Fascinante
et terrible destinée que celle de Marikani, fille d'esclaves devenue Ayesha la
déesse par le jeu des circonstances ! Elue du peuple turquoise, crainte ou haïe
par tous les autres, Marikani est prise dans le tourbillon meurtrier de la
folie des hommes. Au cœur de cette tourmente, les esclaves révoltés, qui
tentent d'atteindre l'océan afin d'embarquer pour des terres nouvelles. Le
peuple turquoise devra cependant d'abord traverser un continent en guerre, prêt
à tomber sous l'invasion des redoutables Sakâs, créatures que l'on dit venues
des abysses. Le manteau de la divinité devient de plus en plus lourd à porter
pour Marikani, mais a-t-elle le droit de s'en débarrasser ? La déesse Ayesha
est la seule lueur d'espoir du peuple turquoise...
Embarquée dans cette folle aventure
aux côtés d’Arekh et de Marikani (et puisque j’ai inséré ce livre dans mon
challenge ABC Imaginaire 2016), je me devais de finir cette saga de Fantasy
française hautes en couleurs.
Le
début m’a laissée quelque peu de marbre. Avec la chute brutale du tome
précédent, j’escomptais reprendre le récit là où on l’avait quitté afin de ne
pas perdre entre deux des informations de valeurs. Mais non, les auteurs ont
préféré avancer l’histoire plus loin, si bien que le début nous projette dans
un flou global quant à la situation des personnages. Heureusement, les premiers
chapitres alternent les points de vue et les auteurs s’empressent de colporter
les rumeurs de ce qui s’est déroulé dans les coulisses (ce qu’on n’a pas eu le
droit de voir entra la fin du second tome et le début de celui-ci), permettant
ainsi de se rattraper.
Ce
dernier opus se veut le prolongement de ses deux prédécesseurs, mais également
un aboutissement de l’intrigue. En effet, parmi les jeux politiques et par
conséquent diplomatiques vont enfin apparaître les premiers combats entre les
diverses puissances qui régissent le royaume, avant de parvenir à la bataille
finale. Si cette dernière fut bien trop rapide à mon goût, elle possède un goût
réaliste, mêlant violence, rage, haine bestiale, tout un ensemble qui m’a pris
aux tripes et permis de croire en ce qui se déroulait sous mes yeux. Avec une
tension qui enfle progressivement et un léger suspens tout aussi crescendo, La
mort d’Ayesha se perçoit comme l’apothéose de cette saga où tous les bons
ingrédients du genre sont réunis.
Bien
sûr (et malheureusement), la fin ne laisse pas vraiment de surprise au vu du
titre. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’avoir de l’espoir jusqu’à la fin
quant à la survie de la figure majeure de cette saga… Ayesha parviendra-t-elle
à échapper à son destin ?
La morale qui
se dégage est alors une gifle, une horreur dans un livre reposant sur l’espoir,
alors que tous les efforts pour libérer tout un peuple du joug d’une croyance
(quelconque) volent en éclat… Autant vous dire qu’avec les événements récents
de notre actualité, il y a là aussi de quoi nous mettre une claque ou nous
prendre aux tripes !
Si
l’intrigue se veut la quintessence de la saga, les personnages m’ont quant à
eux un peu plus lassés. Depuis deux tomes, ils ne cessent d’être séparés et d’être
réunis à nouveau, balayer par un jeu hasardeux qu’ils pensent maîtriser. Alors
qu’il n’en ait rien. Ainsi, la relation infime entre Arekh et Marikani est
devenue plus agaçante qu’autre chose, malgré une fin qui nous présente la beauté
et l’horreur de l’amour en un seul acte.
Du
reste, c’est le personnage de Non’iama qui se veut le plus intéressant, avec
une évolution qui ne cesse de nous surprendre, passant de l’esclave apeurée à
la fervente prêtresse d’un culte rejeté par la principale concernée. Si
certains lecteurs n’accepteront pas cette vocation religieuse, ce changement de
statut social se fait avec une telle douceur et une telle justesse qu’il est
difficile de le rejeter.
Pour
poursuivre dans les personnages religieux, le Haut Prêtre Laosimba fut pour moi
un méchant trop caricatural (vous entendez le rire guttural ? vous voyez
le nez crochu et les griffes au bout des doigts et les flammes cruelles
dansantes dans les yeux rouges ? eh bien, j’exagère à peine !). Vous
le sentez rien que quand j’en parle, je ne fus pas du tout convaincue par cette
figure du méchant, pas assez travaillée et surtout pas assez nuancée.
J’ai
également une petite pensée pour Vashni, une jeune noble à la cour d’Harrakin,
roi d’Harabec. Déjà malmenée dans le précédent tome, elle connaîtra ici une fin
tragique qui ne m’a pas laissé indifférente, malgré que ce soit finalement le
choix de la dame qui l’aura poussé dans cette ultime apparition.
Comme
toujours, grâce à la plume légère et affûtée de ce duo d’auteurs, on passe un
excellent moment de lecture, avec un livre qui se lit, que dis-je, se dévore à
une vitesse effarante !
Je
rajouterai également que, si la couverture neutre ne laisse pas présager grand-chose
de cette saga, cette dernière est pourtant idéale pour débuter, pénétrer dans
les arcanes de ce genre, pour les adolescents comme pour les adultes (vu la
violence des gestes, je ne le ferai pas lire à un trop jeune public).
En conclusion, un troisième tome qui
clôt magnifiquement cette saga, avec une intrigue où la tension a su grimper
lentement avant d’exploser dans les combats sanglants et les rebondissements de
dernière minute. La relation entre Arekh et Marikani m’a un peu plus lassée et
le Haut Prêtre Laosimba est une parfaite caricature du méchant dans le genre
fantaisie mais d’autres personnages ont su équilibrer ce négatisme et on passe
finalement un excellent moment, porté par une plume légère mais acérée. Je
recommande cette saga à tous les amoureux du genre, mais également à ceux qui
voudraient le tester en une première découverte.
Les autres titres de la saga :
3. La mort d'Ayesha
- Saga terminée -
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire