15 juin 2022

Blackwater, tome 1 - La Crue




Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du sud de l'Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue. Mené par Mary-Love, la puissante matriarcale, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s'apprête à se relever. Maus c'est compter sans l'apparition, aussi soudaine que mystérieuse, d'Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s'immiscer au cœur de la famille Caskey.



Pourquoi ce livre ? Bon, j’ai accroché sur la beauté de la couverture avant de me renseigner sur le résumé et si cette lecture pouvait me plaire. Je n’ai jamais lu de roman paru chez Monsieur Toussaint Louverture auparavant mais j’en ai déjà tenu dans mes mains, notamment grâce à mon prof de cours graphique à la fac, je savais donc à quel point cet éditeur crée de beaux livres. J’ai donc attendu les premiers échos… pour me rendre compte qu’en réalité ce petit phénomène allait être tout un raz de marée. Je l’ai donc acheté.

Et il va être très compliqué de parler de ce livre sans spoiler. Déjà, Blackwater, c’est une ambiance. La montée des eaux, le choc de perdre une partie de ses biens (du moins pour le peuple moins aisé), et l’étonnement de découvrir une nouvelle furie en ville, cette rouquine venue dont ne sait où, avec deux seules valises (et encore !) en guise de passé. C’est une ambiance de famille, où tout gravite autour de la mère, du fils, de l’oncle. C’est une ambiance étrange, qui nous étouffe par ce huis clos, par cette chaleur. En fait, c’est une ambiance à la Stephen King, la touche d’horreur en moins.

C’est donc un récit de famille. On suit en effet les Caskey dirigés par la matriarche, Mary-Love, une bonne femme un peu trop envahissante. Deux enfants, un garçon et une fille, et le beau-frère de cette dernière, accompagné de sa fille, vont former une famille somme toute commune. C’est sans compter sur l’arrivée de cette rousse, qui va progressivement se creuser une place dans la famille, malgré le dégoût voire la haine que lui voue Mary-Love.
C’est un récit de sentiments et de conflits familiaux, de mystères et d’énigmes non résolues. Si vous cherchez de l’action tels que des combats ou des aventures, vous pouvez donc passer votre chemin. Je dois admettre que dans le prologue, je craignais de ne pas faire partie du lectorat visé. Et puis mon appréhension s’est très vite dissoute alors que je m’imprégnais de l’ambiance et des personnages. Ils ont tous leur histoire, leurs désirs, et c’est creusé avec suffisamment de finesse pour qu’on effeuille tout ça en temps voulu.

J’ai donc mis mon nez dans ce roman un après-midi pour le relever quatre heures plus tard, en ayant fini et en n’ayant pas eu conscience du temps qui passe. Autant dire à quel point j’étais rivée à ma lecture. Je ne cache pas pourtant un certain malaise, surtout à l’approche de la fin, quand la rousse accepte un marché qui me dépasse. Bien sûr, on devine sa différence, qui engendre un comportement qu’un humain standard ne pourrait défendre. En fait, c’est surtout cette nouvelle habitante, avec ses mensonges et ses secrets, qui m’a tenue en haleine jusqu’à la fin, avec cette frustration de n’avoir obtenu aucune réponse. C’est sûrement pour cela que cette saga connaît un tel succès, savoir que le nuage de mystère s’épaissit au fil des pages, au lieu d’au contraire éclaircir la curiosité du lecteur.

Comme je le disais, l’intrigue repose sur les relations entre les personnages. Je n’ai pas aimé Mary-Love, la matrone, mais c’est parce qu’elle endosse pour le moment le mauvais rôle, portant le costume de la tradition : fervente croyante, qui se sent le besoin d’aider parcimonieusement son prochain pour se faire bien voir de la société plus riche. Son poids dans la famille Caskey est écrasant et je comprends parfaitement pourquoi son fils Oscar tombe rapidement amoureux d’une femme, éprouvant sûrement le besoin de s’échapper, de respirer. Quant à la sœur, appelée Sister, je trouve qu’elle vogue dans un entre-deux où elle soutient sa mère comme son frère, même si la tendance penche plus d’un côté que de l’autre sur la fin. J’ai beaucoup aimé la petite Grace, la nièce d’Oscar, pour son innocence bienveillante et son amour inconditionnel pour la première figure maternelle venue. Quant à Elinor, je ne peux pas dire que je la déteste mais comme elle crée cette atmosphère malsaine, elle suscite à la fois ma fascination et ma révulsion.

La traduction est limpide. Pour un roman feuilleton publié dans les années 80, soit le manuscrit original est d’un style léger pour un roman de l’époque, soit la traduction a vraiment embelli la plume. En tout cas, ça se lit tout seul, avec une plume qui sied parfaitement à l’univers et à l’ambiance.



Je comprends enfin le succès retentissant de cette série feuilleton. Entre des personnages savoureux, une atmosphère moite, des conflits à la pelle et des mystères à résoudre, ce récit nous embarque dès le prologue. Et puis un petit vent de féminisme souffle déjà pour un récit vieux de trente ans, le rendant précurseur du mouvement (même si de mon côté je m’en fous comme de ma première couche). Pas d’action mais une intrigue bien ficelée malgré tout. Une fois en mains, impossible de le lâcher ! Et puis le côté fantastique est suffisamment discret pour approcher un grand lectorat. Non vraiment, lisez-le.



17/20




Les autres titres de la saga :
1. La Crue
2. La Digue
3. La Maison
4. La Guerre
5. La Fortune
6. Pluie
- saga terminée -


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