28 mai 2020

Dragon




Bangkok. Demain.
Le régime politique vient de changer.
Le dérèglement climatique global a enfanté une mousson qui n’en finit plus.
Dans la mégapole thaïlandaise pour partie inondée, un assassin implacable s’attaque à la facette la plus sordide du tourisme sexuel. Pour le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, chargé de mettre fin aux agissements de ce qui semble bien être un tueur en série, la chasse à l’homme peut commencer. Mais celui que la presse appelle Dragon, en référence à la carte de visite qu’il laisse sur chacune de ses victimes, est-il seulement un homme ?



Pourquoi ce livre ? J’ai toujours entendu dire que la collection Une Heure lumière des éditions Le Bélial’ met en avant des bijoux de la novella dans l’imaginaire. Depuis l’incroyable découverte de L’Homme qui mit fin à l’histoire de l’incroyable Ken Liu, j’ai toujours plus l’envie de découvrir les textes.

Dragon n’échappe pas à la règle des textes marquants. Développant un sujet réaliste avec une violence accrue, il se lit d’une traite malgré la dureté du propos. Le tourisme sexuel, j’ai découvert son existence grâce à Plateforme de Houellebecq. Depuis, j’essaye d’oublier parce que l’idée me met franchement mal à l’aise. La gêne fut bien présente ici, alors que l’auteur évoque les détails sordides sans censure. C’est dur et faut parfois avoir l’estomac bien accroché : j’ai même dit à Mister que je venais probablement de lire l’un des pires passages littéraires de ma vie dans cette oeuvre.
Thomas Day ne fait pas que décrire des pratiques extrêmes, le thriller et l’enquête policière prennent vite le relais pour tenter de comprendre les motifs de ces crimes justiciers et de mettre la main sur le coupable. Et, dans les circonstances tragiques, c’est dommage que le coupable soit celui qui veuille venger les victimes de ce tourisme illégal.

J’ai beaucoup aimé la trame narrative décousue. J’ai bien cru que je ne comprendrais pas les bonds dans le temps et finalement la lecture fut dès plus limpide et cette façon d’écrire le récit apporte un plus dans la tension et la compréhension finale. J’ai peut-être moins aimé que l’oeuvre de Ken Liu citée auparavant, qui m’avait vraiment fait l’effet d’une claque, mais cela reste une lecture marquante.

On se concentre sur un petit nombre de personnages récurrents, quatre ou cinq, si on compte la famille. C’est très peu mais il n’en faut pas plus pour façonner un monde en si peu de pages. On ne peut pas dire qu’on s’attache à eux, on n’est clairement pas là pour ça, mais une certaine connivence passe malgré cela, et je peux vous dire que ça nous touche particulièrement.

Je n’ai rien dire sur le style. Sans être marquant, il était parfaitement adapté à l’ambiance avec du mordant, du cynisme et également une droiture appréciable. Ca fait un sacré mélange palpitant de bout en bout !



Par son sujet plus que le reste, Dragon est une lecture marquante. Je ne m’attendais pas à cela, le sujet était à prendre avec les pincettes et l’auteur s’en est très bien tiré ! Pas de rebondissement mais une intrigue mouvementée et violente qui tient les sens en éveil. Un bon postulat, un style piquant, il en faut parfois peu - si je puis dire - pour qu’un livre se lise d’une traite.



15/20





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