2 sept. 2014

La Bohême et l'Ivraie

Synopsis :

Ylvain, héros du cycle, est un Kinéïre. C'est-à-dire que c'est un artiste à même de projeter ses émotions, des images et des sons dans l'esprit des gens au point que ceux-ci peuvent les confondre avec leurs vrais souvenirs. Rejeté de l'école de Kinéïrat dans le premier tome pour cause de non conformisme, il apprendra à maîtriser ses pouvoirs à l'aide d'une jeune fille (Ely). Il les portera à un degré inégalé au point qu'il inquiètera même le puissant Comité Éthique et son dirigeant Jarlad.

Mon avis :

            Ce roman est divisé en quatre grandes parties à peu près égales et portant le nom de personnages clés : Ylvain, Made (ou Mademoisel), La Naïa et Ely.

Ayerdhal relate ici les idéaux d’un jeune Kinéïre, Ylvain, artiste projetant des images dans l’esprit des gens. Il ne faut pas confondre avec les télépathes qui à l’inverse lisent dans les pensées des gens.
Ainsi, l’auteur invente un monde fictif avec ses propres termes scientifiques ou artistiques.

Comme dit dans le résumé, Ylvain sera rejeté de l’école de Kinéïrat pour avoir produit un keïn trop idéaliste et révolutionnaire du point des vues des examinateurs. Il sera alors amené à se débrouiller par lui-même, et découvrira rapidement Ely, une adolescente appartenant au mouvement Bohême. C’est cette dernière qui lui permettra de comprendre et d’augmenter la puissance de son don.
Tout au long de l’œuvre, le lecteur sera témoin de tableaux kinéïres plus révolutionnaires les uns que les autres, dans le but apparent d’obtenir une réaction anti-conformiste des spectateurs, qui subissent pour la première fois ce genre d’art, et, par la même, l’appui de ces derniers dans leur quête de détruire l’Homéocratie, le pouvoir régnant.

De plus, outre la création de ses propres termes, qui ancrent l’intrigue dans une réalité plus imposante, Ayerdhal évoque à plusieurs reprises Mytale, une planète sur laquelle il rédigea un roman éponyme. Cela permet alors d’ancrer son œuvre dans un même système planétaire et donc de donner du ressort à son œuvre, à l’instar de la chronologie sur huit cents années, décrite à la fin.

Ayerdhal écrit toujours d’une plume fluide et dans un langage soutenu qui ne peut que faire aimer son style d’écriture, du moins pour ceux qui recherchent de la force dans la narration.
J’ai éprouvé également beaucoup de difficultés à lâcher ce bouquin, tout comme de la frustration à l’idée que je ne pouvais pas m’adonner à sa lecture autant que je le souhaitais, car les personnages sont très attachants, malgré leurs personnalités très complexes, surtout pour La Naïa qui est mise en avant pour incarner l’allégorie de la Liberté. A l’instar, Ely représente l’allégorie de la force brute, Made celle de la perfidie et Ylvain une idéologie difficile à réaliser. L'amalgame de tout ses individus compose la personnalité humaine telle que beaucoup la voie.
En parallèle, Ayerdhal se permet de définir le terme de rêve comme une chose irréalisable, une sorte de fantasme inabordable. Cela remet en question la petitesse de l’existence humaine et le fait que certaines choses restent inaccessibles, même pour les plus puissants et les plus riches.

Malheureusement, quelques points noirs viennent ternir ce magnifique tableau dépeint par cet auteur engagé.
Il emploie énormément de termes nouveaux et les étale immédiatement, au risque de flouter la lecture car les lecteurs se retrouvent perdus dans ce lexique nouvellement usité.
De même, en débutant son œuvre par une situation bien précise – celle du renvoi d’Ylvain de l’Académie – Ayerdhal nous balance en pleine tête une myriade de noms difficiles à assimiler.
Pour terminer sur les points négatifs, je dirai que ces intrigues sont toujours identiques : quelques personnages se révoltent face à une oligarchie politique (Parleur ou chronique d’un rêve enclavé) ou ethnique (Rainbow Warriors) jusqu’à obtenir gain de cause, par la force ou la ruse, ou bien être arrêtés voire tués.

Je soulignerai un dernier point, celui de l’humour. En effet, j’ai bien rigolé lorsque j’ai perçu quelques citations glissées dans les aléas des pages : par exemple, «je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire !» de Coluche.

En conclusion, Ayerdhal nous offre une fois de plus un excellent moment de lecture – et des bonnes gifles ! – ainsi que des instants d’émotions intenses insérés dans certains passages. 



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