« La Nuit s’étiole, mon être renaît. Je ferme les yeux et rêve au loin, m’évadant. Je convoque la glacialité du crépuscule, l’éclat des étoiles et de leur reine, le mystérieux manteau vaporeux de brume, les silhouettes torturées des arbres d’encre. »
La poésie de la nuit, les décors de l’hiver, un monde intérieur de contemplation et d’introspection, tel se dessine l’univers d’Otto. Entre fantasmagories et tourments, le voilà la proie d’un démon intérieur, tandis qu’il lutte pour garder l’équilibre. Doit-il se souvenir des quelques fragments de mémoire qu’il a occultés ? La folie le guette, tapissant d’encres de nuit sa sensibilité. Parviendra-t-il à s’extraire de ce carcan de sang et de cendres ?
Trouvera-t-il sa voix ?
Pourquoi ce livre ? C'est à l'occasion du nouveau festival de l'imaginaire à Rennes, L'Ouest hurlant, que j'ai découvert cette autrice. Vendant son roman comme une puissance d'émotions et de remise en questions d'un protagoniste torturé, je me suis laissée tenter pour me laisser submerger par cette vague.
Une chose est certaine, Maude Elyther n'a pas menti. Encres de nuit est un roman brut de décoffrage, avec des émotions puissantes, ravageuses. C'est un personnage qui flotte entre schizophrénie et démons intérieurs, ravagés par les souvenirs et les peurs d'un retour dans le passé. C'est un cercle vicieux qui s'engraisse par la compagnie d'un autre personnage qui rencontre, subit, ses propres démons. C'est presque une sorte de huis clos car aucune bulle d'air ne traverse la barrière de noirceur. Une lumière peut-être, en la personne du meilleur ami, mais ce serait bien là le seul bonheur visible. Et encore.
Malheureusement ça ne l'a pas fait avec moi. Si j'ai d'abord admiré la maquette intérieure, complexe mais lisible, je me suis finalement perdue dans toutes ces différentes voix intérieures. Je ne savais plus qui était qui, souvenir, démons, conscience ou inconscience… Si bien que même pour moi c'est devenu une lutte intérieure, bien moins douloureuse qu'au personnage évidemment. De plus, je ne comprenais pas pourquoi il entretenait de telles relations avec des personnages qui semblent destructeurs. Otto n'a pas besoin de ça en plus.
En fait, j'ai surtout le sentiment que ce roman ne parlera qu'à ceux qui rencontrent ou ont rencontré des problèmes similaires. Une incapacité à communiquer, une lutte intérieure pour se comprendre, s'assumer, etc. L'autrice elle-même semble dire qu'elle a beaucoup investi de son expérience dans ce récit et cela se ressent par la violence et la justesse.
Du fait que je n'ai pas réussi à individualiser les voix d'Otto, je n'ai pas réussi à m'attacher à lui, amplifiant mon sentiment de rester indifférente à sa situation pourtant insoutenable. C'est d'ailleurs assez frustrant pour une empathique comme moi de ne pas être entrée dedans…
Il en va de même pour Stéphane, cet auteur étrange qui masque à la fois ses sentiments, ses objectifs et ses propres démons. En fait, je l'ai trouvé plein de noirceur, exactement comme le décrit le meilleur ami.
Ce dernier, Ethan, est le personnage que j'ai le plus apprécié. Par son implication auprès d'Otto et son amitié sans limite, il montre à quel point il s'attache à son ami, et c'est très touchant.
La plume est très très belle. D'ailleurs ça aussi ça a amplifié ma frustration car j'ai vraiment lu jusqu'au bout, en dépit de mon total détachement, emportée par la poésie, la douceur, la fluidité du style.
Malheureusement la beauté des mots est un peu entachée par ses fautes ortho-typographiques. Alors je comprends qu'une nouvelle maison d'édition n'a pas forcément les moyens d'envoyer les textes en révision à une correctrice et que dans tous les cas il restera toujours quelques coquilles qui feront toujours grogner les lectrices aigries comme moi… mais là entre de mauvaises césures et beaucoup de fautes un peu bêtes, je trouve ça dommage que la qualité diminue à cause de ça.
Malgré une plume splendide et des émotions fortes, ce livre n'a pas fonctionné pour moi. La maquette est travaillée mais le texte enchaîne coquilles/fautes ortho-typographiques. Le personnage est torturé à un point que je n'arrivais plus à le suivre. Et les personnages secondaires ne m'ont pas convaincue, en dehors du meilleur ami fidèle. Dommage…
10/20
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