10 avr. 2019

Route 666




C'est l'ennemi public n° 1. L'individu le plus dangereux des Etats Unis. Le seul assez fou pour traverser l'Enfer qui sépare Los Angelès de Boston. Le seul capable d'apporter des secours aux pestiférés de la côte Est. Pour le convaincre, les autorités lui donnent le choix : mourir sur la chaise électrique ou s'embarquer dans une mission suicide. Hell Tanner le dernier des Anges à moto n'hésite pas et fonce à travers le continent dévasté par la guerre atomique. Mais ira-t-il jusqu'au bout ?



Pourquoi ce livre ? C’est une amie de fac qui l’a lu à côté de moi et qui semblait scotchée par le récit, le présentant par la suite comme un road trip glaçant. Comme c’est un genre que j’affectionne dans le paysage fictif depuis ma lecture des Damnés de l’asphalte, je me suis empressée de l’acheter et, si j’ai mis un an pour le sortir de ma PAL, je ne regrette pas.

J’ai toujours craint de découvrir du Zelazny en dehors de son cycle des Princes d’Ambre, la plus réputée de ses œuvres qui, pourtant, ne m’intéresse que moyennement après la lecture des deux premiers tomes. Toutefois je ne suis pas du genre à m’arrêter sur un semi échec, surtout quand je reconnais les capacités littéraires et scénaristiques de l’auteur. Ainsi je lui laisse une chance supplémentaire via ses one shot (dont le deuxième est un service presse que vous devriez voir apparaître d’ici un mois sur le blog).

Route 666 est donc un road trip dans un monde apocalyptique. Le paysage est désertique et les créatures qui rôdent ont vu leur taille croître de façon cauchemardesque. Faites-vous attaquer par un ban de chauve-souris ou une araignée géante, vous ne risquez pas de faire le fier. Hell Tanner, protagoniste du récit, représente bien son univers. À l’image de son prénom (pour rappel pour les non-bilingues comme moi, cela signifie enfer en anglais), sa mission va l’entraîner au cœur de ces terres hostiles, dans le but de délivrer un traitement précieux pour soigner l’épidémie de Boston, dernières grosses villes américaines encore debout.

Si l’intrigue part d’un bon fond en exposant les conséquences climatiques, les dangers de la science et de la drogue, mais également le conformiste, un élément que je pensais jamais voir apparaître dans un tel récit, j’ai trouvé dommage que l’on ne craigne jamais pour la vie du personnage. En effet, ce dernier voyage dans une voiture blindée, avec un tas d’armes et de projectiles qui rendent son fort ambulant inviolable. Lui-même ne semble pas apeuré par le danger, lui qui a déjà fait cette traversée par le passé. Ainsi existe-t-il deux poids, deux mesures entre l’univers présenté comme un danger sans fin, une terre inhabitable pour personne, et le personnage lui-même, qui frôle la limite de l’indifférence. Un peu plus de crainte de sa part aurait rendu l’univers plus poignant.

Néanmoins le livre se lit comme un page turner. Ne comptant que deux cents vingt pages, il ne contient aucun chapitre et cela contribue à nous “tirer” toujours plus loin dans l’intrigue, jusqu’à finalement atteindre la fin. Toutefois le style est dur, presque synthétique. Il ne s’embarrasse pas de détails ni de poésie, délivrant son message avec clarté. Je ne pense sincèrement pas que le style soit adapté à un trop jeune public et réserverai ainsi ce récit à l’âge adulte, du moins à un lecteur mûr.

Les personnages sont brutaux. Dans un univers où la survie prime avant le confort, du moins sur les routes, les personnalités se développent dans ce sens et Hell Tanner ne s’embarrasse pas - à l’image de la plume - de détails inutiles. Dans son caractère, il a raison car il sait comment survivre, tout le monde doit s’y plier. Pourtant, une certaine ironie plane autour de lui, chose que l’on retrouvera d’ailleurs à la fin. Cette ironie flirte avec le cynisme ou l’humour noir, cependant j’ai perçu cela comme une bouée d’air frais entre deux passages sérieux. Ça détend, ça équilibre la noirceur de l’intrigue, ça surprend.



Cette lecture ne m’a pas autant chamboulé que prévu. Si j’ai aimé le road trip sur les décors de Mad Max, avec cet univers apocalyptique, ces terres désolées et ces créatures immenses, l’absence de véritables dangers envers le protagoniste ne m’a pas convaincu. Le personnage en lui-même est cohérent avec son univers, ce n’est pas décevant en soi, et la touche d’humour qu’il divulgue est suffisante pour permettre un équilibre. Le style est semblable à l’univers, aride et synthétique. Une bonne découverte, qui nécessite un excellent niveau de lecture.



14/20




2 commentaires:

  1. Sympa mais un peu linéaire, de l'auteur j'ai préféré Le songe d'une nuit d'octobre qui vient de sortir en poche. Drôle et décalé.

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    1. Je dois le lire aussi, Le songe d'une nuit d'octobre. J'étais allée lire ta chronique (en diagonale pour me laisser toute surprise, je reviendrai quand ce sera fait) et elle m'avait grandement donnée envie de me plonger dedans ! Du coup j'attends le SP avec impatience ;)
      Pour Route 666, je suis d'accord, il est sur une route, il avance, et voilà. Un peu décevant, mais ça se lit quand même ;)

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