19 janv. 2021

Les Ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ?




Il y a des nains furieux qu'on leur ait dérobé leur or, Jack qui n'est pas très pressé de monter à son haricot, Cloclo qui se réincarne dans le métro et des jeunes filles habillées de blanc qui hantent les routes la nuit... Mais il y a aussi des enquêtes glauques et angoissantes, l'enfer des combats à Falloujah et des ombres qui, chaque soir, dansent pour leur public. Entre fantasy et fantastique, Karim Berrouka nous propose un livre où le rire se mélange à l'effroi. Des délires les plus fous aux atmosphères les plus sombres, peut-être bien, au fond que les ballons dirigeables rêvent parfois de poupées gonflables...



Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? Après ma chouette découverte de son Club des punks contre l’apocalypse zombie, je me suis promis de lire tous les textes de cet auteur. Il serait temps de tenir ma parole par le biais de ce service presse.

Pour revenir à un format de chroniques habituel pour un recueil de nouvelles, je vous livre ci-dessous mes impressions à chaud, nouvelle par nouvelle.

L'histoire commence à Falloujah est un excellent début. Mêlant poésie et violence, on y découvre une créature mythologique sous un nouveau jour, loin du carcan manipulateur et rusé qu'on leur prête habituellement. C'est dur en raison du décor de la guerre et de ses bombardements mais c'est beau par la relation de confiance qui se tisse. (16/20)

Concerto pour la résurrection est une idée géniale. Et triste, aussi, quand on y réfléchit bien. Sur le thème de la musique, son âme et non son commerce, on sillonne les sols de métro à la découverte d'une icône, s'approchant sans le savoir de l'ère, de l'air, de la révolte. Le tempo est parfait, la note finale également. Chouette lecture, avec cette idée loufoque et décalée qui me rappelle le fameux Club des punks. (18/20)

J'ai adoré Elle. Déjà parce que le pronom désigne une personne jamais évoquée, tout est dans le non-dit, même si on finit par comprendre étant donné le sujet. Mais ce non-dit va plus loin avec la plume très belle, très métaphorique, littéraire sans être lourde. C'est tout à fait les styles qui m'envoutent dans un roman, je suis heureuse de constater que l'effet est semblable dans une nouvelle. (19/20)

J'ai moins apprécié Éclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité. Pourtant les saynètes sont sympathiques, donnent du rythme, le changement de format surprenant. J'ai surtout moins adhéré au propos, pourtant drôle. (14/20)

J'ai trouvé Dans la terre très beau, très poétique, surtout spirituel, bien loin des textes que j'ai déjà lus de cet auteur. J'ai beaucoup aimé, c'est fin, plein de solitude et d'émotion. (17/20)

Jack et l'homme au chapeau fut une nouvelle cocasse par le brassage des contes mais je trouve que son intérêt s'arrêtait là. Divertissant, j'ai eu le sourire à plusieurs reprises, mais j'en retiendrai finalement peu de chose. (14/20)

Le Siècle des Lumières ne m'a pas touchée autant que cela aurait dû. J'ai adoré le décor de fantasy médiéval, à chaque fois que je tombe sur ce genre j'adhère ! En revanche, je n'ai pas tellement accroché à l'intrigue, même si j'admets la beauté de la fin. (13/20)

Je me suis délectée de De l'art de l'investigation. Bon, la fin est un peu convenue, mais j'ai adoré les apartés de l'inspecteur, comme s'il cassait le quatrième mur, pour nous former sur la manière de traiter un (gros client). Je la relirai avec plaisir ! (18/20)

Le cirque de l'ombre est un récit très noir, cela détonne avec le reste du recueil (et la nouvelle précédente !). J'ai bien aimé mais je ne suis pas sûre qu'elle me marquera dans la durée… (14/20)

Courte mais haletante, Charbon est une nouvelle dure sur fond de guerre. J'en retiendrai les phrases hachées qui retransmettent à la perfection cette ambiance glauque et ces gueules cassées. (15/20)

Je suis passée totalement au travers du Naufrage. Pourtant c'est bien écrit et y'a de l'idée. Mais je ne sais pas, cette malédiction ne m'a pas emportée et je m'en suis très vite désintéressée. (10/20)

J'ai adoré Les Sombres. Très violent pas le thème, par la métamorphose des personnages et créatures, par le discours presque didactique sur le sentiment humain, équilibre précaire qui penche vers la noirceur et le chaos. J'ai adoré comment les vérités qui éclatent sont amenées. (19/20)

D'or et de diamant fut une lecture étrange. Si j'ai aimé l'intrigue en elle-même, je n'ai réussi à faire aucune interprétation derrière. De fait elle est plaisante mais je ne suis pas certaine qu'il m'en reste quelque chose d'ici quelques semaines. (13/20)

A nouveau je suis passée à côté de Théâtre d'ombres. L'idée ne m'a jamais accroché si bien que mes pensées dérivaient souvent au cours de ma lecture. Je préfère donc ne pas la noter car je ne vois pas l'intérêt, sachant que je n'en ai rien retenu.

J'ai beaucoup aimé L'enfant rouge. Ce comique de répétition, cette succession d'intéressés, scientifiques, politiques, religieux, etc, qui montre à quel point ils se ressemblent tous par l'absence de valeurs humaines et sociales… Et j'ai aimé la fin, poétique. (15/20)

… comme un ange gardien. offre une ambiance fantastique glauque, à la limite de l'horreur. Une femme est sur le point d'accoucher, alors elle fait le trajet jusqu'à la maternité en compagnie de son mari. Sauf que le chemin, comme celui de l'enfantement, est semé d'embûches. Excellent ! (18/20)

Malgré son sujet, Le Piano ne m’a pas particulièrement émue, hormis la fin qui n’est pas sans rappeler le thème précédent et son chemin semé d’embûches. Intéressante mais malheureusement trop vite oubliée, d’autant plus que la nouvelle est très courte. (12/20)

Je me suis bien amusée à lire les déboires de planètes dans Conjonction. Je croyais au début être revenue au temps de la mythologie greco-romaine (au temps pour moi !). Cette nouvelle se rapproche du génie que j’apprécie tant chez cet auteur, personnifiant des astres pour leur donner des traits plus qu’humains. Le tout sert deux buts, deux thèmes majeurs, importants, le fardeau de l’humanité, le fardeau qu’est l’humanité, ces petites choses, et le mal du siècle, que chacun, à son échelle, ressent. Magistral ! (19/20)

Clothilde court dans la forêt est une nouvelle très poétique. Courte, elle évoque elle aussi le sentiment dans son état le plus pur. J’ai toujours du mal à garder en mémoire les nouvelles qui manquent de corps, qui se font simples émotions, j’espère que celle-ci sera l’exception. (15/20)

Ils sont cinq clot magnifiquement ce recueil. Si j’ai senti venir la chute, j’ai adoré la mécanique, qui fait redécouvrir le maelstrom des sens. Le processus est bien pensé et, si on n’a pas compris, la chute en devient plus belle. De mon côté, ça ne m’a pas empêchée de me régaler, d’autant plus que la nouvelle m’a ouvert les yeux sur le sujet au cœur de ce recueil : l’homme. (18/20)

Mes notes sont inégales et ne regardent que moi, mais je suis agréablement surprise par le niveau littéraire de l’auteur. Loin de tremper dans le même ton vulgaire, décalé, loufoque de son Club des punks, Karim Berrouka étale ici toute la maîtrise de la langue en alternant les tons, les genres, les différentes formes de langage. On adhère ou non aux textes, mais la plume, elle, sublime l’ensemble.



Il ne faut pas se laisser influencer par la réputation des romans plus déjantés de Karim Berrouka, c’est un recueil exceptionnel qu’il nous livre ici. Exceptionnel par la multitude des sujets, exceptionnel par le style et la plume. Les sujets divergent complètement, pourtant ils servent à merveille le dessein de l’auteur : dresser une image déconcertante de l’humanité, toujours dans le but de nous faire réfléchir sur nos actes et leurs conséquences. Des textes inégaux avec penchant vers le bon voire très bon, en tout cas j’en garderai un excellent souvenir.



16/20





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