7 sept. 2014

La troisième lame

Synopsis :

L’Homéocratie fédère près de trois cents mondes et gère de nombreuses colonies.
Après la mort d’un haut fonctionnaire homéocrate sur Melig, protectorat colonial, Anthelm Lax est chargé de faire la lumière sur son assassinat et d’étouffer toute velléité indépendantiste. Pourtant, sur place, s’il découvre des dysfonctionnements, il ne détecte aucun signe de rébellion.
Pour rester sur Maricya, Natifa épouse Yoon, le dernier naturalisé en date du protectorat. À son contact, elle découvre que les Maricyans sont farouchement indépendants, d’une incroyable nonchalance, sans aucun attrait pour le pouvoir ni l’argent et indifférents aux exactions homéocrates. Leur inertie n’est pourtant pas si naïve qu’elle en a l’air.
Ayerdhal est l’un des grands auteurs de science fiction. Il a signé plusieurs chefs d’œuvres comme Demain une oasis, Chroniques d'un rêve enclavé ou Transparences. Avec La Troisième Lame et Pollinisation, il continue à explorer l’univers de l’Homéocratie dans lequel se déroulait La Bohême et l'Ivraie. Deux aventures dans lesquelles la science fiction interpelle le présent sur des questions aussi essentielles que la colonisation, le pouvoir et la recherche de la société idéale.

Mon avis :

            Ayerdhal prolonge La Bohême et l’Ivraie avec ces deux romans que sont La troisième lame et Pollinisation, qui d’ailleurs sont plus proches de la nouvelle au vu du nombre de pages qu’elles comptent.

            Malgré leur petitesse flagrante, l’auteur parvient tout de même a glissé bon nombre d’idées, comme il a le mérite de le faire dans chacune de ses œuvres.

            Ainsi, La troisième lame nous rapporte l’arrivée d’Anthelm Lax sur Melig, une planète fédérée par l’homéocratie décrite dans La Bohême et l’Ivraie. Melig est réputée pour son calme et la simplicité de ses habitants, qui ne feront jamais un pas plus grand que l’autre et qui ne se battent jamais, même parmi les enfants.
            Anthelm est donc envoyé sur cette planète après l’annonce du décès de Ganevaja, qui faisait parti de la même institution que lui, afin d’enquêter sur les causes de sa mort.

         L’intrigue ne compte qu’une petite centaine de pages mais le rythme est soutenu, haletant. Au vu de la petitesse de cette histoire, le lecteur a envie de lire d’une traite afin de connaître le fin mot de l’histoire rapidement.
          Cette intrigue est divisée en deux parties non distinctes. La première relate l’arrivée d’Anthelm, son installation sur la planète, ses premiers contacts avec le pouvoir local puis le début de son enquête. Le lecteur peut ressentir l’impression qu’il ne se passe que peu de choses, malgré les voyages et les discussions avec les gens de pouvoir. Ce n’est pas pour autant que l’ennui nous gagne, bien au contraire !
La seconde partie offre les révélations tant attendues face à cette enquête. D’un enchaînement rapide, Ayerdhal nous révèle donc les réponses à toutes les interrogations mais également les conséquences terribles qu’elles entraînent. Et à cet instant, alors qu’Anthelm regagne sa planète pour rendre son rapport à ses supérieurs, un véritable coup de théâtre a lieu. Il n’est pas dans mon intention de vous en dire plus, mais je vous assure que j’étais bouche bée en lisant cela.
La fin nous offre également une morale à laquelle le lecteur ne s’attendait pas. Après le clin d’œil fait à La Bohême et l’Ivraie en y insérant non sans surprise un de ses personnages, Ayerdhal y glisse une morale sans que le lecteur puisse y passer à côté : il est bien beau de détenir un don, mais il faut apprendre à le contrôler si nous voulons contrôler les autres…

Outre cela, l’auteur offre de nouveaux aspects dans ce roman, tels que la nature décrite en profusion. Pour ceux qui connaissent plusieurs œuvres d’Ayerdhal, ils comprendront que ce phénomène est surprenant car cet écrivain ne perd jamais son temps en description, préférant aller droit au but dans l’intrigue.
De mon point de vue, c’est un petit plus pour cette œuvre qui s’est voulue dés le début différente des autres.

Mon  seul regret dans cette lecture est que nous avons un temps où rien de véritablement important se déroule puis nous subissons ensuite toutes les révélations et les enchaînements qui en découlent.

En conclusion, trahison, secrets, manipulation, clins d’œil, La troisième lame est une nouvelle petite perle d’Ayerdhal, moins développée mais toujours aussi subtile.




En ce qui concerne Pollinisation, l’intrigue commence par un mariage consentant entre deux personnes qui ne s’aiment pas mais qui est nécessaire à la naturalisation de la femme. Cette dernière, Natifa, et Yoon deviendront alors les deux protagonistes de l’intrigue. Celle-ci ne relate ni enquête ni dénonciation, mais l’hermétisme de la société homéocrate envers la nature. Ainsi, Yoon se donne en devoir – malgré lui - d’aider Natifa à s’ouvrir à la nature. Le lecteur est alors embarqué dans un voyage initiatique où l’on découvre faune et flore de la planète, sans pour autant déterminer le but de tout ceci.

Dés les premières lignes, le lecteur remarque d’emblée les divergences entre les deux planètes de La troisième lame et Pollinisation : Melig est on-ne-peut-plus passive alors que Maricya a connu un passé révolutionnaire et où les habitants vivent à présent en autarcie loin des villes gouvernées par l’homéocratie. Cela nous offre donc deux réactions différentes face au pouvoir : les inactifs et les révolutionnaires.
Pollinisation se veut donc la digne suite de La Bohême et l’Ivraie puisque les deux relatent les rebellions, même si ces dernières se présentent sous différentes formes de mise en œuvre.

L’intrigue détient pourtant moins d’importance car sa portée est moindre. Par le biais de Yoon, en tant que professeur, et Natifa, l’élève, Ayerdhal apprend à ses lecteurs à s’ouvrir à l’environnement naturel qui nous entoure. Le principal exemple de cette ouverture est représenté par les abeilles dont Yoon est l’apiculteur. L’auteur nous décrit un partage d’émotions et de pensées entre les deux espèces, et le lecteur ne peut être que conquis par cela.
En accord avec cette notion de nature, Ayerdhal nous décrit une population qui rejette l’utilisation de monnaie au profit de troc, en précisant bien que ce dernier ne fonctionne pas en référence à une grille de valeur mais selon la volonté de chacun. L’auteur ancre alors son œuvre dans une sorte d’utopie, où les individus ne recherchent plus le profit mais le bonheur et le partage. Cela va sans dire que l’homéocratie, qui recherche justement le pouvoir et le profit, n’apprécie pas leur « système de paiement », au point que, les comptes bancaires n’affichant jamais de transaction financière, ils en déduisent que les habitants fraudent. Le lecteur ne peut  qu’être amusé par cette situation cocasse, mais tellement porteuse de vérité…

Finalement, ce n’est qu’à la fin qu’Ayerdhal révèle le but de cette œuvre. Toutes ces descriptions servent à établir sa vision du monde où la planète posséderait une conscience et engloberait également celle de tous les habitants (humains et autres espèces) qui vivent sur elle.


En conclusion, tableau ravissant et exotique de la nature, avec une vision hypothétique d’un monde, mais une hypothèse auquel on adhère facilement selon la mise en forme de cette œuvre.


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