8 juin 2017

Gentlemen mécaniques, compendium de récits Steampunk




Aux quatre coins du monde bruissent les rouages des automates, les murmures des aristocrates et les jets de vapeurs des cheminées. Aux quatre coins du monde résonnent le fracas des machines et les cris des prolétaires. Sur une Terre désormais sillonnée par les zeppelins, les trains et d’étranges automobiles à vapeur, tout est sujet à changement.
Du duc à l’anarchiste, du soldat à l’aviatrice, tous se frottent avec intensité à ce nouveau monde. La révolution vaporiste est en marche, dans les hangars des aciéries et les mines de sélénium comme dans les cœurs des humains.



Je tiens tout d’abord à remercier les éditions de l’Instant pour ce partenariat haut en couleurs !

Je dois dire que c’est le deuxième recueil de nouvelles dans le thème de l’Imaginaire en moins d’un mois et, n’étant pas férue de ce genre habituellement, je craignais que cela fasse trop. Entre lecture commune et service presse, on n’a parfois pas le choix… Toutefois, si le recueil était inégal dans l’intérêt que je portais aux nouvelles, je suis parvenue à trouver mon content de plaisir lors de cette lecture !

Petite précision pour que vous vous y retrouviez, je ne vais pas évoquer chacune des nouvelles, ce serait gâcher le plaisir de découvrir le recueil et ce n’est pas le but d’une critique (sur ce blog, tout du moins). Je vais simplement citer celles qui m’ont fait vibrer, qui m’ont touché ou poussé à une plus grande réflexion quant au thème évoqué. Ca doit sûrement correspondre à la moitié du livre, si je ne m’abuse.

Dans l’ensemble, les nouvelles vont avoir pour but de confronter le comportement des humains à celui des machines. De fil en aiguille, une profonde satire sera développée qui fait en général écho aux conférences des Utopiales 2016, pour ceux qui ont eu la veine d’y assister. Qu’est-ce qu’une machine ? Quelles sont ses qualités, ses compétences ? Quelles caractéristiques la différencient d’un être de chair ? A-t-elle une conscience ? Suit-elle une morale quelconque ? Il serait réducteur de croire que les questions sont purement de ce type, les auteurs vont pousser la réflexion bien plus loin que cela, cependant cela reste à la base de leur réflexion.

Ma première nouvelle préférée fut Hope de Kathleen Strivay-Luykx. De manière cruelle, ce récit interrogeait les lois de la sélection naturelle et le hasard des naissances, la cruauté de ceux-ci. Pourquoi naît-on riche ou pauvre, beau ou intelligent ? Qui a décidé de cela ? Le genre de questions que je prends plaisir à retrouver dans des récits, d’autant plus quand elles sont bien amenées. Ce fut une nouvelle courte mais percutante, et ce sur le long terme.

La nouvelle suivante fut quant à elle un coup de cœur. La commande pour l’amour de Nick T. Chan présentait différentes relation entre l’homme et la machine, comme j’ai déjà pu le dire ci-dessus, avec une prolongation sur les émotions ressenties par l’un ou l’autre des partis. Or le sujet principal ici concerne l’amour. Saute alors aux yeux les traits humanistes qui ne ressortent pas forcément chez qui de droit. Quel être est plus à même d’être qualifié d’humain : celui qui en épouse les formes ou celui qui éprouve le besoin de justice et d’amour ? Cela met forcément une claque retentissante.
La réflexion s’ouvre également à des questions théologiques. Qui est Dieu, comment le représenter, à quoi sert-il réellement ? N’importe quel être œuvrant pour le bien des peuples ne peut-il être considéré comme tel ? J’extrapole sûrement (voire je fais un contre-sens total…) mais c’est dans cette direction que s’est dirigé mon cerveau.

Mémoires de bronze, de plumes et de sang d’Aliette de Bodard fut également de celle qui m’a marqué. J'ai beaucoup apprécié que les "animaux" soient le fruit de la création du guerrier, ce qui montre la volonté de se rédempter de toutes les morts causées par sa lame, et ce en créant la vie. De plus, ces oiseaux machines étaient issus de son sang même… J'ai trouvé que l'image était belle. Après tout, la technologie naît de notre esprit. Ici, elle apparaît grâce au cœur et au sang. L'analogie est suffisamment poétique pour interpeller. En revanche, je n’ai pas du tout compris la volonté de l’auteur quant à la fin, dont je suis passée totalement à côté...

La nouvelle de La petite Begum d’Indrapramit Das fut courte, percutante, splendide. Les deux petites filles vont nous apprendre ce qu'est la patience, la maladie mais surtout l'espoir. Et à côté de cela, j’en reviens encore aux Utopiales 2016. Aujourd'hui, la technologie est partout, on oublierait presque sa présence dans notre quotidien tant elle nous est devenue coutumière. On oublierait aussi qu'elle est employée dans le but de nous aider; cette nouvelle rappelle ainsi que l'imagination mêlée au savoir peut être à l'origine de mémoriaux splendides ou tout simplement peut venir en aide aux plus démunis.

Mon coup de cœur des coups de cœur se porte sans hésitation sur Fly me to the moon d’Emmanuel Chastellière. Je fus heureuse de retrouver le style de l'auteur, je fus conquise par son intrigue courte mais percutante, par les idées divulguées. La meilleure du recueil, vraiment. Et je la relirai avec plaisir !
Je dois dire que je suis incapable de la décrire plus en détails. Ca m’a rappelé, dans les grandes idées, l’histoire de V for Vendetta. Voilà, je ne peux pas en dire plus mais je fus véritablement touchée par la plume et la réflexion de cette nouvelle d’une vingtaine de pages.

Les styles sont bien entendu différents, certaines nouvelles sont plus abordables que d’autres, toutefois les récits sont le plus souvent simples pour gagner en percussion.
Il est évident que ce recueil ne conviendrait pas à un jeune public, je le conseille à partir de la quinzaine, voire même plus tard. En revanche, il conviendrait parfaitement à un public novice en Steampunk comme à un public plus aisé en la matière car les auteurs manient le genre avec suffisamment de précaution pour plaire à chacun.



Ce fut une bonne expérience, quoi qu’elle manque encore d’une pointe de piquant. Il est dommage que certaines nouvelles me paraissent dérisoires aux côtés de certaines pleines de verves, d’idées et d’émotions. C’est pourtant le lot de tous les recueils, il faut bien que certaines nouvelles se démarquent d’autres. J’en retiendrai quelques coups de cœur pour certaines d’entres elles, de bonnes idées, une belle réflexion autour de la relation entre l’homme et la machine et une envie de poursuivre plus loin ma découverte du genre.



15/20





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