29 juil. 2020

Sovok




Moscou, dans un futur en retard sur le nôtre. Manya et Vinkenti sont deux urgentistes de nuit qui circulent à bord de leur ambulance volante de classe Jigouli. La Russie a subi un brusque infarctus politique, entraînant le pays tout entier dans une lente agonie économique et une mort clinique quasi certaine. Le duo d’ambulanciers est donc le témoin privilégié de la dégradation des conditions de vie des Russes. Surtout que leurs propres emplois sont menacés par une compagnie européenne qui s’implante à Moscou sans vergogne.
Et puis un soir, on leur attribue un stagiaire, Méhoudar, qui n’est même pas vraiment russe, selon leurs standards. Ils vont quand même devoir lui apprendre les ficelles du métier.



Pourquoi ce livre ? Repéré depuis sa sortie en grand format, il aura finalement fallu attendre la sortie poche pour me décider à le lire. Eh bien j'aurais dû m'y prendre avant !

Sovok est un roman en semi huis-clos. Si on découvre également les décors d'une Moscou ravagée par la disette et les inégalités sociales, c'est dans la jigouli, cette ambulance qui en voit de toutes les couleurs, que se passent les choses les plus intéressantes. Critique de la société, russe mais également occidentale dans son ensemble, le dialogue a une part importante dans ce récit et les personnages se font, chacun à sa façon, le porte parole d'une société qui n'est plus entendue, voire écoutée. La critique est d'autant plus pertinente qu'elle est formulée avec cynisme, sarcasme, tous les humours sombres qui ne peuvent que l'amplifier. De là à savoir si les choses sont exagérées, fausses, je ne saurais dire car mes connaissances sont limitées en matière de politique russe. J'ai seulement reconnu certaines critiques qui colleraient fort bien par chez nous également !

Les personnages à eux seuls représentent des pans de notre société. Entre le petit nouveau dans l'équipe qui galère à se faire une place et faire ses preuves, entre le gros qui ne bouge jamais sauf pour aider au soulèvement populaire et à la femme qui déploie tant d'énergie pour que la barque garde le cap et qui finalement… Les personnages sont caricaturés sans être stéréotypés, et pour cela Cédric Ferrand réussit un tour de force majeur. Puis on finit par s'attacher à eux malgré leur caractère !

La plume est vive et anime parfaitement les protagonistes. Par cette plume pleine d'humour, l'auteur crée de la matière malgré l'évolution constante en semi huis-clos.



C'est bien huilé, c'est bien ficelé, on y croit et on sourit jaune parce que les faits peuvent parfois être transposés en France, même si le régime n'a pas les mêmes sources. Les personnages servent une cause mais réussissent à émouvoir. C'est court, mais je me dis que finalement il n'en fallait pas plus pour pleinement apprécier le discours et le style. J'ai vu que l'auteur avait écrit un one shot dans la fantasy, je pense le tester à l'occasion.



16/20





2 commentaires:

  1. Oh oui, je te recommande vraiment Wastburg, c'est très bon !

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    1. Voilà qui me donne envie de l'ajouter carrément en wishlist ! J'espère croiser son chemin un jour ;)

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