Comptable londonien sans envergure et sans histoires, Gros Charlie Nancy ne se distingue de la majorité de ses concitoyens que par une timidité maladive et une peur du ridicule qui confine à la paranoïa. Ah ! et accessoirement, il est le fils du dieu Anansi. Le problème, c'est que c'est son frangin, Mygale, qui a hérité des pouvoirs paternels. A l'aise en toute circonstance, doté d'un charme irrésistible, d'un bagout insolent, d'un mépris éhonté pour toute considération morale... tout l'inverse de Gros Charlie, qui a dû se contenter, lui, du sens des responsabilités et d'un goût pathologique pour le conformisme. Aussi, le jour où Mygale débarque dans sa vie pathétique, bien décidé à y mettre un peu de piment, ses ennuis ne font que commencer...
Pourquoi ce livre ? American gods, bien avant qu’une série adapte et réinterprète l’histoire, m’avait été conseillée par Mister, car il savait que j’aimais l’auteur et la mythologie nordique. Je l’avais lu sans trop attendre, surtout qu’il est dans sa bibliothèque. Puis j’ai regardé la série et j’ai découvert le personnage d’Anansi. La fascination et la curiosité ont suivi leur cours, j’ai offert cette “suite” a Mister - et je me permets de la lire avant lui, ahah !
Anansi Boys est très différent de son prédécesseur au niveau de l’intrigue et je pense sincèrement que quelqu’un n’ayant pas aimé American Gods pourrait apprécier celui-ci.
L’intrigue est très loufoque, décalée, placée sous le joug des valeurs de ce qu’adorent les surréalistes : hasard, coïncidences, parfois non-sens. Parce que l’intrigue avance presque malgré les personnages, surtout Gros Charlie qui ne comprend décidément rien à rien, le pauvre. Le récit n’est pourtant pas creux, on découvre une enquête policière sur fond de mythologie, avec du voyage et de l’inattendu. Au final, je suis ressortie avec l’impression d’avoir lu un roman semblable aux Petites fées de New-York de Martin Miller (que j’ai préféré).
J’ai bien aimé Anansi Boys, on le voit à sa note, seulement je m’attendais à quelque chose de plus relevé, peut-être de plus exotique également. J’ai trouvé que les meilleurs passages concernaient les anecdotes sur la vie passée du Dieu africain.
Maintenant, j’ai adoré pour la révélation sur les deux frères. Même si je m’étais attendue à quelque chose dans ce goût-là, Neil Gaiman a tout de même réussi à me surprendre en allant encore plus loin. C’était osé, et les explications sont peu approfondies, mais cela me suffit amplement.
J’ai commencé le livre en étant très fatiguée et cela m’a un peu empêchée d’apprécier les personnages. Leur caractère est tellement vaseux, peu détaillé, que c’est compliqué de bien cerner à qui on a affaire. Gros Charlie est attachant à sa façon, par ses multiples faiblesses et son conformisme acharné - alors qu’il n’a au final rien de très normal. J’ai eu du mal avec Rosie, sa fiancée, et la caricature de la belle-mère qui veut trouver le meilleur parti possible à sa fille, en omettant bien sûr l’amour de celle-ci. Mygale m’a autant séduite que les gens qu’ils croisent à chaque pas, il a un bagou et une légèreté d’esprit enivrante. Avec le recul, je me rends compte que c’est Daisy, la flic, que j’ai préféré, pour sa détermination. Et puis c’est elle qui a le plus la tête sur les épaules, malgré son côté débridé en soirée.
Le style est franchement du Neil Gaiman. C’est étrange, sombre sans être glauque, décousu sans être illisible. C’est vraiment spécial, comme l’ambiance, à un point où ça ne plaît pas clairement à tout le monde. De mon côté j’ai pris plaisir à arpenter de nouveau cet univers, par cette plume si surprenante.
Je reconnais avoir moins aimé qu’American Gods, surtout parce que la mythologie est moins au centre des choses. Pourtant j’ai tiré parti de ce roman décalé où le hasard mène les personnages. Ces derniers ne sont pas totalement attachants, ce qui ne m’a pas dérangée. En bref, encore un bon livre malgré quelques petits défauts.
15/20
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire