La Lettre à d'Alembert est une
réponse à l'article " Genève " paru dans l'Encyclopédie en 1757.
D'Alembert y exprime le souhait qu'on établisse un théâtre à Genève et qu'on
mette fin à la polémique menée par les théologiens contre la comédie. Un
théâtre à Genève, ce serait en somme la confirmation, aux yeux de l'Europe
entière, qu'un théâtre moral est possible. Mais, pour Rousseau, le théâtre, qui
cherche avant tout à flatter les passions du public, ne saurait éduquer ce dernier
sans le perdre. Quant au talent des comédiens, il n'est autre que "l'art
de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître
différent de ce qu'on est, de se passionner de sang froid, de dire autre chose
que ce qu'on pense aussi naturellement que si l'on le pensait réellement et
d'oublier enfin sa propre place à force de prendre celle d'autrui "
Mon avis :
J’ai été quelque peu mitigée, voire
déçue, de voir cette œuvre – si on peut appeler une lettre une œuvre – dans ma
liste au programme. En temps normal, je n’apprécie déjà pas Rousseau, pour son
style d’écriture et les idées qu’il glisse dans ses œuvres, mais être dans
l’obligation de lire sa lettre… Je me suis dit que l’année commençait
bien !
Comme le titre le souligne, la lettre
répond à une annonce de d’Alembert, qui souhaiterait créer un théâtre à Genève,
ville Suisse. Le lecteur comprendra facilement que Rousseau se donne pour but
de justifier son opinion sur le sujet, lui qui est contre ce projet.
L’auteur de la lettre va alors
dresser une liste de 160 pages pour nommer les points qui feraient que le
théâtre serait mal vu. Ainsi, de pages en pages, Rousseau nous dresse toute une
satire de la société, que ce soit des politiciens, évoqués lorsque l’auteur
parle du financement de ce théâtre, mais aussi la non équité entre les riches
et les pauvres (les pauvres payent plus d’impôts que les riches alors que le
niveau de revenu devrait inverser cette courbe), et du rôle des femmes dans la
société ; Rousseau était un misogyne reconnu, les femmes sont rabaissées à
un rang mondain et de mère seulement, n’ayant dans la vie aucun autre but,
comparé à l’homme qui a le droit de s’intéresser à toute autre chose.
Cette lecture fut donc une agréable
surprise, d’autant plus qu’elle est assez courte, permettant rapidement de
passer à autre chose, pour ceux que cette œuvre n’intéresserait pas ; une
surprise dans le sens où je ne m’attendais qu’à une simple contestation d’une
premier annonce de d’Alembert et l’on se retrouve finalement avec une évocation
de notre société entière.
Le style d’écriture est simple, fluide, et, sans
s’accrocher à « l’intrigue » comme certains pourraient le faire en
découvrant entre leurs mains une pépite de la littérature, le lecteur se plonge tout de même
facilement dans ce livre pour en ressortir grandit et beaucoup de réflexions dans la tête.
En
conclusion, une agréable surprise,
même si c’est loin d’être une excellente lecture selon mes goûts.
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