dépassé l'âge. Les facilités dans les retournements de situation ou pour arranger l'objectif de l'intrigue ne me passionnent pas.
RépondreSupprimerBah de rien, je suis là pour ça :D
SupprimerEn effet, y'a de nombreuses facilités dans l'intrigue, je le renie pas, mais ça reste sympathique à lire. Maintenant, si tu ne le sens pas, il ne faut jamais se forcer :)