8 mai 2020

Que passe l'hiver




Stig vient d'avoir vingt ans, l'âge de porter une épée et de se rendre - enfin ! - sur le Wegg, l'étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d'hiver ne se déroule pas comme il l'avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu'il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l'ombre des festivités, protéger ceux qu'il aime... et même survivre. Y parviendra-t-il ?

À la croisée de l'ode initiatique et du huis-clos, Que passe l'hiver raconte le destin d'un jeune homme au pied bot et d'un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelström d'un monde qui se meurt, peut-être...



Pourquoi ce livre ? Avec Mister, on a découvert l’auteur au cours d’une conférence liée à la forêt aux Imaginales 2019. Là-dessus, on a tous les deux eu envie de lire ce livre mais c’est l’homme qui a cédé à l’impulsion de l’achat (ouf !). Il l’a lu l’an dernier et, depuis, me répète d’en faire de même.

On ne peut pas dire que ce soit le succès tant espéré avec Que passe l’hiver… Pour commencer par ce qui a causé ma déception, je fais le lien avec la conférence citée ci-dessus. En effet, l’auteur évoquait largement les traditions présentes dans son récit. Or, j’ai trouvé qu’il y en avait bien trop peu, que cela n’entrait pas suffisamment dans le détail pour rester dans des coutumes sacerdotales de surface. Ce fut ma plus grande déception car c’était en partie pour cela, pour le décor hivernal forestier aussi, que je voulais lire ce roman.
Au niveau du décor, on est servi ! Beaucoup de moments importants se déroulent dans le froid ou entre les troncs et l’écriture permet de rendre compte de cette ambiance givrée, feutrée.

A présent, je vais passer au deuxième point qui m’a posé problème. La plume, si je reconnais qu’elle est travaillée et soignée, occupe tout l’espace dans un premier temps, avec une poésie assumée mais qui alourdissait trop l’ensemble à mon goût pour le rendre digérable. De fait, l’intrigue décollait avec peine au point où j’ai ressenti de l’ennui à un moment donné. Puis l’action décollée alors que David Bry joue éliminer ses personnages un à un sans rien dévoiler du complot qui se trame derrière ces disparitions. C’est d’ailleurs assez violent comme histoire, brut de décoffrage, que l’ambiance hostile renforce. Ainsi, l’histoire connaît un certain contre-pied entre la langueur du début, où l’élément déclencheur se fait très discret et la seconde moitié où le style littéraire alourdi s’efface pour donner rythme et corps à l’ensemble. Si habituellement j’adore me délecter de la beauté de la langue française, je dois dire que dans ce roman j’ai préféré la seconde partie.

Dernier bémol, qui m’a moins gêné cependant. Chaque famille est doté d’un pouvoir particulier, or je trouve qu’ils ne s’en servent que trop peu. Oui, on voit bien Stig user du sien, mais qu’en est-il de son frère et de son père ? Idem pour Johan et sa famille. Quant à Umbre et Gaid, je dois dire que j’ai été déçue par le peu d’importance qu’elles ont finalement.

Les personnages sont la force de ce bouquin. Celui-ci offre un récit de vie, où les clans se rejoignent pour les fêtes hivernales, le moment où ils reconnaissent le dieu roi. De fait, on est dans une atmosphère intimiste, où les gens se côtoient en petit comité avant de se retrouver pour le repas du soir, dans le murmure des conversations. Malgré son handicap, Stig possède une grande force en lui. Outre la foi, il sait déterminer quelles sont les qualités chez les autres et leur donner confiance en eux, comme l’a si bien dit son frère. Ce dernier, malgré sa position d’aîné enviable, a su garder une fraîcheur et être le frère présent dans les moments difficiles, ce qui le différencie des fratries où les uns n’ont que faire des autres. Johan est également un personnage agréable par sa bonhomie, même si son pouvoir le rend énigmatique.



Vous n’allez jamais croire au fait que j’ai aimé après tous les points négatifs que j’ai cités. Pourtant, j’ai pris du plaisir à me plonger dans cette oeuvre, notamment dans la seconde moitié où tout décolle enfin. En fait, c’est surtout ma déception qui motive une note si basse, j’avais trop d’attente et ma déception s’est ressenti dès le début de l’intrigue, avec une plume trop littéraire pour être accessible. C’est une belle histoire, poétique à souhait, qui pose de véritables questions. Mais cela ne conviendra pas à tout le monde.



13/20





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire