25 juin 2021

La Fille aux mains magiques




Chidera est une enfant malheureuse, mal aimée par ses parents. Elle rencontre un jour des esprits dans la forêt, qui vont tracer un tatouage sur sa main, et lui transmettre leur art Uli. Désormais, la magie des dessins de Chidera va, elle, métamorphoser la tristesse en joie.



Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? Déjà conquise par les deux premiers romans sortis dans cette collection Graphic, conquise par les romans de Nnedi Okorafor, j’avais envie de me plonger dans ce croisé.

C’est une histoire simple mais une histoire très belle. Une enfant, Chidera, connaît une vie morose, bel euphémisme pour évoquer la violence familiale et le manque d’amour. Au détour d’un chemin, elle va faire la rencontre de sa destinée, et les choses vont alors évoluer progressivement. La petite fille d’apparence fragile va alors nous apprendre ce que c’est que croire, croire en soi et en son potentiel.
Pour un récit si peu épais, ponctué de dessins, j’ai trouvé que l’autrice prenait agréablement son temps pour poser les fondations de son récit, pour faire évoluer la situation de la petite. Évidemment, j’ai adoré la place de l’art dans la narration, tous les changements bénéfiques que son usage entraîne, dans le nid familial mais également sur les autres membres de la société.
C’est surtout la fin qui m’a bluffé. Je m’attendais bien entendu à un happy end, cela met une touche finale à tant de positivisme et cela fait vraiment du bien au moral. Et la morale, c’est justement le cœur de cette fin. Peut-être est-ce parce que j’écris, peut-être est-ce parce que je m’essaye au digital painting, j’ai été directement touchée par le dernier paragraphe, d’une simplicité et d’une vérité confondantes.

Mieux encore que dans les deux précédents titres (L’Hypothèse du lézard et La Guerre des trois rois), les dessins de Zariel ne font pas qu’illustrer l’histoire mais accompagnent son évolution dans le trait, les couleurs, comme si c’était Chidera qui avait composé les portraits et décors, directement dans ce “cahier”. C’est bien pensé, bien mis en scène, j’ai adoré cette plongée aux couleurs africaines.
Petit plus pour moi, le nom de l’illustrateur est de même taille et même police de caractères que l’autrice, ça marque mon propos ci-dessus comme quoi les dessins accompagnent le texte - et si ça me semble normal que le nom d’un illustrateur apparaisse aussi visiblement sur la première de couverture, ce n’est pas le cas de tous les éditeurs, c’est pour quoi je le relève ici.

J’ai beaucoup aimé Chidera. Malgré ce qu’elle a subi, elle est restée forte et maîtresse d’elle-même. Elle a su s’évader par le dessin et apporter du baume au cœur à tous ceux qui manquaient d’imagination. J’ai aimé qu’elle partage les aléas de son art avec les autres filles, pourtant les premières à la critiquer ou à la repousser, par jalousie ou par bêtise. L’enfant nous coupe le sifflet en nous apprenant le pardon et le partage, la tolérance.
On a forcément du mal à s’attacher aux parents mais je voulais quand même revenir sur eux car à aucun moment ils ont empêché Chidera de prendre son envol dans l’art et c’est un point bénéfique pour eux car dans l’état de leur finance, ils auraient tout bonnement pu la contraindre à arrêter et à étudier plus encore ou à les aider à gagner de l’argent. Qu’ils l’aient laissée faire pour ensuite assister à sa réussite, c’est une jolie leçon - bien que peu réaliste.

Sans surprise, j’ai adoré le style léger de Nnedi Okorafor, presque un conte pour enfant destiné aux plus vieux, pour sa légèreté et la morale finale.



Un livre merveilleux que toute personne devrait avoir lu (qui sait, cela ferait peut-être surgir de nouveaux artistes ?). Le parallèle entre récit et illustrations est ingénieux et nous en met plein les yeux. Chidera est une force de la nature et nous en insuffle une partie, notamment à la fin, qui m’a beaucoup touchée. Un récit marquant qui me restera en tête un moment et que je relirai avec grand plaisir.



18/20




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