24 févr. 2016

Tellucidar, tome 1

Synopsis :

            Vous croyez connaître ce monde? Lucas, 18 ans, dans sa petite ville tranquille, le croyait aussi... Mais quand une machine extraordinaire, à mi-chemin entre un insecte, une foreuse et une locomotive sort de la terre juste sous ses yeux, ses certitudes commencent à vaciller. Quand s’en échappe une inquiétante silhouette pas tout à fait humaine qui traîne derrière elle une jeune fille inconsciente aux cheveux blancs, aux yeux violets, aux pouvoirs extraordinaires, habillée comme une princesse aztèque, c’est l’impossible qui devient réel. Et quand cette jeune fille nommée Korè lui dit venir d’un monde situé sur la face intérieure de la Terre, que les hommes partagent avec les descendants des dinosaures, et que ce monde en danger a besoin d’un héros, c’est la Grande Aventure qui s’invite à sa porte... Voulez-vous la vivre avec eux ? Tellucidar vous attend.

Mon avis :

            Je tiens tout d’abord à remercier la Team Livraddict et les éditions Scrinéo pour ce partenariat. Si ce fut d’abord la couverture qui m’a tapée dans l’œil, cette maison d’édition était pour moi une valeur sûre, n’ayant eu que de bonnes découvertes et la quatrième de couverture m’a achevée de me convaincre.

            La première chose que j’ai à dire, c’est que je fus captivée par l’intrigue. Difficile de poser le livre pour m’adonner à une autre activité, je souhaitais à tout prix savoir où cela nous mènerait en ce qui concerne les personnages et leurs aventures, de quelle manière cela se terminerait, etc.
           
Le prologue nous plonge très vite dans l’ambiance générale du livre. Rédigé à la première personne, ce choix donne l’impression que le lecteur est impliqué au même titre que le journaliste qui a reçu un mystérieux colis, à l’origine inconnue mais au contenu très surprenant. De ce fait, l’auteur pose le premier jalon de ce qui sera, tout au long du récit, l’énigme première.
            L’intrigue en elle-même est courante dans les parutions fantastiques dédiées à la jeunesse : un parent mystérieusement envolé, un indice quelconque ou surprenant qui va atterrir entre les mains d’un adolescent en quête de réponses, prêt à tout pour les obtenir, même à partir à l’aventure aux côtés de personnages hétéroclites dans des contrées imaginaires. Certes, j’annonce le spitch avec une certaine indifférence, mais je peux vous assurer que Tellucidar, une histoire autant vue soit-elle, m’a transportée du début à la fin !
            Il n’est pas très utile de revenir sur le synopsis, le résumé présenté ci-dessus ou sur la quatrième de couverture recouvre parfaitement ce qu’il faut savoir pour donner l’eau à la bouche.
            Ce que je souhaiterai ajouter, en revanche, c’est la manière dont ce livre se dévore. Jean-Luc Marcastel a rédigé son premier tome de façon à ne jamais laisser place à l’ennui. A chaque chapitre, à chaque page, une information (capitale) importante nous est révélée ou une action désespérée est entreprise, dans le but de faire bouger les choses ou de parvenir à leur fin : la région de Tellucidar. De plus, chaque chapitre se termine de façon à donner envie de commencer le suivant sur le champ, tant l’auteur maîtrise l’art du suspens et les rebondissements retentissants.
            Malgré mon plaisir certain, je fus néanmoins un peu plus déçue par la seconde moitié du livre. Si les actions décrites sont tout à fait cohérentes et réalistes, la partie militaire prend malheureusement trop de place, ce qui empêche de parvenir à ce qu’on attend le plus… Ainsi les contrées inconnues seront seulement visitées au tome suivant, si bien que ce premier volume se ressent comme un tome introductif appréciable.

            Il faut également savoir que Jean-Luc Marcastel détient une maîtrise parfaite de notre langue (et il le vaut mieux quand on a le statut d’auteur) mais il en joue de façon plaisante et envoûtante, n’hésitant pas à insérer beaucoup d’adjectifs soutenus pour décrire ses décors ou ses personnages. De mon point de vue, je trouve que cela relève le niveau du récit et donc de l’intrigue par excellence.
            De plus, il insère dans sa narration énormément de références à la Fantasy et la Science-Fiction, contemporaine ou classique comme Abraham Merritt, Edgar Rise Burroughs, avec son cycle de Pellucidar (vous la sentez, la référence ?) Star Trek, etc, ce qui prête à sourire mais développe également la curiosité du lecteur quant à ces auteurs, du moins pour ceux en quête d’une culture générale.
            Enfin, l’auteur adresse une critique acérée de notre société, notamment à l’égard des systèmes économiques, comme le capitalisme et la corruption mais également d’un point de vue environnemental en pointant du doigt les ravages de la déforestation.

            J’ai également aimé l’immersion par les images insérées au cœur des pages. Cela permet de visualiser parfaitement les décors et les personnages décrits par l’auteur, empêchant certes la propre imagination du lecteur de s’épanouir. Toutefois, je n’ai pas trouvé cela handicapant dans le sens où l’intrigue se suit vraiment avec une facilité étonnante, si bien que l’on ne s’arrête pas pour ce défaut, on dévore littéralement le livre.

            Concernant les personnages, ceux-ci sont pour la plupart très attachants, à commencer par Lucas. Jeune homme qui se cherche encore, il se complaît à vivre dans un monde fantaisiste, avec des personnages sortis tout droit de la Science-Fiction. Conscient d’être un geek aux yeux de tous, il semble entretenir peu de relations amicales, n’évoquant en réalité que Charles Kirov. Lucas vit aux dépens de son oncle Patrick, son père ayant mystérieusement disparu et sa mère étant décédée d’une maladie.
            Patrick est le personnage qui m’a le plus plu. D’abord gentil et maladroit, n’ayant jamais eu de famille, son comportement va très vite évoluer pour devenir surprenant. Si ces changements m’ont d’abord déplu, je fus tout de même curieuse d’en savoir plus sur son passé et les petites révélations m’ont finalement conquise.
Koré est une jeune beauté exotique et sauvage. Si elle semble faire confiance facilement, sa félinité et sa féminité en font une personne redoutable pour qui ne serait pas sur ses gardes. Si j’apprécié énormément le physique de cette figure d’amazone, j’ai en revanche un peu moins aimé les termes plus qu’appréciateurs de l’auteur à son sujet : à chaque fois qu’il l’évoque, il ne peut s’empêcher de glisser des adjectifs ou des périphrases très mélioratifs, à un point où cela frise le ridicule. Pour tout vous dire, je crains que ce ne soit le point le plus négatif dans tout ce que j’ai retenu de ce livre.
            On découvre avec beaucoup d’humour Kshaann, le dinosaure qui n’en était pas un. Précepteur de Koré, il choisit ses mots avec soin et adopte un comportement très frigide quand on le traite de dinosaure, lui qui sait à quoi cela ressemblait ou encore l’insulte quand on traite quelqu’un de la sorte. Pour que vous compreniez l’étendue de sa personnalité, l’auteur lui-même avoue dans les appendices du volume qu’il voulait que son Cohuatli détienne les traits caractéristiques de Spock.
            Cette petite bande sera aidée par Charles Kirov, qui pactisera avec l’ « ennemi » si l’on en croit son père. Discret, il ne sera pas un personnage central du premier tome malgré les compétences qui n’attendent qu’à sortir.
            Du côté des forces obscures se trouve Michaël Kirov, le père de Charles. Charismatique dans son rôle de méchant, il fait clore le livre en beauté et donne vraiment envie de lire la suite de cette aventure. Mon seul regret le concernant est qu’il sera en recul de cette intrigue, si bien que j’attends vraiment une présence plus marquée par la suite.

            Auprès des personnages, une dernière chose m’a déplu, c’est ce début d’idylle trop prévisible. Malgré des rebondissements, le flirt continue et j’ai trouvé cela fatiguant à la longue.

            Du point de vue du style de l’auteur, je l’ai déjà évoqué, mais il est important de revenir sur cette plume vive et entraînante qui se prête vraiment à une lecture légère et rapide. C’est un gros point positif pour l’œuvre car on ne voit vraiment pas la lecture défilée !
           

            En conclusion, un tome introductif captivant où les personnages hétéroclites foisonnent et nous envoûtent par leur personnalité différente. Si certains défauts petits défauts parsèment l’intrigue, l’action et la plume de l’auteur contribuent largement à relever le niveau et on plonge dans le livre dés les premières pages.



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