27 mars 2016

Les Trois Lunes de Tanjor, tome 3 - La mort d'Ayesha






            Fascinante et terrible destinée que celle de Marikani, fille d'esclaves devenue Ayesha la déesse par le jeu des circonstances ! Elue du peuple turquoise, crainte ou haïe par tous les autres, Marikani est prise dans le tourbillon meurtrier de la folie des hommes. Au cœur de cette tourmente, les esclaves révoltés, qui tentent d'atteindre l'océan afin d'embarquer pour des terres nouvelles. Le peuple turquoise devra cependant d'abord traverser un continent en guerre, prêt à tomber sous l'invasion des redoutables Sakâs, créatures que l'on dit venues des abysses. Le manteau de la divinité devient de plus en plus lourd à porter pour Marikani, mais a-t-elle le droit de s'en débarrasser ? La déesse Ayesha est la seule lueur d'espoir du peuple turquoise...





            Embarquée dans cette folle aventure aux côtés d’Arekh et de Marikani (et puisque j’ai inséré ce livre dans mon challenge ABC Imaginaire 2016), je me devais de finir cette saga de Fantasy française hautes en couleurs.

       Le début m’a laissée quelque peu de marbre. Avec la chute brutale du tome précédent, j’escomptais reprendre le récit là où on l’avait quitté afin de ne pas perdre entre deux des informations de valeurs. Mais non, les auteurs ont préféré avancer l’histoire plus loin, si bien que le début nous projette dans un flou global quant à la situation des personnages. Heureusement, les premiers chapitres alternent les points de vue et les auteurs s’empressent de colporter les rumeurs de ce qui s’est déroulé dans les coulisses (ce qu’on n’a pas eu le droit de voir entra la fin du second tome et le début de celui-ci), permettant ainsi de se rattraper.
       Ce dernier opus se veut le prolongement de ses deux prédécesseurs, mais également un aboutissement de l’intrigue. En effet, parmi les jeux politiques et par conséquent diplomatiques vont enfin apparaître les premiers combats entre les diverses puissances qui régissent le royaume, avant de parvenir à la bataille finale. Si cette dernière fut bien trop rapide à mon goût, elle possède un goût réaliste, mêlant violence, rage, haine bestiale, tout un ensemble qui m’a pris aux tripes et permis de croire en ce qui se déroulait sous mes yeux. Avec une tension qui enfle progressivement et un léger suspens tout aussi crescendo, La mort d’Ayesha se perçoit comme l’apothéose de cette saga où tous les bons ingrédients du genre sont réunis.
       Bien sûr (et malheureusement), la fin ne laisse pas vraiment de surprise au vu du titre. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’avoir de l’espoir jusqu’à la fin quant à la survie de la figure majeure de cette saga… Ayesha parviendra-t-elle à échapper à son destin ?
La morale qui se dégage est alors une gifle, une horreur dans un livre reposant sur l’espoir, alors que tous les efforts pour libérer tout un peuple du joug d’une croyance (quelconque) volent en éclat… Autant vous dire qu’avec les événements récents de notre actualité, il y a là aussi de quoi nous mettre une claque ou nous prendre aux tripes !

       Si l’intrigue se veut la quintessence de la saga, les personnages m’ont quant à eux un peu plus lassés. Depuis deux tomes, ils ne cessent d’être séparés et d’être réunis à nouveau, balayer par un jeu hasardeux qu’ils pensent maîtriser. Alors qu’il n’en ait rien. Ainsi, la relation infime entre Arekh et Marikani est devenue plus agaçante qu’autre chose, malgré une fin qui nous présente la beauté et l’horreur de l’amour en un seul acte.
       Du reste, c’est le personnage de Non’iama qui se veut le plus intéressant, avec une évolution qui ne cesse de nous surprendre, passant de l’esclave apeurée à la fervente prêtresse d’un culte rejeté par la principale concernée. Si certains lecteurs n’accepteront pas cette vocation religieuse, ce changement de statut social se fait avec une telle douceur et une telle justesse qu’il est difficile de le rejeter.
       Pour poursuivre dans les personnages religieux, le Haut Prêtre Laosimba fut pour moi un méchant trop caricatural (vous entendez le rire guttural ? vous voyez le nez crochu et les griffes au bout des doigts et les flammes cruelles dansantes dans les yeux rouges ? eh bien, j’exagère à peine !). Vous le sentez rien que quand j’en parle, je ne fus pas du tout convaincue par cette figure du méchant, pas assez travaillée et surtout pas assez nuancée.
       J’ai également une petite pensée pour Vashni, une jeune noble à la cour d’Harrakin, roi d’Harabec. Déjà malmenée dans le précédent tome, elle connaîtra ici une fin tragique qui ne m’a pas laissé indifférente, malgré que ce soit finalement le choix de la dame qui l’aura poussé dans cette ultime apparition.

       Comme toujours, grâce à la plume légère et affûtée de ce duo d’auteurs, on passe un excellent moment de lecture, avec un livre qui se lit, que dis-je, se dévore à une vitesse effarante !

       Je rajouterai également que, si la couverture neutre ne laisse pas présager grand-chose de cette saga, cette dernière est pourtant idéale pour débuter, pénétrer dans les arcanes de ce genre, pour les adolescents comme pour les adultes (vu la violence des gestes, je ne le ferai pas lire à un trop jeune public).

       En conclusion, un troisième tome qui clôt magnifiquement cette saga, avec une intrigue où la tension a su grimper lentement avant d’exploser dans les combats sanglants et les rebondissements de dernière minute. La relation entre Arekh et Marikani m’a un peu plus lassée et le Haut Prêtre Laosimba est une parfaite caricature du méchant dans le genre fantaisie mais d’autres personnages ont su équilibrer ce négatisme et on passe finalement un excellent moment, porté par une plume légère mais acérée. Je recommande cette saga à tous les amoureux du genre, mais également à ceux qui voudraient le tester en une première découverte.




Les autres titres de la saga :
3. La mort d'Ayesha
 - Saga terminée - 


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