10 mars 2015

Le poids des secrets, tome 3 - Tsubame



Synopsis :


            Lors du tremblement de terre de 1923, qui a dévasté la région du Kanto et entraîné plus de cent quarante mille morts, la Coréenne Yonhi Kim devient, question de survie, la Japonaise Mariko Kanazawa. A la fin de sa vie, alors qu'elle est veuve, mère d'un chimiste et grand-mère de trois petits-enfants, le mystère de sa naissance lui est dévoilé : le prêtre catholique qui l'avait recueillie dans son église lors du tremblement de terre, surnommé monsieur Tsubame, était-il l'instrument du destin qui a permis à cette hirondelle de s'élancer hors du nid ?

Mon avis :

            Après le plaisir éprouvé lors de la lecture dés deux premiers, je voulais, pour celui-là également, enchaîner directement afin de poursuivre ma route dans les secrets de cette famille.

            La poésie insufflée dans les mots est toujours un régal à lire, voire à relire. Elle apporte une note douce et harmonieuse qui contraste avec le contenu de l’intrigue, sombre et mystérieuse. Ce n’est pas la première fois que je découvre des œuvres sur le Japon d’auteurs différents avec une telle sensibilité dans la construction des phrases et j’en viens à me demander si ce n’est pas un trait caractéristique de leur littérature (et si c’est le cas, je risque de m’attarder plus souvent dans des livres de cette origine).

            Mariko, à l’instar de Yukiko et Yukio, détient une très grande profondeur dans ses sentiments et ses pensées. Très vite orpheline, n’ayant jamais connu son père et sa mère l’ayant déposé dans une église avec l’espoir de revenir la chercher un jour, c’est dans ce lieu-ci qu’elle grandira jusqu’à ce qu’elle soit en âge de travailler.
            Or, tout au long de sa vie, elle n’aura de cesse l’espoir de revoir sa mère ou son oncle. Mais le cahier que sa mère aura abandonné près d’elle lui révèlera bien plus que ça…

            Il faut l’avouer, j’ai eu un peu plus de mal à me retrouver dans cette intrigue. Au départ, aucun nom n’est indiqué, hormis certains qui restaient malheureusement sombres et inconnus, impossibles donc à nous repérer. Mais ce trouble ne s’étend pas dans l’intrigue et le lecteur apprendra finalement qu’il est dépeint la vision de Mariko, mère de Yukio que l’on a retrouvé dans les deux tomes précédents, dans ce tome-ci. Je fus enchantée de cette découverte car cela apporterait une vision et une analyse plus matures sur les événements liés à la guerre.

            Une fois que l’on connaît l’identité du personnage, on a la possibilité de se situer selon événements historiques, et le lecteur se trouve ici bien avant la Seconde Guerre mondiale. Mais les atrocités n’en sont pas moins absentes du texte, puisque le narrateur nous livre les affres que subissent les Coréens par les Japonais qui les ont alors annexés, pour ne pas dire colonisés, et qui les traitent comme des inférieurs, voire des animaux.
            La narration se fait de façon chronologique, comme dans les précédents volumes, et c’est une excellente manière d’évoquer l’histoire, celle intime qui ne concernera que les secrets d’une même famille, mais également l’Histoire, puisqu’en parallèle le narrateur décrit la société et ses coutumes.
            Il est assez drôle de se dire que, finalement, ce petit livre ressemble beaucoup à la série télévisée Desperate Housewives par ses côtés « mes voisins cachent des secrets », mais ce serait dans le même temps inférioriser cette saga littéraire donc je n’en ferai rien (ou presque). Mais il est vrai que les nombreux secrets dont recèlent cette famille sur plusieurs générations sont assez impressionnants, d’autant plus qu’ils sont très réalistes. Je ne me permettrais pas d’en parler davantage, mais l’auteur nous exprime avec une grande force la lourdeur que l’on doit ressentir à garder pour soi de tels fardeaux…

            Mais, comme évoqué un peu plus haut, ce livre possède également une grande importance à l’égard de l’Histoire, ce patrimoine et ce devoir de mémoire qui aujourd’hui sont primordiaux dans notre société. Les atrocités commis par les Japonais sont dévoilés au grand jour et, malgré la dureté de ces événements, cela permet aux Occidentaux ignorants (dont je fais partie) d’en apprendre davantage sur ce passé très peu évoqué, d’autant plus que cela ouvre les yeux sur le caractère des japonais, qui apparaissent facilement comme des gens droits et très à cheval sur la morale, mais qui finalement n’hésitent pas à commettre des atrocités pour le bien de leur pays – ou le plaisir de leur empereur.

            La fin est toute aussi brutale que les autres tomes, pour mon plus grand plaisir. On cherche à savoir la suite, on imagine et on se demande quels autres secrets cette famille peut bien cacher.

            En conclusion, une lecture toujours aussi entraînante sur le passé de Mariko, mère de Yukio. Son fardeau la rend très attachante et sa quête du savoir amplifie cela. La poésie des mots adoucit les atrocités commises par les Japonais envers les Coréens, et je suis bien contente d’avoir fait cette lecture puisqu’elle m’a permise d’en apprendre davantage sur l’Histoire asiatique.




Les autres titres de la saga :
1. Tsubaki
3. Tsubame
5. Hotaru
- saga terminée -

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