Ils sont venus sauver leur future reine, captive d'un bâtiment ennemi. Ils attendent. À la noirceur des flots répond celle du cœur des hommes, prisonniers du Flux et de la glace. Les navires, immobiles, se toisent, se surveillent. Le temps s'écoule là où l'océan s'est arrêté, saisi par l'angoisse et la froidure des jours. Oui, des jours, des semaines à mener une bataille silencieuse, à se préparer au pire, à l'impensable. Et puis soudain, forcément, la guerre éclate.
Pourquoi ce livre ? C'est totalement par hasard que j'ai eu connaissance de ce livre, quelques mois après sa sortie, au détour d'une errance dans une de mes librairies préférées. Étant donné que j'adore l'auteur et que j'ai déjà lu son autre livre paru dans la même édition, je n'ai pas résisté à cet achat impulsif.
L’Impassible Armada nous embarque dans les confins du monde, dans un décor qui rappelle lorsque les grands empires partaient en quête de nouvelles terres à conquérir. C’est un récit à la fois humble et orgueilleux. Humble, si je puis dire, car nous traînons davantage aux côtés des moussaillons et autres matelots que des grands capitaines. Orgueilleux, parce qu’ils se passent peu de choses. Toutefois on ne trempe jamais dans l’ennui. Tenu en haleine dans la détresse des équipages, enfin surtout d’un, on découvre par des yeux horrifiés le pouvoir du gel qui entraîne une hécatombe sur les ponts. Quand l’horreur se mêle à la fascination, je reste scotchée.
L’ambiance est magistrale. On perçoit tout des émotions des personnages. La peur, l’incertitude, une once de regret peut-être, mais aussi l’envie bestiale et viscérale d’en sortir vivant, par tous les moyens. C’est d’ailleurs cette ambiance qui m’a fait terminer la lecture passé minuit, dans les heures les plus sombres de la nuit. Le moment s’y prêtait bien pour être dans l’atmosphère glaciale et glaçante de l’endroit.
Autre qualité, celle de nous immerger pleinement dans la conscience du personnage principal par le biais de ses lettres manuscrites, comme un journal de bord. Ainsi on ressent d’autant mieux l’ambiance morose sur le navire, en plus de nous plonger dans sa psychologie. De ce que j’ai pu comprendre, ce texte en écriture manuscrite est un ajout dans cette édition et je félicite ce choix, qui renforce la vraisemblance.
Les personnages sont plus discrets. Bien qu’ils soient le centre de l’intrigue, à chercher une échappatoire à cette mort happante, je ne peux pas dire qu’ils m’aient marquée plus que cela, alors que ça fait une semaine que j’ai lu l'œuvre. La preuve en est, leurs identités ne me sont pas restées en mémoire. Malgré tout, je reconnais que la fin rehausse le portrait du personnage principal, l’écrivain si je puis dire, par sa façon de gérer les choses, qui le rendent un peu plus humain et polisson.
L’écriture est sublime. Franchement c’est toujours un plaisir de se couler dans une œuvre de Lionel Davoust. Ca l’est d’autant plus lorsqu’on navigue dans des eaux qu’il maîtrise à la perfection. Sa plume a permis une immersion totale, j’avais l’impression de stagner aux côtés des personnages dans cette pesanteur de mort. Les mots sonnent juste, autant que cette lecture dans son entièreté.
Une excellente lecture, qui me restera longtemps en tête (même si les noms m’ont déjà échappé) ! Le degré de science-fiction est très léger, étant donné qu’il repose sur le seul fait du gel, si bien qu’un lecteur friand de littérature blanche pourrait très bien y trouver son compte, tout comme un gros lecteur de littérature de l’imaginaire saurait aimer aussi. Les personnages sont forts, seulement pas autant que cette ambiance vraiment unique. L’ajout de ces pages manuscrites donne un semblant de réel à ce récit. J’ai vraiment adoré et regrette même que ça n’ait pas duré plus longtemps ! Un petit bonbon trop vite fondu…
17/20
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