Ylvain, héros du cycle, est un
Kinéïre. C'est-à-dire que c'est un artiste à même de projeter ses émotions, des
images et des sons dans l'esprit des gens au point que ceux-ci peuvent les
confondre avec leurs vrais souvenirs. Rejeté de l'école de Kinéïrat dans le
premier tome pour cause de non conformisme, il apprendra à maîtriser ses
pouvoirs à l'aide d'une jeune fille (Ely). Il les portera à un degré inégalé au
point qu'il inquiètera même le puissant Comité Éthique et son dirigeant Jarlad.
Mon avis :
Ce roman est divisé en quatre
grandes parties à peu près égales et portant le nom de personnages clés :
Ylvain, Made (ou Mademoisel), La Naïa et Ely.
Ayerdhal relate ici les idéaux d’un jeune Kinéïre,
Ylvain, artiste projetant des images dans l’esprit des gens. Il ne faut
pas confondre avec les télépathes qui à l’inverse lisent dans les pensées des gens.
Ainsi, l’auteur invente un monde fictif avec ses
propres termes scientifiques ou artistiques.
Comme dit dans le résumé, Ylvain sera rejeté de l’école
de Kinéïrat pour avoir produit un keïn trop idéaliste et révolutionnaire du
point des vues des examinateurs. Il sera alors amené à se débrouiller par
lui-même, et découvrira rapidement Ely, une adolescente appartenant au
mouvement Bohême. C’est cette dernière qui lui permettra de comprendre et d’augmenter
la puissance de son don.
Tout au long de l’œuvre, le lecteur sera témoin de
tableaux kinéïres plus révolutionnaires les uns que les autres, dans le but
apparent d’obtenir une réaction anti-conformiste des spectateurs, qui subissent
pour la première fois ce genre d’art, et, par la même, l’appui de ces derniers
dans leur quête de détruire l’Homéocratie, le pouvoir régnant.
De plus, outre la création de ses propres termes, qui
ancrent l’intrigue dans une réalité plus imposante, Ayerdhal évoque à plusieurs
reprises Mytale, une planète sur laquelle il rédigea un roman éponyme. Cela
permet alors d’ancrer son œuvre dans un même système planétaire et donc de
donner du ressort à son œuvre, à l’instar de la chronologie sur huit cents
années, décrite à la fin.
Ayerdhal écrit toujours d’une plume fluide et dans un
langage soutenu qui ne peut que faire aimer son style d’écriture, du moins pour
ceux qui recherchent de la force dans la narration.
J’ai éprouvé également beaucoup de difficultés à lâcher
ce bouquin, tout comme de la frustration à l’idée que je ne pouvais pas m’adonner
à sa lecture autant que je le souhaitais, car les personnages sont très
attachants, malgré leurs personnalités très complexes, surtout pour La Naïa qui
est mise en avant pour incarner l’allégorie de la Liberté. A l’instar, Ely
représente l’allégorie de la force brute, Made celle de la perfidie et Ylvain une
idéologie difficile à réaliser. L'amalgame de tout ses individus compose la personnalité humaine telle que beaucoup la voie.
En parallèle, Ayerdhal se permet de définir le terme
de rêve comme une chose irréalisable, une sorte de fantasme inabordable. Cela
remet en question la petitesse de l’existence humaine et le fait que certaines
choses restent inaccessibles, même pour les plus puissants et les plus riches.
Malheureusement, quelques points noirs viennent ternir
ce magnifique tableau dépeint par cet auteur engagé.
Il emploie énormément de termes nouveaux et les étale
immédiatement, au risque de flouter la lecture car les lecteurs se
retrouvent perdus dans ce lexique nouvellement usité.
De même, en débutant son œuvre par une situation bien
précise – celle du renvoi d’Ylvain de l’Académie – Ayerdhal nous balance en
pleine tête une myriade de noms difficiles à assimiler.
Pour terminer sur les points négatifs, je dirai que
ces intrigues sont toujours identiques : quelques personnages se révoltent
face à une oligarchie politique (Parleur
ou chronique d’un rêve enclavé) ou ethnique (Rainbow Warriors) jusqu’à obtenir gain de cause, par la force ou la
ruse, ou bien être arrêtés voire tués.
Je soulignerai un dernier point, celui de l’humour. En
effet, j’ai bien rigolé lorsque j’ai perçu quelques citations glissées dans les
aléas des pages : par exemple, «je ne suis ni pour, ni contre, bien au
contraire !» de Coluche.
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