24 nov. 2020

Winternight, tome 1 - L'Ours et le Rossignol




Au plus froid de l’hiver, Vassia adore par-dessus tout écouter, avec ses frères et sa sœur, les contes de Dounia, la vieille servante. Et plus particulièrement celui de Gel, ou Morozko, le démon aux yeux bleus, le roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ces histoires sont bien plus que cela. En effet, elle est la seule de la fratrie à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces nichées au plus profond de la forêt. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales.



Pourquoi ce livre ? Victime de son succès depuis la sortie du premier tome, cette série n’a de cesse de me faire de l'œil. Je voulais résister, toujours dans l’objectif de diminuer mes sagas en cours, mais faut croire que je relâche un peu du leste en cette fin d’année, histoire de me faire un petit peu plaisir. De plus, ce premier tome fait l’objet d’un Book Club sur Livraddict et est nominé pour le Prix Livraddict, catégorie Fantastique, ce qui me permettra de participer dans cette catégorie également !

Dès le départ je fus enchantée par cette lecture. Le début est peut-être un peu long pour qui n’a pas l’habitude des plumes langoureuses, je trouve pour ma part qu’il plante parfaitement le décor contemplatif et cette ambiance merveilleuse. La neige fige tout et on se prend à apprécier les longues soirées de ténèbres à écouter la vieille gouvernante Dounia raconter des histoires du passé. On vit cette attente, avant de très vite goûter au dégel et au retour à la vie.
C’est l’histoire d’une famille nombreuse, bientôt recomposée, qui grandit et mûrit dans l’amour paternel et les codes d’une société rus’ loin des nôtres. La douceur et la dureté s’embrassent ici, entre respect et corvée, où chacun trouve sa place selon ses désirs. Ou presque, car la dernière fille de Marina voit des choses étranges et nous ouvre les portes vers des légendes oubliées. C’est l’histoire d’une lutte éternelle entre Frères, et d’une défense qui s’épuise au fil de la christianisation ravageuse. Eh oui, c’est avant tout une lutte entre croyances, une lutte qui n’a lieu que dans le domaine du Nord.
Ca ne plaira clairement pas à tout le monde, car on est très prostré, avec une héroïne libre et osée. Mais si vous aimez la neige, les contes, les dieux d’une autre culture et une plume chantante, ce livre sera fait pour vous !

Suffisamment de péripéties (sans signifier action) et de rebondissements interviennent suite au premier hiver pour que l’intérêt grandisse jusqu’à imploser quand le véritable Dieu apparaît. Je n’en dis pas plus, mais dans cette douceur l’ombre grandit, on le perçoit clairement grâce aux antagonistes et à d’autres intervenants, la folie et peur étreignent les cœurs et on sent qu’on touche au but : la vie ou la mort. Du début à la fin le rythme est parfaitement maîtrisé, nous faisant aller de l’avant sans quitter cette torpeur blanchâtre.

Les personnages sont géniaux. Dans une telle famille, nombreuses et aux penchants opposés, on pourrait s’attendre à des scissions, des jalousies… Ils s’épaulent, s’écoutent, pleurent et rient ensemble. C’est une famille soudée, belle par sa simplicité et les élans fraternels. Même le père, Piotr, est sévère mais juste, sans jamais cacher l’amour qu’il a pour ses enfants. C’est vraiment une belle famille, riche d’amour, et j’ai aimé chacun de ses membres, jusqu’à inclure Dounia, leur gouvernante.
J’ai bien entendu aimé Vassia, elle incarne cette force de la nature, déterminée à protéger les siens au péril de sa vie. Je ne suis pas certaine que ce soit crédible étant donné son âge mais qu’importe, elle est confiante dans sa foi et nous emporte dans son sillage.
Les personnages antipathiques le sont vraiment, c’est peut-être là le défaut du livre, même s’ils servent un plan plus vaste. On devine très vite quel champ ils aident, même à leur insu, et une petite nuance dans leur personnalité ne m’aurait pas déplu. Je les accepte quand même pour ce qu’ils ont apporté au récit.
Quant aux Dieux, ils sont rien et tout, se complètent et s’opposent parfaitement. Je les ai adorés !

Ce fut vraiment un moment de délectation pure. C’est doux sur le palais, ça roule sur la langue, c’est tellement bien écrit que je n’ai pas vu le temps passer. J’étais plongée dans ma lecture, emmitouflée dans un plaid pour lutter contre le froid. C’est excellemment bien écrit, les mots sont choisis avec soin et participent à cette ambiance de conte.



Une très bonne lecture, qui n’a pas passé loin du coup de cœur, sans que je sache dire ce qui manque ou ce qui m’a déplu. Dès le début c’est bien dosé, fouillé, prenant le temps de poser décor et personnages jusqu’à une fin en apothéose, libérée de toute tension. C’est magistral, original, et je comprends pourquoi cette saga rencontre tant de retentissement. La plume emballe le tout dans un joli paquet cadeau, y’a plus qu’à savourer ce petit bonbon frais ! Je pense que la suite ne va pas traîner, l’hiver est parfait pour se plonger dans cette ambiance enneigée.



18/20





Les autres titres de la saga :
1. L'Ours et le Rossignol
2. La Fille dans la Tour
3. L'Hiver de la sorcière
- saga terminée -


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