Nadja est un récit autobiographique
d'André Breton. Avec le ton neutre du « procès-verbal », du document « pris sur
le vif », Breton rend compte « sans aucune affabulation romanesque ni
déguisement du réel » des événements quotidiens survenus durant 9 jours entre
lui et une jeune femme inconnue rencontrée le 4 octobre 1926 à Paris.
Mon
avis :
Il faut savoir que je suis bien peu
au courant des grandes lignes du surréalisme, je peux donc difficilement
comparer des œuvres entre elle, encore moins les juger sur leur rapport avec le
mouvement.
Venant d’André Breton, la tête de
liste des surréalistes si je puis dire, on ne peut s’attendre d’une œuvre où la
narration serait prépondérante. Parce que c’est faux. Je pense que, dans l’ensemble,
elle doit s’étaler sur une petite moitié du livre, le reste étant destiné à
présenter les atouts du surréalisme.
Qu’on se le dise, c’est une lecture
difficile d’accès, obscure à la plupart des lecteurs car on ne retrouve rien de
nos codes artistiques majeurs en Nadja.
Ce dernier se découvre davantage comme un outil pour répondre la belle parole
de Breton, avec une réflexion sur l’errance et l’inconscient (une théorie
freudienne naissante à l’époque).
D’autres thèmes recherchés sont bien
sûr présentés ici comme le hasard lié à l’errance, le tout ramassé dans une
sorte de merveilleux inhérent au mouvement.
La fin est brutale, mais le but de
cette œuvre se résume dans la toute dernière phrase, qui fait là encore
réfléchir sur notre lecture.
Nadja incarne tout ce qu’André
Breton recherche parmi les figures du surréalisme. Elle voit au-delà des choses
et interprète à sa manière le résultat de ses observations, avec un laissé allé
qui flirte massivement avec une liberté exagérée, un libertinage revendiqué par
le mouvement. On ne peut pas dire que ce qui advient d’elle à la fin suscite la
pitié, mais cela se veut tout de même la fin d’un cheminement propre à la
pensée des surréalistes, un peu comme le Marquis de Sade, une référence
incontestée du mouvement.
Le style est froid, abrupt, sans
âme, mais c’est là encore la volonté du mouvement de se soustraire à la théorie
de l’Art pour l’art très en vogue à l’époque.
En
conclusion, une lecture très représentative du mouvement surréaliste, avec
l’évocation des thèmes majeurs et des personnages mis au service de ces
derniers. Si ce fut une lecture difficile, elle n’en reste pas moins intéressante
et cela m’a éclairée sur les visions de Breton quant à l’œuvre de sa vie. Je ne
recommande pas Nadja à tous, et
encore moins pour une lecture de loisir.
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