Brooklyn. Quentin, dix-sept ans, est
un adolescent brillant mais il ronge son frein, prisonnier d’un monde
désespérément ennuyeux, en attendant d’intégrer une université de prestige.
Comme il regrette le temps de son enfance où les Chroniques de Fillory l’entraînaient
dans un univers magique où tromper son ennui! Mais sa vie se transforme le jour
où, à sa grande stupeur, il est admis à la faculté de Brakebills, une école
extrêmement élitiste et secrète qui forme des magiciens. Cinq années d’un rude
et dangereux apprentissage l’y attendent. Mais le monde réel, même revu par la
magie, n’apporte pas forcément le bonheur. Ce qu’il faudrait, c’est que
l’univers de Fillory, celui des contes de son enfance, ne soit pas un monde
imaginaire. Qui sait?…
Mon
avis :
Je dois avouer que je ne suis pas certaine d’avoir lu
ce livre si je n’avais pas les opinions divergentes et le débat que ce dernier
suscite sur la blogosphère. Mais maintenant que ma lecture est terminée, je
comprends très bien d’où le décalage provient.
L’univers commence d’emblée de manière spéciale. On
découvre un personnage complètement dépassé par les événements, déprimé de voir
avec son meilleur ami la fille qu’il considère alors comme la femme de sa vie. Si
j’ai eu l’audace d’en déduire que cette pesanteur disparaîtrait avec son entrée
dans le décor, je me suis bien vite détrompée.
Mais restons sur le thème de l’école. Apparaissant
très vite dans l’intrigue, mais tout de même moins vite que ce que à quoi on
peut s’attendre, elle n’est là malheureusement qu’en temps que décor de l’histoire,
reléguée au second plan. Je trouve que le livre n’est pas assez imprégné de sa
description, si bien qu’on a du mal à se la représenter, autant extérieurement
qu’intérieurement. Pour tout vous dire, j’avais l’impression d’un mélange entre
le sérieux d’Harvard et une petite touche de Poudlard (allez savoir pourquoi ?!).
Je trouve également dommage que ce premier tome ne
soit pas pleinement consacré aux études. On sent bien l’importance de la magie
pour les affaires futures, dans le quotidien ou les quêtes insensées. Or ici,
on passe bien vite sur l’apprentissage de cette dernière, peut-être la moitié
du livre – et encore ! Si la magie et l’école servent de décors, l’intrigue
se concentre davantage sur les relations entre les élèves, qu’elles soient
bonnes ou mauvaises. Et toujours cette atmosphère déprimante, comme si Quentin
et sa clique n’arriveraient plus jamais à rire pour le simple fait d’éprouver
de la joie.
La fin est la partie qui m’a le plus déçu. Certes,
elle est loin d’être prévisible, cela va sans dire, mais elle part dans une
sorte de free style dont la ressemblance avec une autre œuvre de renom frôle
dangereusement le plagiat. Si l’ambiance pensante m’a particulièrement plu par
son originalité, ce troisième tier de l’intrigue m’a complètement déplu, si
bien que je ressors globalement mitigée de cette lecture.
Par leur dépression, les personnages ne sont pas
attachants mais détiennent une force de survie qui nous pousse à les côtoyer
sans rechigner tout au long de l'œuvre. On est subjugué par eux jusqu'à la fin,
se demandant sans cesse ce qui va leur tomber dessus.
Quentin est bien sûr au centre de l’attention. La
mentalité controversée et les nombreuses phases psychologiques dont il fait
preuve le tirent tout droit vers une originalité dérangeante. On ne peut pas
dire qu’on s’attache à lui comme j’ai déjà pu l’insinuer, il n’en est pas moins
intriguant et on cherche à vivre les aventures au même titre que lui.
Eliott est un personnage du même type. Plus sombre,
plus réaliste, il incarne le portrait type du cancre de la classe, un cancre
extrêmement surdoué, avec des idées préconçues réalistes. S’il contribue à l’ambiance
tortueuse de l’ensemble de l’œuvre, cela n’amenuise en rien son importance dans
les aventures qu’ils seront amenés à vivre.
Parmi les personnages féminins se découvrent Janet et
Alice. L’une libérée et séductrice, l’autre introvertie et studieuse, elles
auront toutes deux leur importance dans les études et la motivation de Quentin,
à bien des égards. Si l’autre peut amuser par son comportement, l’une peut
parfois agacer, et vice versa, etc.
Tous seront amenés à côtoyer d’autres individus, c’est
inévitable quand l’intrigue se déroule dans une école. Mais les autres ne m’ont
pas autant marqué. Et certains, que l’on croyait mystérieusement oubliés dés le
début de l’œuvre, refont surface au moment qui s’y prête le moins…
Le style devient de plus en plus sombre et pesant au
fil du texte, rendant la lecture plus laborieuse. Il faut savoir s’accrocher
pour parvenir à la fin du livre (en espérant que cela vaille le coup).
En
conclusion, une lecture laborieuse et
tortueuse si on ne prend en compte que l’ambiance générale de l’œuvre. Mais l’intrigue
vaut le coup d’être découverte, du moins si on oublie le dernier tiers qui
frise avec le plagiat. Les personnages sont en complète osmose avec l’ambiance
lourde, empêchant ainsi le parfait attachement. Un livre de choix pour les
lecteurs amateurs d’originalité, de mon côté j’en ressors mitigée.
Les autres titres de la saga :
1. Les Magiciens
2. Le Roi Magicien
3. La Terre du Magicien
- saga en cours -
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