Nox, l’ancien commis d’épicerie, est désormais seul maître à bord de l’échoppe Saint-Vivant. Il a pris ses distances avec la maison de la Caouane qui, enfant, l’avait recueilli. Mais, alors que l’hiver touche à sa fin, les problèmes refont surface. Tout ce que la Cité compte d’opposants au Duc Servaint s’est mis en tête que le Duc devait mourir, et que la main qui le frapperait serait celle de Nox. Mais consentira-t-il à tuer l’homme qui l’a élevé ? De sa décision dépendra le destin de Gemina.
Pourquoi ce livre ? Après le coup de cœur que fut le premier tome, il était évident que j’allais me jeter sur la suite peu de temps après sa sortie. Peu de temps, soit un peu plus de deux mois ahah… Il n’empêche que je suis très heureuse d’avoir revu cet auteur au festival L’Ouest hurlant, me permettant d’échanger avec lui et sa compagne sur cet univers vraiment accrocheur.
Trois Lucioles, quel titre étrange. A le lire ainsi, je ne savais pas trop à quel contenu m’attendre. C’est dès le prologue que l’on comprend ce choix, assez cocasse si ce n’était la situation précaire des réfugiés.
Trois lucioles, c’est un détail que l’on va vite oublier, qui va brutalement nous revenir en pleine poire. Mais avant ça, on retrouve le protagoniste, Nox, fidèle à ses décisions du dernier tome de s’éloigner de la Caouane, qui l’a pourtant élevé et éduqué. Assumant seul son rôle de commis, il va devoir subir la pression de différents groupes qui lui demandent une chose impossible à ses yeux : assassiner. Les refus se succèdent et le besoin de fuir Gemina avec son ami de toujours se fait sentir, mais c’était sans compter sur quelques grandes révélations sur son enfance, son ascendance, et un groupe bien plus puissant que tous les ducs réunis de la ville.
Le rythme est très soutenu dès le premier chapitre. Alors que tout le monde lui tombe dessus, Nox doit jongler avec les différents groupes ennemis, prenant le risque de se compromettre, jouant avec sa propre survie. Sans avoir la respiration coupée, j’ai été surprise que tout le monde prenne le jeune homme pour ce qu’il n’ait pas, l’entraînant dans des positions difficiles voire impossibles. Le rythme connaît un petit mou vers le milieu du roman, même si je ne peux pas dire que je me suis ennuyée. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur Symètre, sa copine Guenaillie, et Adelis, nouveau personnage du tome. Et puis tout va basculer d’un coup, le vent de révolte qui souffle depuis le premier tome prend de l’ampleur et ça va vite, trop vite basculer vers le chaos. Là, j’ai eu le souffle coupé par tous les rebondissements.
La fin est donc, une fois de plus, une torture, même si elle est différente du premier opus. Après un grand fracas entre les murs de Gemina, Nox et Symètre prennent une terrible décision, qui m’a bouleversée. D’un côté l’auteur s’apprête à étendre son univers au-delà des remparts, et je frétille d’impatience à l’idée de me balader au milieu de la nature, qu’on ne connaît finalement pas du tout, autant j’ai peur de rester trop longtemps loin du point névralgique de cette trilogie. Il n’empêche qu’il va falloir attendre un peu moins d’un an pour la suite, ça va paraître long…
Dans ce tome, un seul point m’a chagrinée, me faisant hésiter entre la note 19 ou 20. Finalement, j’ai noté 20, parce que ce fut une lecture trop vite gobée, trop bien appréciée, pour mettre moins. Le problème repose sur Adelis. Je n’ai absolument rien contre elle, je l’ai appréciée dès le départ et son évolution marquante est intéressante, apportant en plus de la matière à l’intrigue et au conflit général. Je l’ai également adorée lorsqu’elle en vient à se défendre, argumentant à la perfection. Non, c’est la fin qui la concerne qui me chagrine. Ca manque d’explications sur la possibilité de ce phénomène. C’est un peu comme l’autre cité dans le premier opus, on assiste à une singularité plus qu’étrange sans obtenir plus de réponse sur sa plausibilité. Ce n’est donc pas tant son statut qui me chagrine, plutôt le manque de réponses sur les causes d’un tel bouleversement.
Autrement j’ai été fière de moi : je n’ai pas oublié les noms ! Si ça, ce n’est pas une preuve que j’ai adoré cet univers… Me couler dans le texte fut d’une simplicité confondante.
J’ai été très contente de retrouver Nox et Symètre bien sûr, mais également Lotharie, Tyssant et même Servaint, que j’avais adoré malgré sa posture ambivalente dans le premier récit. Comme je le disais, Adelis est un bon nouveau personnage. Et il y en a d’autres, que l’on retrouve ou que l’on rencontre, qui étendent l’univers et enrichissent la complexité des relations.
J’ai pris également plaisir à retrouver le style d’écriture de Guillaume Chamanadjian. Pourtant il ne présente aucune particularité spéciale, simplement ça se lit tout seul, c’est très léger et limpide, à la fois reposant et entraînant. Une plume addictive, en somme.
Un coup de cœur, tout simplement. Malgré la frustration de manquer d’information sur un phénomène improbable, je n’ai pas pu me résigner à mettre moins que 20. Parce que ça se lit tout seul, porté par une plume efficace et addictive. Parce que les personnages hauts en couleur forment une société hétéroclite, intrigante et violente. Parce qu’on obtient énormément de réponses sur les origines de Nox et de Gemina. Il reste pourtant tant de mystères à éclaircir… L’attente du prochain et dernier volume va être (trop) longue.
20/20
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