Rien ne saurait ébranler Anasterry, la plus riche, intellectuelle et libertaire baronnie de Civilisation, qui place la maîtrise de soi au rang de vertu suprême. Rien… sauf peut-être un défi de gamins.
Quand Renaldo, fils du baron de Montès, et son meilleur ami Thélban Acremont, entreprennent, pour séduire une jeune fille, de trouver la faille de cette utopie, ils ignorent qu’ils vont déterrer de sombres secrets. Et les secrets des puissants ne leur appartiennent pas.
Quels sont ces monstres découverts dans les marais ? En quoi sont-ils liés à la tolérance d’Anasterry pour ces mi-hommes que, partout ailleurs, on opprime jusqu’à les réduire en esclavage ? Après trente ans de paix, Civilisation risque-t-elle d’être si facilement bouleversée ? Pour réparer ses erreurs, Renaldo va devoir choisir entre son patriotisme, sa fidélité amicale, ses idéaux héroïques et ses simples responsabilités d’homme libre.
Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !
Pourquoi ce livre ? J’aime beaucoup le label Helios, qui réunit les parutions en poche de trois maisons d’édition des Indés de l’imaginaire. Je n’ai de cesse de découvrir leur catalogue, et Anasterry me tentait bien pour les promesses politiques promises sur la quatrième de couverture.
En réalité, cette saga intitulée Les Rhéteurs porte bien son nom, même s’il n’y a heureusement pas que cela ! Deux hommes, un noble et un bourgeois parti de rien sont envoyés par le baron dans une baronnie voisine. Deux systèmes politiques différents, autocratie contre démocratie utopique, les deux hommes vont se confronter à l’étrangeté de l’impartialité, mieux, l’égalité des hommes, quel que soit leur statut. Très vite, ils vont tester les limites de ce système…
En parallèle de tableau politique est menée une enquête, d’abord discrète puis de plus en plus présente, dans laquelle la réalité flirte avec le mythe et les contes horrifiques. Dans un savant mélange, l’autrice parvient à nous faire réfléchir et nous faire dresser les poils des bras.
Si les premières pages sont difficiles à appréhender pour la complexité de l’univers qu’elles recèlent, seul l’épilogue m’a semblé un brin surfait, avec l’amorce d’une intrigue d’espionnage qui me convainc pas. Cependant, je me suis tellement régalée à suivre les deux invités d’Anasterry que je les retrouverai avec plaisir dans la suite, que je ne manquerai pas de me procurer quand elle sortira en poche.
Le duo Renaldo et Thelban se complète parfaitement. L’un, vaguement impulsif et autoritaire en raison de sa noblesse et le sentiment de puissance qu’il pense obtenir par ce statut, l’autre présente cette assurance arrogante que lui confère la parole juste, impulsive. Un duo d’impulsifs donc, voilà qui promettait du grabuge diplomatique et je ne fus pas déçue puisqu’ils bafouèrent à plusieurs reprises les rares règles émises par le baron d’Anasterry. De quoi pimenter le récit et nous donner, à quelques reprises, un sourire aux coins des lèvres.
Toutefois l’intérêt au niveau des personnages ne se cantonnent pas uniquement à ce duo mais s’ouvre également aux autres de premier plan. Je pense à Constance, nécessairement mordante pour prouver ses capacités à gérer des soldats, mais aussi Cal, le baron, tantôt jovial tantôt autoritaire. Toutes les figures présentées permettent de nuancer le système et montrer les faiblesses ou les forces de ce dernier.
Le style adopte un ton des plus neutres, ce qui n’est pas plus mal. Comme le sujet est très porté sur le domaine de la politique, cette neutralité n’est pas désagréable et rend l’analyse plus percutante. Et puis Isabelle Bauthian insuffle ce qu’il faut de vie au moment où l’action et les révélations prennent le pas, de sorte qu’on apprécie chaque moment.
Un très bon premier tome, une immersion complète dans Anasterry qui jongle entre politique et mythes horrifiques. Le mystère est entier une bonne partie du livre et l’avalanche de révélations à la fin m’a fait bondir de plaisir, même si certaines choses étaient prévisibles. Les personnages portent l’ensemble avec cœur et conviction, j’ai pris plaisir à suivre les discussions engagées des deux héros de Montès et les péripéties qu’ils créaient. Seul l’épilogue me laisse de marbre, mais cela ne m’empêchera pas de me procurer la suite quand elle sortira en poche. A lire pour ceux qui aiment réfléchir dans un monde unique.
16/20
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