6 mars 2016

Ravie

Synopsis :

            Bourgeoise entre deux âges revenue de tout et parvenue à rien, Raphaëlle projette d’enlever Cindy, la maîtresse de son mari, pour la séquestrer au fond d’une cave, la transformer en porc et ainsi récupérer le père de ses enfants.
Mais dans cette lutte sans pitié entre deux femmes, un homme va s’immiscer : Steven, visage d’ange et passé sombre, insoumis et libre, vorace et violent.
L’amour naît rarement où on l’attend. Il apporte avec lui le désir de la réconciliation.
Avec les autres, avec soi-même. Est-ce au moment où elle pensait s’abandonner entièrement à la haine que Raphaëlle la mal-aimée, l’épouse odieuse, la mauvaise mère, hystérique et jalouse, aura droit à cette fameuse seconde chance à laquelle aspirent les déçus de l’existence ?

Mon avis :

            Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Fayard pour ce partenariat. Ravie n’est pas un livre vers lequel je me serai tournée de moi-même, mais il m’aura permis de passer un bon moment.

            Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par évoquer la plume de l’auteure, parce que c’est vraiment la force du livre.
Tout d’abord, c’est un style où beaucoup d’images s’incorporent, par l’emploi d’adjectifs soigneusement choisis, de comparaisons étonnantes ou encore de métaphores provocatrices. Le tout engendre un style vivant, entraînant, qui porte notre lecture dans un élan certain.
La plume insuffle également une force violente et destructrice, marquée par une personnalité forte, presque désabusée. Le style est impertinent et brutal, comme un bloc de marbre non sculpté, avec une certaine affirmation de la bestialité humaine. Ca plaît ou ça ne plaît pas, ce qui est certain, c’est qu’on ressent forcément quelque chose face à cette manière de s’exprimer.
            De mon côté, si je ne fus pas envoûtée à cause de nombreux débordements d’humeur, ce style a tout de même su me happer et m’entraîner jusque la fin sans que je ne lui résiste.

            L’intrigue m’a en revanche laissée un peu plus perplexe. S’il n’y a pas de réelles délimitations de parties, je n’ai pu m’empêcher de diviser l’intrigue en deux, un partage lié à mon ressenti sur chacune.
            La première partie est la meilleure des deux. Nous dépeignant le portrait d’anti-héros de Raphaëlle, le protagoniste, c’est dans cette partie que le plus gros du travail a été fait selon moi, car le lecteur est témoin d’un changement radical de personnalité, et j’en fus de mon côté bouleversée. L’intrigue se veut en effet la reconquête d’une femme dépressive et déchirée sur son corps volontairement amaigri et son esprit obtu. Ce qui est paradoxal, c’est que la familiarité du texte  divulgue des émotions et inconsciemment, on se prend d’attachement pour cette boule de souffrance qu’incarne Raphaëlle.
            La seconde partie, qui ne débute pas forcément à la moitié du livre, m’a laissée un peu plus sur le carreau. J’ai trouvé que l’auteure faisait trop traîner les choses, ressasser trop des émotions dépeintes auparavant dans son texte, si bien qu’elle m’a donnée l’impression de vouloir prolonger l’intrigue avec du vent. Si la « magie » des personnages a permis que j’atteigne le bout du roman, ce brassage d’air a formé un obstacle non négligeable pour y parvenir…
            La fin sert de rappel à la souffrance passée qui revient comme une boucle impérissable, un cycle lié à l’existence même. On se prend de pitié, se disant que ce n’est jamais fini et on espère. D’un autre côté, c’est cette cruauté qui apporte la preuve de la beauté de la vie.

            Par rapport à cette intrigue, je suis déçue par une chose : le manque de repères chronologiques. Quelques rappels du temps passé jonchent la narration, mais ce n’est qu’à la fin que le temps nous saute aux yeux et j’aurai préféré m’en rendre compte au fil de la lecture.
            Dans les points positifs, je fus contente de voir que Sylvie Ohayon attachait de l’importance à évoquer des thèmes forts de notre actualité, comme la guerre ou l’homosexualité, mais également le viol, l’adultère, le divorce, la dépression, la dépendance, l’anorexie qui forment finalement, à eux seuls, toute la trame de cette intrigue, véhiculant une force et des émotions contradictoires.

            Raphaëlle est une boule de vie à elle seule, dans le sens où elle est prise et divulgue une multitude d’émotions. Malheureusement, ces dernière sont plus négatives étant donné qu’elle incarne principale le personnage dépressif et obsédé, par son image, son ménage, etc. Elle représenté l’apologie de l’égoïsme et du moi passif, de la femme entretenue et par conséquent dépendante.
            D’autres personnages sont utilisés pour contrebalancer cet équilibre au départ négatif : Cindy, qui tente de sauver sa « rivale » d’une noyade psychologique, Steven, qui apportera la lumière au bout du chemin malgré un passé trouble, Loulou, une gamine trop mature qui saura se faire respecter, et d’autres encore. Le tour forme une petite communauté à eux seuls, un huis-clos social pour survivre à une société destructrice.

            En dernier lieu je souhaiterai m’arrêter sur le choix de la couverture, qui est franchement bien employée pour cette intrigue. Parce que cette dernière se veut finalement le récit de la mise à nue d’une femme déchirée, qui se cache derrière un masque forgé par les lois de notre société, un masque de façade et de tromperie pour rentrer dans les rangs. C’est rare qu’une couverture soit autant liée au récit qu’il représente, et je voulais que cela soit indiqué ici.


            En conclusion, malgré un dur moment où j’eus du mal à accrocher à l’intrigue, cette dernière divulgue assez d’émotions et d’idées pour prendre plaisir lors de cette lecture, mais également amener une réflexion sur cette dernière. C’est un récit riche, tant par les thèmes que par le style ou les personnages de couches sociales différentes, aucune n’étant épargnée. Ce livre plaît ou ne plaît pas. Une chose est sûre néanmoins, on le vit, pour le meilleur et surtout le pire.


6 commentaires:

  1. Ce n'est pas un livre vers lequel je pense me tourner, ça à l'air très.... spécial...

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    1. C'est très psychologique mais finalement ça se lit tout de même bien. Ce n'est pas un livre que je conseillerai à tout le monde, mais c'est à découvrir si on aime bien les plumes/personnage révoltés.

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  2. Un livre un peu trop spécial . Je passe mon tour mais merci pour ton avis.

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    1. Eh bien, ce livre a du mal à intéresser XD
      Je suis curieuse de savoir ce qui te rebute :)

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  3. Un livre spécial que je viens tout juste de terminer.
    Mon Dieu que c'est lourd. Lourd dans le sens où les thèmes sont tellement lourds à supporter... et leur enchaînement encore plus. La plume est géniale, magique même, me permettant de terminer ce livre en 24h. Mais quand même. Pfiou il va me falloir une lecture légère après ça !

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    1. Je suis d'accord avec toi, mais du coup y'a un bel équilibre entre légèreté de la plume, elle se lit toute seule, et l'intrigue, c'est ça qui est super :)
      Bonne prochaine lecture ! =D

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