Vétérans de la guerre du Vietnam,
Lester Greenleaf, patron d'une entreprise, et Ben Austin, son employé, sont
restés très proches malgré leurs différences sociales. Et après l'enfer de la
guerre, revenus au pays, ils ont partagé la joie des naissances. D'abord celle
de Mark Austin, puis, sept ans plus tard, celle des jumelles Regina et Renata
Greenleaf. Une occasion, pour Mark, de jouer les grands frères protecteurs...
et d'approfondir l'amitié entre les deux familles. Aidé par Lester, Mark fait
son petit bonhomme de chemin. Très doué pour les études, il entre à
l'université. Quant aux jumelles, encore au lycée, elles brillent de tous leurs
feux ! Seul petit problème, elles se ressemblent tellement que leur mère
elle-même est incapable de les distinguer... Et les deux sœurs jouent à fond le
jeu de la confusion ! La comédie devient un drame quand une des deux est violée
puis assassinée. La jumelle épargnée - Renata, selon ses parents - sombre dans
la démence. Folle de chagrin, elle se réfugie dans le monde secret que sa sœur
et elle avaient inventé enfants. Etrangement, seul Mark parvient à l'en tirer.
Mais a-t-il pour autant brisé le lien qui, par-delà la mort, unissait une
survivante désespérée et une victime assoiffée de vengeance ?
Mon
avis :
Comme j’avais pu le dire
précédemment sur le blog, j’étais très curieuse de découvrir une œuvre des
Eddings, car ils sont tout de même réputés dans le milieu de la Fantasy. J’ai
pourtant commencé avec un One shot sans rapport avec cette dernière, souhaitant
préparer le terrain (si je puis dire).
Si j’en ressors à peu près
convaincue, je ne promets pas que la chronique soit très développée…
Ce qui est paradoxal, c’est que j’ai
dévoré ce livre, mais de manière plutôt, pour ne pas dire tout à fait négative.
Le prologue commençait pourtant
bien. Les deux auteurs nous immergent dans une ambiance bonne enfant et
familiale, avec deux familles unies par l’amitié sincère, renforcée par des
naissances et une fraternité attirante entre les enfants des deux familles. Et
à la fin de ce chapitre, deux drames : les uns perdent une enfant, un
autre ses parents. En l’espace d’un chapitre, le lecteur est témoin de la
beauté de la vie et de la tragédie qui sont irrévocablement liées. Autant dire
que cela plante le décor, avec des passages à l’ambiance étrangement
fraternelle ou amicale et d’autres où la morosité s’ancre comme une verrue sur
le nez d’une sorcière (pas taper…).
Le speech partait bien, j’étais
vraiment intriguée de savoir comment Renata (ou Regina ?) allait survivre
à cette tragédie, comment elle allait se relever et, surtout, comme le
fantastique prendrait le pas sur l’enquête policière comme le promettait la
quatrième de couverture.
Et c’est LA que je fus déçue. Car si
le travail psychologique et la réinsertion dans la vie de tous les jours sont
des processus clés de la guérison, ils prennent trop le pas sur l’intrigue, si
bien qu’il faut patienter plus de la moitié du livre pour que des phénomènes
concrets apparaissent. De plus, le fantastique est davantage lié à une
psychologie mortifiée par une perte, entraînant de ce fait des séquelles
traumatiques, plutôt que de réels phénomènes paranormaux. Je trouve dommage,
car les promesses alléchantes du synopsis ne sont ainsi pas tenues.
Et la fin est assez inhabituelle, se
terminant sur une note joyeuse alors que tout le récit évoque des drames.
De l’intrigue il y a vraiment une
chose que j’ai apprécié particulièrement, c’est la pension dans laquelle va s’installer
Mark pour se rapprocher de la tante de Renata où cette dernière échouera. Cette
pension offre tout le confort d’une maison conviviale où les membres se
respectent et se connaissent assez pour se taquiner, jusqu’il faut. Un endroit
où chacun met à contribution ses petits dons de bricoleur pour en faire un lieu
de vie convenable et sain. En fait, cette pension se voit comme une sorte d’auberge
espagnole bien connue, où personnages et lecteurs prennent plaisir à évoluer.
Et puis il ne faut pas oublier les
satires disséminées ça et là, comme par exemple celles dressées contre les
hôpitaux psychiatriques (et leurs tendances médicamenteuses), les journalistes
ou encore la justice.
Le choix de la narration à la
première personne est très pertinent, car le lecteur est pris à part entière
dans le récit. On a l’impression d’être immergé dans le drame familiale et on
se sent presque touché parce qu’on découvre dans les premiers chapitres, la
douleur et les essais pour se relever.
Je n’ai pas trouvé les personnages
très marquants, mais ils n’en sont pas moins attachants.
La souffrance de Renata et son
caractère changeant est bien sûr le pivot du livre, mais la force confiante de
Mark contrebalance cet équilibre. Si les médecins nos offrent une vision plus
pessimiste et pragmatique de la vie, les pensionnaires et colocataires de notre
jeune professeur tendent à nous en montrer les plus belles aspérités.
Le style n’est pas marquant, on peut
même dire qu’il reste neutre. Si les termes sont précis et les tournures de
phrases accrocheuses, le lexique n’est pas difficile et peut s’adapter pour
tout âge, si bien que ce livre peut se découvrir dés l’adolescence, tout en
faisant passer un agréable moment auprès des adultes.
En
conclusion, je m’attendais à une lecture plus paranormale que cela.
Finalement, tout repose sur le parallèle entre une enquête policière et le
traumatisme d’une jeune adulte après la disparition de sa jumelle. Si les
personnages sont attachants, la lenteur dans laquelle on progresse tout au long
de cette intrigue. Une lecture agréable mais qui s’oubliera malheureusement
vite…
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