Parce qu’elle était
trop grande et parce qu’elle avait trop de formes, Shara Drummond, malgré son
talent, ne correspondait pas aux standards de la danse moderne, lui interdisant
de faire carrière... sur Terre.
Mais dans l’espace,
libérée de la gravité, tout est de nouveau possible, quitte à réinventer sa
discipline et devenir la première à danser en chute libre.
Et quand les extraterrestres sont apparus dans le Système solaire, c’est elle qui nous a sauvés.
Et quand les extraterrestres sont apparus dans le Système solaire, c’est elle qui nous a sauvés.
Moi, Charles Armstead,
son opérateur vidéo, son ami, j’étais là quand elle effectua sa Danse des
étoiles. J’ai tout enregistré.
Y’a une petite anecdote entre moi et
ce livre. En effet, j’ai croisé sa route pour la première fois au Salon du
Livre de mars 2015. J’avais demandé à l’éditeur de me « vendre »
cette parution, et il me l’a tellement bien vendu que j’ai eu du mal à le
croire et j’ai finalement passé mon chemin au stand suivant (Mnémos, où j’ai
acheté L’ange blond de Laurent
Poujois, dernier coup de cœur en date sur le blog !).
J’ai
croisé pour la deuxième fois ce livre sur une étagère de ma petite
bibliothèque. Je ne pouvais pas laisser passer sa chance deux fois, tout de même !
L’éditeur m’avait précisé que la plume était envoûtante et extrêmement précise,
à tel point que nous pouvions visualiser les chorégraphies. Je me suis fait un
point d’honneur par vérifier ses dires par moi-même.
Pour
commencer par l’intrigue, je regrette que le synopsis en dévoile trop,
notamment sur les extraterrestres. Cela supprime le potentiel de Shara, que le
lecteur aurait pu découvrir lors de sa lecture. Du coup, la surprise n’est plus
aussi puissante et on perd l’originalité de l’œuvre…
Pour
poursuivre sur l’intrigue liée à ces extraterrestres, j’ai trouvé que la fin
était vraiment tirée par les cheveux. Les auteurs posent des postulats sur la genèse
de la Terre, des humains, avec de nouvelles entités. Si tout ce qui est stipulé
se tient par le jeu de l’intrigue, j’ai trouvé que c’était vraiment un
phénomène trop « gros » pour y croire vraiment. Cependant, cela
engage une discussion autour de la religion et des Nations Unies, avec la quête
du pouvoir ou la peur de la nouveauté, qui n’est pas inintéressante. Il faut
être assez ouvert pour accéder à cette lecture.
Quand
au reste de l’intrigue, je fus une très bonne spectatrice de toutes les
péripéties et rebondissements. L’ensemble fait passer un excellent moment, même
si le début peut se révéler trop long à certain au démarrage. Mais une fois
dedans, plus rien à dire !
J’ai
également apprécié le fait que ce soit rédigé comme une sorte de chronique ou
de journal de bord, les dates en moins, par Charlie Armstead, le protagoniste.
Le point de vue à la première personne rend les choses plus pertinentes et
convaincantes et le lecteur se sent véritablement concerné par leurs
expériences.
Quant aux
personnages, les personnalités foisonnent, les corps de métiers inhérents à la
danse et aux spectacles et financeurs également, c’est un bon livre pour nous
dévoiler ces postes clés et nous introduire dans le cerclé fermé de l’art.
Je
ne souhaite pas trop m’appesantir sur chaque personnage, ainsi je n’évoquerai
que Charlie, le protagoniste. Danseur prometteur, peut-être le meilleur de sa
génération, il dut subitement arrêter sa passion à cause d’une blessure par
balle à la hanche, le plongeant ainsi dans un cynisme sans borne et une
morosité sans fond, le conduisant parfois à utiliser trop goulument de la
boisson…
C’est
Shara qui le relèvera de ce gouffre sans fin. Malgré ses formes prononcées, la
grâce qu’elle dégage et sa personnalité resplendissante intéresse dés le
premier regard Charlie, qui tentera de la lancer. Essuyant les échecs, Shara
fera preuve d’un entêtement courageux pour parvenir à son but et marquer les
esprits par une douce originale – et inaccessible pour la plupart. Je suis un
peu triste qu’elle disparaisse de notre champ de vision à un moment, mais
finalement je préfère que ce qu’elle va devenir –qui, là, dépasse vraiment mon
taux d’acceptation ! Grrr !
Et
maintenant, vous vous demandez si l’éditeur a tenu parole, si la plume de l’auteur
(et de la traduction) est telle qu’il l’avait dit, avec une force qui permet de
visualiser concrètement les scènes et les danses ? Suspens, suspens…
J’ai
rarement vu cela dans un livre de science-fiction. Habituellement, le style
reste assez carré, porté sur la technique et un aspect très scientifique. Ici,
Spider Robinson réinvente le genre en insérant de la poésie au travers de la
danse, dans une forme harmonieuse et très visualisée. On ne lit pas la danse,
on la voit concrètement et on est capable de rester aussi bouche bée que le narrateur
(qui lui est réellement témoin).
Vous l’aurez
compris, l’éditeur a tenu parole et en plus, c’est vraiment la plume qui porte
le récit et relève le mitigé de l’intrigue.
En conclusion, la plume ravageuse a su me
captiver tout au long de cette lecture, aussi bien que les personnages
hétéroclites et attachants. Néanmoins, l’intrigue quitte les sentiers battus en
postulant des conjectures sur la genèse de la Terre et des espèces, hors j’ai
trouvé cela trop extravagant pour réellement accepter ces hypothèses. Une bonne
lecture, que j’espérais (malheureusement) meilleure…
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