7 mars 2016

La chanson de Régina

Synopsis :

            Vétérans de la guerre du Vietnam, Lester Greenleaf, patron d'une entreprise, et Ben Austin, son employé, sont restés très proches malgré leurs différences sociales. Et après l'enfer de la guerre, revenus au pays, ils ont partagé la joie des naissances. D'abord celle de Mark Austin, puis, sept ans plus tard, celle des jumelles Regina et Renata Greenleaf. Une occasion, pour Mark, de jouer les grands frères protecteurs... et d'approfondir l'amitié entre les deux familles. Aidé par Lester, Mark fait son petit bonhomme de chemin. Très doué pour les études, il entre à l'université. Quant aux jumelles, encore au lycée, elles brillent de tous leurs feux ! Seul petit problème, elles se ressemblent tellement que leur mère elle-même est incapable de les distinguer... Et les deux sœurs jouent à fond le jeu de la confusion ! La comédie devient un drame quand une des deux est violée puis assassinée. La jumelle épargnée - Renata, selon ses parents - sombre dans la démence. Folle de chagrin, elle se réfugie dans le monde secret que sa sœur et elle avaient inventé enfants. Etrangement, seul Mark parvient à l'en tirer. Mais a-t-il pour autant brisé le lien qui, par-delà la mort, unissait une survivante désespérée et une victime assoiffée de vengeance ?

Mon avis :

            Comme j’avais pu le dire précédemment sur le blog, j’étais très curieuse de découvrir une œuvre des Eddings, car ils sont tout de même réputés dans le milieu de la Fantasy. J’ai pourtant commencé avec un One shot sans rapport avec cette dernière, souhaitant préparer le terrain (si je puis dire).
            Si j’en ressors à peu près convaincue, je ne promets pas que la chronique soit très développée…

            Ce qui est paradoxal, c’est que j’ai dévoré ce livre, mais de manière plutôt, pour ne pas dire tout à fait négative.
            Le prologue commençait pourtant bien. Les deux auteurs nous immergent dans une ambiance bonne enfant et familiale, avec deux familles unies par l’amitié sincère, renforcée par des naissances et une fraternité attirante entre les enfants des deux familles. Et à la fin de ce chapitre, deux drames : les uns perdent une enfant, un autre ses parents. En l’espace d’un chapitre, le lecteur est témoin de la beauté de la vie et de la tragédie qui sont irrévocablement liées. Autant dire que cela plante le décor, avec des passages à l’ambiance étrangement fraternelle ou amicale et d’autres où la morosité s’ancre comme une verrue sur le nez d’une sorcière (pas taper…).
            Le speech partait bien, j’étais vraiment intriguée de savoir comment Renata (ou Regina ?) allait survivre à cette tragédie, comment elle allait se relever et, surtout, comme le fantastique prendrait le pas sur l’enquête policière comme le promettait la quatrième de couverture.
            Et c’est LA que je fus déçue. Car si le travail psychologique et la réinsertion dans la vie de tous les jours sont des processus clés de la guérison, ils prennent trop le pas sur l’intrigue, si bien qu’il faut patienter plus de la moitié du livre pour que des phénomènes concrets apparaissent. De plus, le fantastique est davantage lié à une psychologie mortifiée par une perte, entraînant de ce fait des séquelles traumatiques, plutôt que de réels phénomènes paranormaux. Je trouve dommage, car les promesses alléchantes du synopsis ne sont ainsi pas tenues.
            Et la fin est assez inhabituelle, se terminant sur une note joyeuse alors que tout le récit évoque des drames.

            De l’intrigue il y a vraiment une chose que j’ai apprécié particulièrement, c’est la pension dans laquelle va s’installer Mark pour se rapprocher de la tante de Renata où cette dernière échouera. Cette pension offre tout le confort d’une maison conviviale où les membres se respectent et se connaissent assez pour se taquiner, jusqu’il faut. Un endroit où chacun met à contribution ses petits dons de bricoleur pour en faire un lieu de vie convenable et sain. En fait, cette pension se voit comme une sorte d’auberge espagnole bien connue, où personnages et lecteurs prennent plaisir à évoluer.
            Et puis il ne faut pas oublier les satires disséminées ça et là, comme par exemple celles dressées contre les hôpitaux psychiatriques (et leurs tendances médicamenteuses), les journalistes ou encore la justice.

            Le choix de la narration à la première personne est très pertinent, car le lecteur est pris à part entière dans le récit. On a l’impression d’être immergé dans le drame familiale et on se sent presque touché parce qu’on découvre dans les premiers chapitres, la douleur et les essais pour se relever.

            Je n’ai pas trouvé les personnages très marquants, mais ils n’en sont pas moins attachants.
            La souffrance de Renata et son caractère changeant est bien sûr le pivot du livre, mais la force confiante de Mark contrebalance cet équilibre. Si les médecins nos offrent une vision plus pessimiste et pragmatique de la vie, les pensionnaires et colocataires de notre jeune professeur tendent à nous en montrer les plus belles aspérités.

            Le style n’est pas marquant, on peut même dire qu’il reste neutre. Si les termes sont précis et les tournures de phrases accrocheuses, le lexique n’est pas difficile et peut s’adapter pour tout âge, si bien que ce livre peut se découvrir dés l’adolescence, tout en faisant passer un agréable moment auprès des adultes.


            En conclusion, je m’attendais à une lecture plus paranormale que cela. Finalement, tout repose sur le parallèle entre une enquête policière et le traumatisme d’une jeune adulte après la disparition de sa jumelle. Si les personnages sont attachants, la lenteur dans laquelle on progresse tout au long de cette intrigue. Une lecture agréable mais qui s’oubliera malheureusement vite…




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire